Mort de Michel Delpech, chanteur français emblématique des années 70

De « Chez Laurette » à « Quand j’étais chanteur », le chanteur français Michel Delpech, mort samedi à 69 ans, a su capter le parfum des années 60/70 avec des refrains nostalgiques devenus des tubes qui font aujourd’hui partie du patrimoine populaire. Ancienne idole hippie, cet artiste à la voix douce a connu la gloire mais aussi la dépression, une longue traversée du désert et un retour en grâce, avant d’être frappé par le cancer. Michel Delpech s’est éteint à l’hôpital de Puteaux (banlieue parisienne) des suites d’un cancer de la gorge, a annoncé sa femme à l’AFP. Il n’aura finalement pas atteint les 73 ans qu’il fredonnait dans son tube « Quand j’étais chanteur » dans lequel il se mettait en scène frappé par l’insuccès d’une fin de carrière. « Michel Delpech est mort sans avoir vieilli. Ses chansons nous touchaient car elles parlaient de nous. De nos émotions comme de nos épreuves. Il avait traduit mieux que personne les années 70 », a écrit le président François Hollande dans un communiqué. « Il n’a jamais été démodé. De +chez Laurette+ au +Loir-et-Cher+ il nous avait dit +que Marianne était jolie+. Elle pleure en ce début d’année un de ses meilleurs chanteurs ». Michel Delpech était « un poète parlant de la vie des gens, un mélodiste hors pair et un homme très attachant », a réagi dans un tweet Pascal Nègre, PDG d’Universal Music France. « La force de Delpech est qu’il restera toujours avec nous », a relevé le présentateur de télévision Nagui. Michel Delpech luttait depuis trois ans contre la maladie et s’éteignait « doucement », avait révélé en juin son ami, l’animateur Michel Drucker. Cette épreuve, de l’inoubliable interprète de « Pour un flirt », contrastaient avec une enfance paisible, « douce et simple », avait lui-même confié le chanteur. Né le 26 janvier 1946 à Courbevoie (banlieue parisienne), il était issu d’une famille modeste. Il avait deux soeurs. Son père tenait un petit atelier de chromage de métaux, sa mère était femme au foyer. Il avait sorti à 18 ans un premier 45 tours, « Anatole », chez Vogue. Puis très vite, son premier tube « Chez Laurette », en 1965. L’impresario de Mireille Mathieu, Johnny Stark, l’avait alors pris sous son aile. Contemporain de Julien Clerc et Michel Fugain, Michel Delpech, qui écrivait mais ne composait pas, s’était inscrit dans une époque charnière entre la fin des yéyés et l’arrivée des hippies, cheveux longs et rouflaquettes. Dans ses chansons, il chroniquait avec simplicité et finesse la France des années 70, de la nouvelle conception de la famille à l’exode rural en passant par l’écologie, avec « Les divorcés », « Le Loir-et-Cher », « Le chasseur », « Pour un flirt », « Wight is Wight », « Quand j’étais chanteur »… Il vivait à fond la devise de l’époque: « sexe, drogue et rock and roll », dilapidant l’argent, consommant des substances illicites et accumulant les conquêtes. « Je collais à une image qu’on m’imposait: le prince charmant, le chanteur pour filles avec ses chemises à pois. J’avais en moi un mélange d’orgueil et d’arrogance mais aussi de pureté qui pouvait être touchant », dira-t-il au journal France-Soir. – Retour en grâce – La chute est brutale lorsqu’en 1978, sa femme lui annonce qu’elle part en Polynésie, lui laissant la garde de leurs deux enfants. L’artiste sombre dans une dépression qui durera sept ans. Pour en sortir, il se tourne vers l’hindouisme, consulte des voyantes, passe par la psychanalyse, lit les Ecritures. Une traversée du désert qu’il retracera dans son autobiographie, « L’homme qui avait construit sa maison sur le sable » (1993). Le cauchemar s’achève grâce à sa rencontre en 1992 avec Geneviève, qu’il épouse et qui l’aide à retrouver le chemin de la scène. « Avoir explosé en plein vol et ne plus être au sommet m’a sauvé du pire », confiera-t-il. Grand admirateur des Beatles, des Beach Boys, de Neil Young et du post-punk australien Nick Cave, Michel Delpech recommence à publier des albums à la fin des années 90. L’homme a mûri. Et la génération de la nouvelle chanson française, Bénabar en tête, se reconnaît en lui et contribue à le réhabiliter. Mais en 2013, nouveau coup dur: il est atteint d’un cancer de la langue et de la gorge, inopérable. Il raconte sa découverte de la foi dans un livre « J’ai osé Dieu ». Il annonce en avril 2014 être en rémission et avoir pour objectif de remonter sur les planches. « Je suis impatient, le public me manque. J’espère que ce sera l’an prochain » en 2015, disait-il au jounral Le Parisien en novembre 2014.

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