Le cas Robinho, symbole du machisme ancré dans le foot brésilien

Même si Santos a finalement rompu son contrat avec Robinho, condamné pour viol en Italie, le football brésilien est encore loin d’observer la tolérance zéro face aux cas de violences faites aux femmes.

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« Avec le cas Robinho, on voit que les choses commencent à évoluer, mais il reste un long chemin à parcourir, car le machisme est très enraciné dans la société », explique auprès de l’AFP Renata Mendonça, commentatrice de la chaîne Sportv et cofondatrice du site Dibradoras, spécialisé dans le sport féminin.

Pour elle, la principale raison pour laquelle l’ancien club de Pelé et Neymar a finalement cédé, une semaine après la signature du contrat, c’est la « peur de perdre des sponsors ».

« Mais ces sponsors se sont manifestés après une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux et de nouvelles révélations dans les médias », ajoute la journaliste.

Vendredi, Ge.globo, l’un des plus grands sites d’informations sportives du pays, a publié des fragments d’écoutes téléphoniques sur lesquelles la justice italienne s’est appuyée pour procéder à la condamnation.

« Je ris parce que je m’en fous, la femme était complètement saoule, elle ne sait même pas ce qui s’est passé », aurait ainsi déclaré l’ancien attaquant du Real Madrid, de Manchester City et l’AC Milan, selon ce site.

Quelques heures après la publication de l’article, Santos a annoncé la rupture du contrat avec Robinho, alors que la direction avait affiché son soutien au joueur les jours précédents.

– Scandales à répétition –

« Pourquoi cet article a-t-il été écrit? Parce qu’il y a eu un vrai mouvement de révolte sur les réseaux sociaux, y compris au sein du journalisme sportif, qui compte de plus en plus de femmes », estime Renata Mendonça.

« En 2017, quand la condamnation est tombée un Italie, aucun média n’avait tenté de creuser l’affaire et il a joué la semaine d’après avec Atlético Mineiro », un autre club brésilien, rappelle-t-elle.

Mais à présent, la pression était trop forte. « Malheureusement, il y a ce mouvement féministe », a déclaré Robinho, qui a une nouvelle fois clamé son innocence au lendemain de la rupture de son contrat, dans un entretien au site UOL.

Comme Robinho, d’autres joueurs ayant fait carrière en Europe ont été accusés de viol ou de violence conjugale, comme Vampeta (ex-Paris SG et Inter Milan), Carlos Alberto (ex-Porto), Marcelinho (ex-Olympique de Marseille et Hertha Berlin). Les scandales ne les ont pas empêchés de poursuivre leur carrière dans des clubs brésiliens.

L’un des cas les plus emblématiques est celui du gardien Bruno Fernandes de Souza, condamné à plus de 20 ans de réclusion pour l’assassinat d’une ex-maîtresse en 2010.

Après plusieurs allers-retours en prison au gré de décisions judiciaires lui octroyant la liberté conditionnelle, il a signé des contrats sporadiques avec plusieurs clubs ces dernières années et joue actuellement à Rio Branco, en quatrième division.

– « Idoles » –

En 2017, Robinho a été condamné par contumace à neuf ans de prison par un tribunal pour des faits de viol en réunion remontant à 2013, du temps où il évoluait à l’AC Milan. Mais il a interjeté appel, clamant son innocence.

« Il y a une sorte de tolérance pour ce genre de crimes, dans la société, mais surtout dans le football. Le type peut frapper son épouse, violer une femme dans une boîte de nuit, du moment qu’il continue à marquer des buts », déplore Renata Mendonça.

« Les footballeurs sont des idoles. Si c’est déjà difficile pour une femme de porter plainte quand l’agresseur est un homme +normal+, quand c’est un footballeur, c’est pratiquement mission impossible », insiste-elle.

L’an dernier quand Neymar, plus grande star du foot brésilien, a été accusé de viol, une affaire finalement classée sans suite par manque de preuves, la plaignante et plusieurs de ses proches ont fait état de menaces sur les réseaux sociaux.

D’après un rapport de la Cepal, la commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine, 1.206 des 3.722 meurtres de femmes recensés dans 15 pays de la région en 2018 ont eu lieu au Brésil.

Cette même année, l’ONG Forum Brésilien de Sécurité Publique a dénombré plus de 66.000 agressions sexuelles, plus de 180 par jour en moyenne, et 263.000 cas de violence conjugale.

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