BAM CUTTAYEN: Enn mari parfin fler raket

C’est un bien bel ouvrage qu’a lancé la Fondasion Bam Cuttayen dans le cadre de la Journée internationale de la langue kreol. Les 12 textes de l’album Fler Raket (1980) ont été compilés dans un recueil sorti il y a quelques semaines.
“Depuis l’indépendance, le séga – expression dominante de la musique mauricienne – n’a cessé d’évoluer, et il existe aujourd’hui plusieurs styles de séga. En fait, le terme même “séga” est quelque peu périmé et il serait sans doute plus juste de parler de musique/chanson mauricienne”, écrit Coll Venkatasamy dans Week-End, le 15 février 1981. La sortie de l’album Fler Raket de Bam Cuttayen ne pouvait que confirmer la réflexion de notre défunt collègue, fin observateur d’une des périodes les plus cruciales de l’histoire post-indépendance de Maurice.
Paroles mises en relief.
Un an plus tôt, la sortie de Solda Lalit de Siven Chinien avait établi un record régional, avec plus de 5,000 cassettes vendues. Son célèbre auteur avait permis au tabla, à l’harmonium et au sitar “d’entrer avec force dans le séga”. Laissons la plume à Coll Venkatasamy : “Avec Fler raket, de Bam Cuttayen, la chanson populaire et engagée va encore plus loin. Bam Cuttayen y introduit le violon et fait un usage judicieux de la guitare solo. En somme, la musique de l’ex-chanteur de Grup Kiltirel est un mélange harmonieux de rythme africain (le séga) et de mélodie orientale. Ce qui donne un style original et tendre. Les textes y occupent une place importante, le rythme lent des chansons mettant en relief les paroles.”
Interviewé, le chanteur, alors âgé de 28 ans, confiait : “Je sais que ma musique n’est pas une musique facile, mais je suis confiant qu’elle finira par être acceptée par le plus grand nombre.” Et le journaliste devait ajouter : “Les chansons de Bam Cuttayen ont très bien passé la rampe. Saser Victor Jara, Marsan Laliberté ne sont pas loin de rattraper en popularité Solda Lalit, Enn Sel Lepep et autres Ratsitatane.”
Enn lavwa sintez.
Sorti en 1980, Fler raket est un tableau de la société mauricienne. Les 12 textes qui y figurent sont : Koz Lavenir, Devwar Patriyot, Victor Jara, Saser, Orfelinn, Kolon, Lavi Meyer, Fler Raket, Souna Souna, Diego, Marsan Laliberte et Ekout Morso.
Dans la préface du recueil lancé par la Fondasion Bam Cuttayen, Vinesh Hookoomsing revient sur le contexte de l’époque et offre un bel éclairage sur le travail et la contribution de Bam Cuttayen : “Bam ti donn so lavwa sa zenerasion 70 : enn lavwa sintez bann tradision sante ek lamizik ki form parti leritaz Moris, enn lavwa extraordiner ki ti nouri an mem tan par kouran iniversel sante angaze, kouran protest songs ki alepok ti alimante par bann gran santer kouma Joan Baez, Bob Dylan, Myriam Makeba, Victor Jara, Leonard Cohen ek ena kantite lezot artist ek poet. Tematik bann santé ek bann poem Bam ti kouver listwar Moris, sirtou lalit kont lesklavaz ek langazism (Kolon, Papa Labourer), Revolt etidian (Me 75), lalif fam (Fam, Dibout lor to lipie), lalit ti-dimoun pou sirviv (Ton Gaby).”
Trente et un ans après la sortie de la cassette, Fler raket est devenu un recueil de poèmes. Pour la beauté des mots, pour la profondeur des propos, pour le génie du poète écorché. Comme le souligne la Fondasion Bam Cuttayen : “Écouter les chansons de Bam ne suffit pas. Il faut aussi lire, analyser et interpréter objectivement ses écrits pour mieux comprendre ce poète mauricien, et surtout “MORISIEN” dans sa juste valeur et dans le terme le plus profond et complet.”

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