Blakkayo et Murvin Cléclie : Face à face entre deux générations

Ils appartiennent à deux générations différentes. Pourtant Blakkayo et Murvin Clélie partagent une amitié profonde depuis que le premier, repérant le potentiel du débutant, l’invita à se produire en première partie d’un de ses concerts. Outre leurs dreadlocks, le nordiste et le sudiste ont en commun plusieurs similitudes dans leurs carrières musicales. En 2000, avec Tchek to life, Blakkayo faisait figure de précurseur du mouvement hip-hop/reggae/seggae/ragga. Une révolution musicale qui marqua son parcours en solo et aux cotées des Otentik Street Brothers, Solda Kazbad entre autres formations. 15 ans plus tard, ce fut au tour de Murvin Cléclie, à la tête de The Prophecy, de devenir un phénomène de la scène locale en contribuant à un revival de ce mouvement musicale. La paire sera les deux têtes d’affiches d’un concert prévu le samedi 29 août au 7 Cascades Restaurant & Lodges. L’occasion de savoir ce que l’un pense de l’autre.

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Nul besoin de liens de sang pour être de la même famille. Du moins c’est que s’accordent à dire Blakkayo et Murvin Clélie. Pour ces « frères », la concurrence n’a pas sa place dans leurs relations. Ils portent dans leur ADN la même passion pour les chansons à texte et la même créativité musicale aux sonorités reggae/seggae/ragga. Les scènes, ils en partagent souvent. Le concert du 29 août à Sept Cascades sera donc encore une nouvelle occasion de se retrouver, et éventuellement d’offrir au public un avant-gout d’un projet commun.

C’est en 2000 que Blakkayo débarque avec son tout premier album solo Tchek to life. A cette époque, Murvin Clélie “ti ankor enn dukal”, âgé de cinq ans. Ce n’est bien des années plus tard, lorsqu’il débuta son apprentissage musical que le leader de The Prophecy a tenu ce fameux album entre les mains.

Un opus qui avait provoqué une révolution dans la musique locale et dont plusieurs titres n’ont jamais pris une ride. Quinze ans plus tard, Murvin Clélie, déclencha comme un revival du style reggae/seggae avec la sortie de son premier album 21 st Century. Ce fut à son tour de vivre « laglwar ».

En fait, précise-t-il : “J’étais avant tout dans l’optique à me faire connaître pour faire passer les messages. Je n’arrive toujours pas à croire que cette première tentative a eu autant de succès et que les gens ont vite accroché. Et j’étais encore plus perplexe et sans voix lorsque les gens sont venus me dire que mon album avait pris la même ampleur que celui de Blakkayo. C’était plus qu’un honneur”.

Cette période, Blakkayo s’en souvient aussi : “Mo ti fini trouv byen avan tou dimoun ki enn bon zafer pe vini. Murvin Clélie représentait cette jeune génération capable d’apporter une nouvelle vision à ce style musical que j’avais fait connaitre. Murvin avait ce qu’il fallait : une voix, des textes et une connaissance de la musique.” D’ailleurs, lui non plus ne s’attendait pas à ce que son coup d’essai en solo soit aussi explosif : “Je l’ai juste fait avec amour sans croire que cet album aurait pu être une révélation. Mo gayn per mo mem letan mo trouv sa lanpler sa ti pran la. J’ai commencé à avoir beaucoup de fans et en même temps la force que m’apportait les OBS m’a permis d’avoir un tel succès dès mon premier essai. Bruno m’a pris en main et m’a expliqué des choses. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours veiller à aider les jeunes. Donc quand j’ai vu le talent de Murvin, j’étais heureux de passer le relais car la relève était assurée.”

Cœur à cœur

Si chacun a construit sa carrière à sa manière, le destin a voulu que leurs routes se croisent. Mr Synpe, l’oncle de Murvin Clélie, a été celui qui avait permis à Blakkayo d’écouter pour la première fois, Sanctuaire, un des morceaux issu du premier album du jeune homme.

Un jour en rentrant du collège, Murvin Clélie recut un appel d’un numéro qu’il ne connaissait pas. Au bout du fil : Blakkayo. Cet appel, Murvin ne l’a jamais oublié. “Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit un appel d’un artiste dont on est fan. Il m’a proposé de venir faire un tour à Flacq et je n’ai pas hésité une seconde.” Cette première rencontre se solda par une invitation à jouer en première partie d’un concert au Stardance dans le Nord. Un cadeau inestimable pour le novice : “C’était la première fois que je jouais devant un grand public. J’avais certes joué plusieurs fois avant sur la scène du Baz’Art à Mahebourg, mais c’était loin d’être comparable..

C’est ainsi qu’est née la belle amitié des deux « Mwadka ». Blakkayo n’est pas peu fier d’avoir repéré ce potentiel chez Murvin Clélie : “J’ai découvert et accompagné plusieurs talents mais Murvin avait un petit truc en plus et j’étais sûr de la réussite. Il le mérite pleinement, car, même s’il a déjà sorti deux albums, qui ont eu du succès, il est resté le même Murvin que j’ai rencontré et connu à l’époque. A par so dreadlock inn vinn pli long. Il a su créer sa carrière. Et de manière très professionnelle. Il s’entoure de bonnes personnes, il gère bien ses sons sur scène. Comparé à moi il a su si apprendre très vite. C’est un artiste simple et bien posé. Très polyvalent aussi parce que il n’est pas que chanteur mais un bon musicien.”

