Transport aérien: des résultats financiers à la mesure de la déroute du secteur

Chômage technique, suppressions d’emplois, pertes astronomiques: les résultats financiers des entreprises du transport aérien sont catastrophiques pour le troisième trimestre, reflétant une reprise timorée du trafic devant une nouvelle vague d’épidémie du Covid-19.

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Vendredi, ADP a revu à la baisse ses hypothèses de trafic à Paris pour 2020, estimant que la chute pourrait aller jusqu’à 70% contre une estimation précédente de 63% pour les deux aéroports d’Orly et de Charles de Gaulle.

Au niveau mondial, l’Association internationale du transport aérien (Iata) évalue la baisse à 66%.

« Six mois après le début de la crise en Europe et aux Etats-Unis, les indicateurs ne montrent aucun signe en faveur d’un rétablissement rapide (…) cette crise sera durable et ne sera pas en V » avec une chute brutale suivie d’une remontée rapide, explique dans une étude le cabinet de conseil Alix Partners.

Après l’arrêt quasi total du trafic partout dans le monde au printemps, la reprise s’est faite très lentement – surtout au niveau des liaisons intérieures – à partir de juin avant d’atteindre un seuil en août pour ensuite à nouveau s’effriter à partir de septembre.

– Cet hiver sera un « stress test » –

« La saison hiver sera un +stress test+ pour les compagnies », selon Alix Partners.

Aux Etats-Unis, les principales compagnies aériennes American Airlines, SouthWest, Delta et United Airlines ont annoncé en octobre des revenus en chute libre au troisième trimestre. American Airlines, numéro un du secteur aux Etats-Unis, a ainsi annoncé des recettes en recul de 73%.

Et des milliers de personnes ont été mises au chômage technique, faute d’un accord sur un nouveau soutien au secteur aérien à Washington après l’arrêt de subventions destinées à aider à payer les salariés.

En Asie, la compagnie hongkongaise Cathay Pacific a annoncé mercredi la suppression de 5.900 emplois, soit un quart de son effectif, et la fermeture de sa filiale Cathay Dragon.

En Europe, IAG (maison mère de British Airways et Iberia) et Lufthansa réduiront drastiquement leur offre au quatrième trimestre, à 30% au maximum de celle de l’an dernier pour IAG et à 25% au maximum pour l’allemande.

La scandinave SAS a elle finalisé les négociations d’un plan social avec le départ de 5.000 employés, soit 40% de l’effectif, a annoncé la compagnie vendredi.

– Pertes d’emplois d’ampleur « catastrophique » –

Pour l’Iata, « la perspective de pertes d’emplois d’une ampleur catastrophique est bien réelle », a commenté cette semaine Rafael Schvartzman, vice-président de l’organisation pour l’Europe en réclamant de nouveaux soutiens financiers des gouvernements, en attendant que « l’industrie puisse se remettre sur pied ».

« On aura une industrie plus réduite, avec moins d’acteurs. Toutes les compagnies n’ont pas les ressources suffisantes pour survivre », a expliqué à l’AFP John Strickland, consultant pour le transport aérien qui se montre prudent sur le délai pour un retour à la normale.

« Le facteur environnemental ajoute un autre élément important » à la situation, ajoute-t-il, en référence au mouvement de boycott de l’avion jugé trop polluant initié avant la crise.

Dans la catégorie des bonnes nouvelles: la britannique Flybe, en faillite, est en passe de retrouver le ciel début 2021 après l’annonce lundi de sa reprise par Thyme Opco, une entreprise contrôlée par le fonds d’investissement Cyrus Capital.

Pour tenter de redresser la barre, les transporteurs et les aéroports réclament le déploiement à grande échelle de tests avant le départ pour éviter les mesures de quarantaine à l’arrivée, qui refroidissent les éventuels candidats au voyage.

L’aéroport londonien d’Heathrow a mis en place mardi des tests salivaires payants pour les voyageurs à destination de Hong Kong et de l’Italie, avec un résultat en une heure.

A Paris, des tests antigéniques -aux résultats plus rapides que les tests PCR- seront bientôt lancés sur certaines destinations.

Cette crise historique a également des conséquences sur la structure des flottes des compagnies qui se séparent des gros porteurs les plus anciens et les plus gourmands -Boeing 747, A380, A340- et doivent pour l’heure davantage miser sur des monocouloirs alors que les liaisons long-courrier restent les plus affectées par la crise.

All Nippon Airways (ANA), la première compagnie aérienne japonaise, a annoncé qu’elle prévoyait de se séparer de la moitié environ de ses quelque 60 avions gros porteurs.

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