Fusillade d’un lycée de Floride : les survivants à l’affiche d’un documentaire

Deux ans après le drame, « la rage, la frustration et le traumatisme » des survivants de la fusillade d’un lycée de Floride sont au coeur du documentaire « Us Kids », qui souhaite faire de la violence par armes à feu un sujet prioritaire de la présidentielle américaine.

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Le documentaire explore les conséquences de la fusillade pour ses survivants, et les premiers pas de plusieurs d’entre eux dans le militantisme.

Parmi eux, Emma Gonzalez, devenue le visage de la frustration d’une jeunesse lassée par l’inaction politique face à un problème endémique aux Etats-Unis: le pays a connu 417 fusillades en 2019, un record historique, selon l’association Gun Violence Archive.

L’adolescente avait notamment marqué les esprits lors d’un discours passionné où elle avait interpellé Donald Trump et critiqué le financement de sa campagne par le puissant lobby américain des armes NRA à hauteur de 30 millions de dollars. Elle avait qualifié de « conneries » les atermoiements et prétextes de la classe politique pour ne pas légiférer contre les armes.

Le débat sur la possession d’armes à feu n’a pas été très abordé par les candidats démocrates à la Maison Blanche, dont les positions divergent peu sur le sujet, mais pourrait prendre de l’importance d’ici au 3 novembre, lorsque Donald Trump tentera de briguer un second mandat en galvanisant sa base électorale, très attachée au port d’armes.

« Us Kids » est réalisé par Kim A. Snyder, qui avait déjà signé en 2016 le documentaire « Newton », sur la fusillade qui avait fait 26 morts dans l’école primaire de Sandy Hook, en 2012 dans le Connecticut, et bouleversé le pays.

« Je pensais en avoir fini avec le problème de la violence des armes », a-t-elle déclaré à l’AFP à l’occasion de la présentation du documentaire au festival de cinéma indépendant Sundance.

Mais le hasard a fait qu’elle se trouvait en Floride quand un ancien élève du lycée Marjory Stoneman Douglas a fait irruption dans l’établissement de Parkland, le 14 février, 2018 avec un fusil semi-automatique, faisant 17 morts et 17 blessés.

– Militantisme –

« J’étais là-bas quand (les survivants) sont allés réclamer des changements devant le Capitole, et j’ai compris que je devais faire ce film », a-t-elle confié.

« Us Kids » est raconté à travers les yeux de ses survivants, chez qui on ressent la rage, la frustration et le traumatisme, « transformés en pure action, détermination et espoir ».

Les survivants de Parkland « ne sont pas très différents de tous ces formidables jeunes gens qui ont été les catalyseurs de changements », a observé Mme Snyder. « Vous savez, les grands mouvements sont toujours emmenés par la jeunesse ».

« Il y avait une nation de jeunes traumatisés, prête à être mise en marche. Et quand Emma a pris la parole et prononcé son discours fondateur « Conneries! », c’était comme une allumette sur de l’essence. Il y avait toute cette nation de jeunes, prêts à se mobiliser », explique-t-elle.

– « Crise de santé publique » –

Elle reconnaît qu’il a fallu du temps pour convaincre les jeunes de Parkland de la laisser les suivre et les filmer.

« Les médias, aussi bien intentionnés soient-ils, peuvent ajouter au traumatisme, donc j’ai attendu longtemps. Et je les ai suivis à travers le pays pendant tout l’été, un peu comme un groupe de rock », dit-elle. « Il faut faire partie de leur vie pour être en confiance. Il m’a fallu deux ans pour bâtir cette confiance ».

Mme Snyder espère maintenant que « Us Kids » et son message pèseront dans la campagne électorale, et dans le débat de la prochaine présidentielle. « C’est un film qui regarde résolument vers (l’élection) de 2020. Les gens doivent aller voter et faire de la violence des armes un sujet absolument prioritaire pour ce pays car c’est intenable, c’est une crise de santé publique », assure-t-elle.

Elle veut aussi croire que le militantisme de la jeune génération résonnera chez leurs aînés. « C’est une histoire sur l’entrée dans l’âge adulte, et elle nous rappelle viscéralement qui nous étions, que +non+ n’est pas une réponse, et que l’apathie ne doit jamais prévaloir ».

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