Pour sa part, Murvin Clélie souligne qu’il ne pouvait pas avoir meilleur exemple de réussite que Blakkayo : “C’est une référence pour tout jeune qui débute. Pour moi Blakkayo est un artiste hors catégorie car il a réussi à amener un style propre à lui et sa couleur personnelle. Il est surtout très humble et a toujours gardé la tête sur les épaule. Et, aujourd’hui encore, il continue à mener un combat avec la même détermination. Franchement je suis admiratif devant cet impact positif que Blakkayo sur le circuit musical. Il a surtout été le premier à avoir cru en moi et à m’avoir donné la chance de me produire. J’ai une amitié et un respect énormes pour lui”.

Que de similitudes

D’ailleurs, en sachant que Blakkayo peaufine son quatrième album solo prévu d’ici fin septembre, la bande de The Prophecy a choisi quand de ne pas marcher sur sa plate bande. “Chacun doit avoir sa part du gâteau. De plus, il nous revient après 11 ans et forcément quand Blakkayo prépare quelque chose, il faut s’attendre à avoir du lourd”. Une notoriété acquise au fil des années qui n’a effleuré l’esprit de Jean Clario Gateau lorsqu’il choisit la musique comme carrière. “A vrai dire je ne me souviens pas quand j’ai commencé à faire de la musique tellement je baigne dedans depuis toujours. Ça doit faire environ 28 ou 29 ans. Mais plus sérieusement, cela fait 25 ans depuis que j’ai rejoint les OSB et qu’avec eux, nous sommes devenus des ambassadeurs de la musique locale à l’étranger. Mon deuxième album Xterminator confirma que je devais poursuivre dans cette voie. C’est impressionnant d’avoir toujours la force, grâce à Dieu, de continuer à faire de la musique par passion et amour.”

C’est en recevant une guitare à l’âge de 13 ans que Murvin Clélie commenca à « grat grate » avant d’effecteur ses premiers pas dans le cercle musical. Il décida alors de rejoindre le Conservatoire François Mitterrand pendant trois ans où il apprit aussi le clavier. Puis, joua avec le groupe Mahela “Je les accompagnais et j’ai aussi eu l’occasion de mettre ma voix sur certains morceaux qui figuraient sur leur album sorti en 2012/13”. Une expérience qui lui donna l’occasion de découvrir l’univers des studios d’enregistrement et de décrocher d’autres projets musicaux. “A la base, j’avais envisagé une carrière professionnelle dans la musique comme musicien mais pas chanteur. Ca m’a pris par surprise. Aujourd’hui j’ai 25 ans et j’ai 5 ans de carrière avec The Prophecy. Je dis déjà parce que ces 5 dernières années sont passées tellement vite. J’ai acquis beaucoup d’expériences et je n’ai aucun regret d’être un artiste.

Bob Marley, Morgan Heritage, Kaya ou encore les raggamuffin de Blakkayo, c’est de cette base que Murvin Clélie a développé son style. “Ce sont des grands artistes qui nous ont légués une musique très riche. Je me sens totalement à l’aise dans cet univers tout en restant quand même ouvert aux autres styles comme la soul, le rap, ou afros”.

De son côté, Blakkayo confie avoir développé un style purement local afin d’être en accord avec sa passion pour le seggae/reggae/ragamuffin. D’ailleurs, il révèle que ces nouveaux morceaux risquent de surprendre “Ce sera un Blakkayo version 2020, où je montre mon évolution musicale avec quelques touches d’afro et d’autre façons de faire du raggamuffin. Les textes aussi seront très différents de ce que j’ai l’habitude de faire. Mo kapav enn ansyen me mo kapav ankor tini ar bann zeness la”. Ce n’est pas Murvin Clélie qui dira le contraire “Quand je regarde le parcours de Blakkayo, je garde espoir même si c’est un métier à risque et qu’on ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir. Il a transpercé le temps et m’encourage à me donner à fond et persévérer dans ce combat pour la musique”.

My number one

Quelle chanson aimez-vous le plus chez l’autre ?

Murvin Clélie : Il n’y en a pas mal sur tous ses albums : Love and Respect, Tchek to life, Xterminator. Mais sinon Tckek to life demeure en haut des podiums de mes favoris. Je l’écoute encore très souvent.

Blakkayo : J’aime presque tout. Mais, si je dois vraiment choisir, ce sera Tribulation. Souvent lors de nos tournées, je lui disais que pour son deuxième album j’aimerai entendre un seggae en anglais. Et, il m’a fait ce plaisir

Quel fut le premier morceau écouté ?

Murvin Clélie : Xterminator. Parce qu’à l’époque c’était dans l’air des styles ragga muffin, dance-hall. J’étais encore petit et comme tous les autres enfants de mon âge, on aimant reprendre ce morceau. Nou ti tann sa refrin la dan boukou labouss bann zanfan.

Blakkayo : Sanctuaire et sa voix très originale ont aussitôt capté mon attention.

7 Cascades : un nouvel espace pour l’événement

Le concert de Orizinal Blakkayo et The Prophecy organisé par Roots by Nature se tiendra le samedi 29 août à partir de 20h au 7 Cascades Restaurant & Lodges. Un lieu qui n’a pas été choisi au hasard afin d’accommoder les nombreux fans de deux artistes. En effet, le 7 Cascades Restaurant & Lodges a récemment aménagé un espace d’une grande tente fermée et dotée de tous les équipements pour accueillir de grands événements (concerts, mariages).

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