BALLET RHYTHM ON FIRE : Les feux du métissage et de la renaissance

Le ballet “Rhythm on Fire” le week-end dernier au Mahatma Gandhi Institute était une histoire de renaissances, de métamorphoses, de mélodies venues des profondeurs racontées avec un charme indéfinissable par la voix et la musique. “Rhythm on Fire” possède les qualités et les défauts intrinsèques a une création qui célébrait le métissage et avait aussi l’allure d’un rituel mystique.
Dès son entrée dans la salle, le public ne pouvait ne pas contempler le décor constitué des facettes africaines et indiennes. Adam Dacey devait, lui, montrer sa dextérité en soufflant dans un didgeridoo avant que les choses sérieuses commencent avec l’entrée en scène de la chorégraphe Anna Patten, majestueuse en tenue blanche surmontant les bourrasques de l’air du temps et les tempêtes de la vie exécutant un solo fort émouvant. Elle n’a rien perdu de sa fulgurance malgré la disparition prématurée de son partenaire de scène, Sanedhip Bhimjee. Gestes graciles, regard expressif, il y avait de quoi être envouté par le souffle et la ferveur provoqués par ses pas de danse. Le public a été visiblement conquis par le gestuel épuré, l’élégance de ses chorégraphies et les sons enivrants du tabla distillés par le maestro Shakti Shane Ramchurn. Lorsque les pas des grelots se mêlent aux mouvements d’une remarquable précision des danseuses et le tempo des percussionnistes, on décrypte facilement les symboles de cette union entre l’Inde et l’Afrique. Cependant, l’ensemble paraissait décousu avec des danseurs africains pourchassant les jeunes filles indiennes. Cette image minimaliste de l’Afrique a surpris plus d’un.
Nous avons aussi trouvé maladroits un défilé de mode et des séances de yoga qui ont grandement fait chuter le rythme du spectacle. Le public venu assister à une histoire d’amour entre une reine africaine et un roi moghol et le mariage du kathak et des danses africaines se laisse quand même porté par les battements des tablas, les roulements des ravannes et le son cristallin du sarangi et du Veena. Les musiciens avaient le sens des harmonies plaisantes et des tempos fourmillants. Le souci d’Anna Patten était d’amener la danse classique indienne et la danse contemporaine africaine sur la même scène et établir entre les figures libres une construction chorégraphique. Un pari audacieux qu’elle a parfaitement réussi. Il y avait la petite flamme de Sanedhip Bhimjee pour le soufisme.
Dans la quatrième scène, Shakti Shane Ramchurn récite des mantras en hommage à Shiva, le dieu de la danse. Il reste attaché à l’errance sacrée et plonge le public dans une réflexion philosophique et cosmique. Le clou du spectacle a été le moment où Anna Patten danse dans une bassine d’eau avec ses ghungroos alors que Shakti tapait le sol. Belle osmose entre instruments et les danseurs à la fin du spectacle où Anna Patten, ses danseurs et ses musiciens ont eu droit à un standing ovation.
 

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