Au Caudan Arts Centre avec Elizabeth Leech : le marché central sort de l’ombre

Installée à Maurice depuis une dizaine d’années, après avoir parcouru L’Écosse, l’Inde et le Japon, Elizabeth Leech a fait de la photographie sa passion. Elle donne à voir au Caudan Arts Centre une œuvre novatrice – 24 photographies d’art numérique en noir et blanc. Autant d’images prises du marché central, au cœur de Port-Louis, de manière frontale, dans un style documentaire, et parfois selon un angle plus esthétique. Une déambulation dans la section boucherie avec ses remarquables vestiges de l’architecture victorienne. Une première exposition où les visages interpellent, ombre et lumière se font face. Shadows and Scales aborde courageusement étals proposant du bœuf, du poisson, du cabri, du poulet et remet en question notre regard sur un bâtiment du patrimoine local, vieux de plus de deux siècles.
Le marché central demeure un lieu exceptionnel. Ses fruits, ses légumes, ses viandes et ses poissons sont les principaux maîtres des lieux. La photographe Elizabeth Leech expose des photos (24 clichés) issues de la section boucherie. On y voit la réalité du métier et le décalage de sa représentation en image. Ses photographies en noir et blanc sont sobres et épurées, prises à la volée. Des images crues, sans forcément de cohérence dans les clichés proposés, si ce n’est les contrastes marqués par un jeu d’ombres et de lumières. Elizabeth Leech a cherché à photographier les contrastes, les détails, la saleté, les ombres fugitives, les reflets vibrants de la lumière et l’émoi devant les visages. Car la photographe aime les portraits. « From the photographic point of view, we have so many different types of faces here…», dit-elle. Ses photographies révèlent la rencontre entre un lieu et des gens. Le mystère s’insinue dans le clair-obscur du marché central. Il y a quelque chose d’impalpable.
Elizabeth s’intéresse au patrimoine local. Elle photographie un bâtiment historique, dans la partie qui n’a pas été rénovée suite à de nombreux incendies. Que dire d’autre, sinon la lumière qui sculpte les visages, sinon aussi l’émoi devant les écailles des poissons, les poids à peser. Les photos se répondent et sont d’une grande puissance visuelle. Une grande poésie traverse aussi le travail d’Elizabeth Leech qui a fait réaliser des tirages sur du papier d’art de qualité d’archive. Ses photos provoquent un choc esthétique ainsi qu’une réflexion sur la désaffection d’un lieu vaguement évocateur du bon vieux temps, mais elle ouvre la voie à toutes les images possibles et permet de questionner la mémoire et la conservation. Elizabeth Leech montre une œuvre aux multiples aspects, qu’elle soit documentaire, artistique, patrimonial, aussi communautaire. Une invitation à repenser le marché, liaison entre les hommes, le vivant et la terre.

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