L’Inde est le premier pays à réussir un alunissage près du pôle Sud de la Lune

L’Inde a intégré le club très fermé des grandes puissances spatiales en réussissant mercredi à poser un engin spatial sur la Lune, un « jour historique » pour le Premier ministre Narendra Modi, quelques jours après un échec russe.L’alunissage de la mission Chandrayaan-3, qui signifie « vaisseau lunaire » en sanskrit, s’est produit à 12H34 GMT, près du pôle Sud de la Lune, une première.

Quatre ans après une tentative avortée, le pays le plus peuplé du monde a rejoint le club très restreint des nations qui sont parvenues à mener avec succès une telle opération.

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Avant l’Inde, seuls les Etats-Unis, l’Union soviétique et la Chine étaient déjà parvenus à procéder à un alunissage contrôlé.

La Russie, qui se veut l’héritière de l’URSS, vient pour sa part d’échouer dans une nouvelle tentative, sa sonde Luna-25 s’étant écrasée dans la même région.

« C’est un jour historique pour le secteur spatial indien », a écrit Narendra Modi sur le réseau social X (anciennement Twitter).

Il est apparu souriant et brandissant un drapeau indien, en marge du sommet des puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunies en sommet à Johannesburg.

Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays vient d’enregistrer un échec cuisant dans ce domaine au moment même où il est en pleine confrontation avec l’Occident, a félicité Narendra Modi et jugé qu’il s’agissait « d’un témoignage des progrès impressionnants réalisés par l’Inde », selon un communiqué du Kremlin.

L’agence spatiale russe Roscosmos avait auparavant félicité « ses collègues indiens ».

Les Etats-Unis, par la voix du conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan, ont salué un « alunissage historique ».

 

– 48 heures de prières –

 

« Je suis tellement heureux, c’est le jour le plus heureux de ma vie », a confié à l’AFP Anil Kumar, un employé contractuel de l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO).

« J’ai prié au cours des dernières 48 heures pour que l’alunissage s’effectue en toute sécurité », a-t-il ajouté.

Cette nouvelle étape du programme indien, en plein essor, intervient quatre ans après un échec cuisant, quand le contact avec l’engin avait été perdu peu avant l’arrivée sur la Lune.

Conçu par l’ISRO, Chandrayaan-3 comprend un module d’atterrissage baptisé Vikram, signifiant « vaillance » en sanskrit, et un robot mobile, appelé Pragyan (« sagesse » en sanskrit) pour explorer la surface de la Lune.

Cette mission, lancée il y a six semaines, a été plus lente à atteindre la Lune que les missions américaines habitées Apollo des années 1960 et 1970, qui y étaient parvenues en quelques jours.

La fusée indienne est en effet beaucoup moins puissante que Saturn V, celle du programme lunaire américain.

Elle a dû effectuer cinq ou six orbites elliptiques autour de la Terre pour gagner en vitesse, avant d’être dirigée vers une trajectoire lunaire d’une durée d’un mois.

Vikram s’est détaché de son module de propulsion la semaine dernière et transmet des images de la surface de la Lune depuis son entrée en orbite lunaire le 5 août.

Un rover fonctionnant à l’énergie solaire doit maintenant explorer la surface de la Lune et transmettre des données pendant deux semaines.

 

– « des héros méconnus » –

 

Le programme aérospatial indien est doté d’un budget relativement modeste mais qui a été considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune en 2008.

Cette mission indienne, d’un coût de 74,6 millions de dollars (66,5 millions d’euros), selon les médias, bien inférieur à celui des autres pays, témoigne d’une ingénierie spatiale frugale.

Selon les experts du secteur, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce à l’abondance d’ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers.

La précédente tentative d’alunissage en 2019, qui coïncidait avec le 50e anniversaire de la première sortie sur la Lune de l’Américain Neil Armstrong, avait coûté 140 millions de dollars (124 millions d’euros), soit près du double du coût de la mission actuelle.

Beaucoup de ceux qui avaient participé à la tentative de 2019 ont pu participer à ce succès, qui prouve que leurs efforts n’ont pas été vains, a fait valoir le responsable de l’ISRO, S. Somanath.

« Ils s’étaient donné depuis tant de mal pour trouver ce qui n’avait pas marché », a-t-il souligné. « Mes félicitations vont à tous ces héros méconnus ».

Premier pays asiatique à placer un satellite en orbite autour de Mars en 2014, l’Inde devrait envoyer une mission habitée de trois jours en orbite terrestre d’ici à l’année prochaine.

Pour l’ancien responsable de l’ISRO, K. Sivan, les efforts de l’Inde pour explorer le pôle sud lunaire pourraient apporter une contribution « très, très importante » aux connaissances scientifiques.

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© Agence France-Presse

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