REUNION: Visite sous tension pour Marine Le Pen

Manifestations et échauffourées ont rythmé la première journée de visite à la Réunion de la présidente du FN, Marine Le Pen, où elle a été accueillie par les huées de militants anti-racistes et des partis de gauche à son arrivée et lors de sa première sortie sur le terrain.
« Je viens exprimer mon affection pour la Réunion. La vraie Réunion n’est pas celle des employés communaux qu’on a fait venir (pour manifester, ndlr). Elle est chaleureuse », a commenté la candidate à l’Elysée l’issue de la visite d’un temple tamoul à Saint-Louis (est), perturbée par 200 militants anti-FN emmenés par le maire communiste de la commune, Claude Hoarau.
Arrivée en fin de matinée sur l’île, Marine Le Pen n’avait pu saluer la poignée de ses partisans qui l’attendaient dans l’aérogare en raison des huées d’une centaine de manifestants des partis de gauche (Mouvement des jeunes socialiste, Front de gauche, collectif antiraciste). A la tête de ces derniers se trouvait le chanteur Danyel Waro, figure emblématique de la musique réunionnaise et du maloya, chant issue de l’esclavage.
« Je suis là pour éviter la banalisation des idées de Mme Le Pen. Il faut lui barrer la route car les gens peuvent se laisser berner par son discours », a-t-il expliqué. Brandissant des pancartes en français et en créole proclamant « rasis déor » (raciste dehors) ou « nous sommes contre Le Pen de mort pour la France », les manifestants ont contraint la candidate du FN à quitter l’aérogare au pas de charge, bouquet de fleurs à la main et sourire figé aux lèvres, entouré de sa garde rapprochée et d’un imposant dispositif policier.
Sur le trajet, un manifestant a tenté de l’asperger avec une bouteille d’eau mais a vite été ceinturé par des policiers.
« C’est une manif ridicule, ce sont toujours les mêmes. S’ils avaient été 300 on aurait été gênés mais ils ne sont qu’une poignée », a fait mine se réjouir le secrétaire général de la section locale du FN, Jean-Claude Otto-Bruc, qui prédit un score de « plus de 25% » dans l’île pour Marine Le Pen à la présidentielle, contre moins de 5% pour son père en 2007.
L’accueil de Marine Le Pen, dans l’après-midi à Saint-Louis (sud de l’île), pour sa première et l’une de ses rares sorties prévues sur le terrain au cours de cette visite de deux jours, n’a pas été moins mouvementé, le maire communiste de Saint-Louis Claude Hoarau (PCR) s’étant invité, à la tête de ses partisans, sur le site d’un temple tamoul qu’elle devait visiter.
Des échauffourées se sont produites avec un membre local de la sécurité de Mme Le Pen, Joseph Damour. Les gendarmes ont dû intervenir pour ramener le calme. M. Damour a annoncé son intention de porter plainte contre le maire de Saint-Louis.
A son arrivée, Marine Le Pen a pu toutefois visiter sans encombre le temple après s’être déchaussée, selon le rite hindouiste. Elle l’a qualifié d' »éminemment sympathique », se félicitant de l’invitation de la communauté tamoule. Représentant une des principales composantes de la société locale, les Réunionnais d’origine tamoul, venus du sud de l’Inde, se sont installés dans l’île après l’abolition de l’esclavage en 1848.
Marine Le Pen devait clore sa première journée dans l’île par un dîner-débat avec 2O0 à 300 partisans triés sur le volet à Saint-Leu (ouest de l’île), dans un restaurant où, la semaine dernière, des croix gammées ont été dessinées sur la façade.
En 2001, des militants et associations anti-racistes avaient contraint l?ancien président du FN et père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, à reporter son voyage à la Réunion de quelques jours. En 1987, le même avait été empêché d’atterrir à Fort-de-France, et n’avait jamais pu faire campagne aux Antilles.

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