(Kick-Boxing) La reprise selon Judex Jeannot : Traitements inéquitables qui font réfléchir

– L’entraîneur national se demande si les fédérations seront autorisées à organiser des compétitions à huis clos comme pour les courses hippiques

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– Il dit ne pas comprendre comment la suppression de quelques millions pourraient affecter l’économie du pays

Alors que le pays n’est plus en confinement depuis samedi et que la population circule librement et sans distanciation physique dans le transport public, la grosse majorité des athlètes reste, elle, toujours « confinée » ! Une démarche qui ne fait définitivement pas l’unanimité. L’entraîneur national de la Fédération mauricienne de Kick-Boxing et des Disciplines Assimilées (FMKBDA), Judex Jeannot, nous en parle justement, lui qui estime que certains traitements devraient pousser à la réflexion suivant la reprise des activités. D’où, entre autres, de savoir si les fédérations seront elles aussi autorisées à organiser des compétitions à huis clos le mois prochain, comme ce sera le cas pour les courses hippiques qui débutent ce samedi.

Judex Jeannot est de ceux qui n’hésitent pas à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Il s’est une nouvelle fois exprimé sur ce qu’il considère comme étant le paradoxe du déconfinement. Soit la demande refusée — en deux occasions — du ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs (MAJSL) pour une reprise des entraînements. « Sincèrement, je ne comprends plus rien, alors que le pays n’est plus en confinement », déclare-t-il.

A juste raison d’ailleurs, puisqu’il ne comprend pas comment la loi autorise des rassemblements de 10 personnes, mais pas des entraînements en salle pour ses cinq tireurs. « C’est une situation qui m’échappe. C’est à ne plus rien saisir », se désole-t-il. D’autant que ses tireurs, rappelons-le, préparent une éventuelle sortie le mois prochain en Turquie et ensuite une participation aux Championnats du monde de novembre.

Pour l’entraîneur national, il est très important qu’il y ait une juste milieu, voire une politique d’ensemble qui s’applique à tout le monde. « Pour que les athlètes soient motivés, ils doivent d’abord se sentir soutenus, sans distinction aucune. Or, ce n’est pas vraiment ce qui se passe actuellement », regrette-t-il. Aussi, déplore-t-il, le fait que la bourse de haut niveau de ses athlètes, notamment celle de Fabrice Bauluck, a été réduit depuis fin 2020. Même si ce dernier est toujours considéré dans la classe mondiale, en revanche, le champion du monde 2017 et vice-champion 2019, a vu sa bourse passer de Rs 29 000 à Rs 23 000, souligne Judex Jeannot.

Beaucoup de frustration

Selon lui, ce n’est guère motivant pour un athlète de haut niveau d’assister impuissant à ce genre de situation. « Ma réflexion est très simple : le gouvernement a soutenu financièrement les salariés qui est une très bonne chose. Même si les athlètes n’ont pas de salaires, il était important de les soutenir aussi et non réduire leurs allocations. C’est un sujet qui mérite réflexion », souligne-t-il.

Aussi, trouve-t-il, de nombreuses inégalités ont cours dans le sport actuellement, engendrant de la frustration parmi les sportifs. « Je ne dis pas cela parce que la bourse de nos athlètes a baissé. Je dis tout simplement que nous avons des engagements envers le ministère des Sports. On nous exige des performances et c’est tout à fait normal. Pour être en mesure toutefois de respecter ces engagements, il nous faut les moyens. Et ce n’est certainement pas de la façon dont les choses ont été faites, il y a pas longtemps, qu’on avancera dans la bonne direction », fait remarquer Judex Jeannot.

Ce dernier ajoute que ce n’est pas la faute des athlètes si les frontières sont fermées et qu’ils sont privés de compétitions internationales depuis deux ans ! « Dans ces conditions donc, je trouve injuste qu’on réduise leurs allocations en se basant sur des critères qui, malheureusement, sont applicables pour certains seulement, alors que le contexte est le même pour tout le monde. Je me sentira d’ailleurs très mal si, à titre d’exemple, Fabrice (Bauluck) s’était retrouvé dans la situation opposée quand on sait que tous les athlètes font indistinctement beaucoup d’effort pour atteindre le haut niveau et d’y demeurer pendant des années », fait-il remarquer.

Judex Jeannot dit ne pas être contre le fait que certaines bourses soient revues à la hausse, mais faut-il encore qu’il y ait davantage de transparence au niveau du MAJSL pour éviter justement, dit-il, toute forme de découragement. « On ne peut d’un côté augmenter les bourses et de l’autre les baisser. Idem pour les entraînements et les voyages à l’étranger. Ce n’est pas possible. Il faut plus de transparence sinon le sport va mourir », déplore-t-il. Même s’il reconnaît que les Jeux olympiques et autres paralympiques sont importants, il estime que les Championnats du monde et autres Championnats d’Afrique le sont tout autant pour d’autres athlètes.

Topup les sommes non dépensées

D’autre part, Judex Jeannot dit déplorer la baisse prévue prochainement dans le budget 2021/22 et d’entendre dire que les allocations aux sportifs de haut niveau en subiront les conséquences. « Réduire les allocations des sportifs de haut niveau changera-t-il réellement la donne pour quelque Rs 4M seulement, voire un peu plus que cela ? Sincèrement, je ne comprends pas comment une somme pareille pourrait affecter l’économie d’un pays ! Pourquoi les athlètes doivent-ils subir autant d’injustices ? L’athlète ne doit-il pas vivre décemment ? D’autant que nous savons tous que le coût de la vie a augmenté », se demande-t-il non sans se poser des questions sur d’autres dépenses exorbitantes effectuées par les autorités, dont les Rs 390 millions payés à Liverpool Football Club dans le cadre d’un accord commercial !

C’est pour cette raison que Judex Jeannot dit ne pas suivre cette logique qui pousse à une baisse des budgets de fédérations. D’autant,  ajoute-t-il, que l’argent est resté dans les caisses de l’Etat l’espace de deux confinements. Des fonds qui étaient destinés aux déplacements, mais finalement pas utilisés en raison de la fermeture des frontières, occasionnant l’annulation et autres reports des compétitions. « Le sport a connu son deuxième confinement et pourtant, il y a des fonds qui n’ont pu être dépensés. Pourquoi ne pas les reverser aux fédérations dans le but de consolider le prochain budget ? Cela n’aurait-il pas permis aux fédérations de rattraper le retard perdu en maximisant sur des compétitions et autres camps d’entraînement à l’étranger ? », conclut-il.

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