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Royaume-Uni: les voyageurs de l’étranger désormais soumis à une quarantaine contestée

Toute personne arrivant au Royaume-Uni de l’étranger doit observer à partir de lundi une quarantaine de 14 jours afin d’éviter l’importation de nouveaux cas de coronavirus dans le pays, une mesure à l’efficacité contestée qui affole les secteurs aérien et du tourisme.

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Cette quatorzaine, qui sera réexaminée par le gouvernement britannique toutes les trois semaines, concerne toutes les arrivées par terre, mer et air, que les voyageurs résident ou pas au Royaume-Uni.

Elle vise à éviter l’importation de nouveaux cas de la maladie Covid-19 alors que le pays a commencé à lever début juin progressivement les restrictions mises en place fin mars pour contenir sa propagation.

« Nous introduisons cette quarantaine parce que comme le nombre de nouvelles infections diminue (au Royaume-Uni), la proportion d’infections provenant de l’étranger augmente », a justifié le ministre de la Santé, Matt Hancock, sur la chaîne de télévision Sky News.

« J’espère vraiment que les gens pourront prendre l’avion, partir en vacances cet été, mais nous devons commencer par adopter une approche prudente », a-t-il ajouté face aux craintes que d’autres pays ne rendent la pareille aux Britanniques.

– Contrôles et amendes –

Des contrôles aléatoires seront mis en oeuvre et les contrevenants s’exposent à une amende de 1.000 livres (1.122 euros). Des exceptions sont prévues pour les transporteurs routiers, les personnels de santé, les cueilleurs de fruits ou l’Irlande.

Mais l’argument d’un risque accru d’infections en provenance de l’étranger passe mal alors que le Royaume-Uni reste l’un des pays les plus durement touchés par la pandémie.

Il dénombre 40.542 morts de personnes testées positives au nouveau coronavirus – et même plus de 48.000 en incluant également les cas suspects -, pour près de 287.000 contaminations, selon un bilan officiel dimanche.

« Je pense que nous devrions vraiment continuer de baisser significativement le niveau (d’infections) dans ce pays avant que la quarantaine ne commence à se révéler une mesure efficace », a déclaré récemment sur la BBC le professeur Robert Dingwall, membre d’un sous-groupe du comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement sur la pandémie.

« Même alors, nous devrions avoir quelque chose visant les pays avec un niveau de transmission communautaire bien plus élevé que le nôtre. Et je crains qu’il n’y en ait pas beaucoup », a-t-il ajouté.

Le service national des statistiques (ONS) a estimé à plus de 5.500 le nombre de contaminations quotidiennes fin mai en Angleterre. Et selon une étude des autorités de santé anglaises (PHE England) et de chercheurs de l’université de Cambridge, le virus accélère même légèrement sa propagation dans certaines régions depuis le début du déconfinement.

Le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance, a lui-même estimé, devant la presse, que la décision d’imposer cette quarantaine maintenant relevait davantage d’une décision politique que de la science que le gouvernement se targue de suivre scrupuleusement.

– Action en justice –

Mis à terre par la pandémie, les professionnels de l’aviation et du tourisme sont vent debout contre cette mesure qui les empêchera, selon eux, de profiter d’une début d’accalmie de la maladie pour redémarrer leurs activités.

Les compagnies aériennes British Airways, easyJet et Ryanair ont dénoncé dimanche dans un communiqué commun un dispositif « disproportionné » et « injuste ». Elles ont cosigné une lettre officielle adressée vendredi au gouvernement, étape préliminaire à une éventuelle action en justice.

« Nous exhortons le gouvernement britannique à retirer cette quarantaine inefficace, qui aura un effet dévastateur sur l’industrie touristique britannique et détruira (…) des milliers d’emplois », ont-elles indiqué.

Selon une étude publiée mardi par le cabinet Survey Monkey, les propriétaires et patrons des entreprises de voyages et d’hôtellerie pensent eux licencier jusqu’à 60% de leur personnel en cas de quarantaine.

La fronde s’est propagée jusqu’au sein des députés de la majorité conservatrice, qui craignent que le gouvernement ne sabote l’économie, déjà terrassée par la crise sanitaire.

Comme porte de sortie, le gouvernement de Boris Johnson réfléchit à instaurer des ponts aériens avec certaines destinations touristiques, comme la France ou l’Espagne, ce qui permettrait de contourner la quarantaine. Selon le Sunday Times, le dirigeant a prié son ministre des Transports d’aboutir avant fin juin.

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