CENTENAIRE : RCC, un collège, un patrimoine

Cent ans d’histoire partagée, de la convivialité, des échanges, de l’émotion et une grande dose de chaleur humaine, c’est ainsi qu’on pourrait résumer la journée du lundi 13 janvier 2013 où le Royal College of Curepipe (RCC) avait organisé une journée de festivités pour célébrer cet anniversaire. Le collège Royal de Curepipe, non seulement un des premiers collèges de Maurice, est classé comme patrimoine national sous le Schedule du National Heritage Fund Act 2003. De nombreuses personnalités ont fréquenté le collège, notamment Sir Seewoosagur Ramgoolam, le Dr Maurice Curé, Sir Gaëtan Duval, le cardinal Jean Margéot, le père Henry Souchon, Robert d’Unienville, Philippe Forget ou encore le Premier ministre, Navin Ramgoolam. Lundi dernier, on a célébré le bâtiment de 100 ans. L’occasion pour Sunlights de rencontrer quelques enseignants et élèves du collège curepipien.
« L’organisation de cette célébration du centenaire du bâtiment a été un moment fort pour nous. Fouiller dans les archives nous a permis de découvrir l’histoire du collège et de voir son évolution, par exemple nous avons découvert d’anciens magazines écrits à la main ou encore des photos anciennes. Cela a été un véritable travail d’équipe qui a commencé depuis novembre-décembre 2013 et la journée de lundi a été émouvante, surtout le diaporama qui a retracé les moments phares du collège », relate Saraye Bhisan, Vice Head Boy 2013 et également membre de l’équipe organisatrice de l’évènement. Avec ses camarades, ils se remémorent les moments forts de leur parcours au RCC. Ils se souviennent tous de leur premier jour au collège. « Dès qu’on foule le seuil de ce bâtiment, c’est un sentiment de fierté. Le bâtiment est imposant et impressionnant avec ses murs faits de pierres ; l’histoire et la réputation du collège sont prestigieuses. » Un sentiment d’appartenance fort se fait sentir lorsque Saraye Bhisan, Prashant Alleck, Nirvan Purmessur (Upper), Ahpo Andrew (Upper), ou encore Shubam Hanuman (Lower) et Aqiil Gopee parlent de leur collège, de leurs enseignants et de leurs camarades. « Ces sept ans au collège ont passé extrêmement vite », s’attriste Harsh Bunjun qui attend actuellement ses résultats du HSC. « Sept ans, non seulement dans un collège, mais dans une institution qu’on peut qualifier d’une second home », ajoute Manoo Pravisan. À les entendre raconter leur parcours, les quelques garçons rencontrés dégagent un sentiment de nostalgie que l’on ressent tous à la fin de nos années scolaires.
Du côté des enseignants qui font aussi partie du comité organisateur du centenaire du bâtiment, ils révèlent que les moments les plus forts dans le collège se produisent lors de la Prize Giving Ceremony – qui aura lieu cette année en début février. Pour Roshan Jhummun, Nandini Pulton-Audit, Nandini Nundloll, Zibya Issack-Bolah et Vithal Dabee, qui partagent le même avis, « c’est un privilège d’enseigner dans ce collège. C’est un effortless sense of pride to belong to this institution. » « Cet évènement (ndlr: Prize Giving Ceremony) est l’un des plus importants du collège; c’est surtout l’occasion de valoriser nos élèves. Ce sont les élèves eux-mêmes qui se chargent de l’organisation de toutes les activités de l’école telles que le Prize Giving Ceremony. C’est un vrai travail d’équipe », explique Nandini Nundloll, enseignante d’Art & Design, qui supervise aussi l’organisation. Il faut dire que les enseignants du RCC sont fiers de leurs élèves. Au collège Royal de Curepipe, les garçons sont friands de compétitions. Si l’on en croit les dires des enseignants qui ne font que l’éloge de leurs élèves, « c’est un des rares collèges qui participent à toutes les compétitions qui existent. Et ce qui est particulier ici, ce sont les élèves eux-mêmes qui découpent les annonces de ces compétitions dans les journaux, par exemple, et viennent vers nous pour signifier leur envie d’y participer. »
Au-delà des préjugés
« Avant d’entrer au collège, j’entendais parler de cette compétition féroce qui règne au sein du RCC. Mais quand je suis arrivé ici, j’ai constaté qu’il y a beaucoup de partage et d’entraide avec les amis », dit Manoo Pravisan. Ses autres camarades soulignent également le fait que « on a toujours tendance à voir le RCC comme un collège purement scientifique. On dit que nous sommes arrogants, sournois, des intellectuels qui se concentrent exclusivement sur le côté académique. C’est faux! C’est une perception qui a été trop longtemps ancrée dans la conscience collective, mais il est grand temps que ça change ». Et d’ajouter qu’il ne faut pas confondre timidité avec arrogance. Harsh Bunjun souligne aussi que « nous sommes comme n’importe quel autre élève, nous travaillons et donnons le maximum de nous comme tout le monde ».
Historique
Il y a cent ans – en témoigne l’exposition sur l’histoire du collège réalisée pour l’occasion par les élèves – l’inauguration de cet établissement s’est faite non sans couacs: la question de l’emplacement du collège Royal avait été en suspens pendant 13 ans. Après qu’une épidémie de peste s’était abattue sur Port-Louis, en 1899, les élèves furent transférés à Curepipe. Puis, en 1905, Rose-Hill fut désigné pour ériger le collège Royal. En 1907, ce fut Quatre-Bornes qui fut proposé comme emplacement. C’est en 1911 que le Major John Robert Chancellor, R.E prit l’administration de la colonie et en 1912 Curepipe fut voté pour l’emplacement du collège. Comme le rapporte Charles Giblot Ducray dans Histoire de la ville de Curepipe (1957), « Le 1er octobre 1912, sans tambour ni trompette, sans procès-verbal, sans discours, sans le moindre apéritif officiel, le gouverneur Sir Robert Chancellor et M. Paul Le Juge de Segrais, directeur des Travaux publics, procédèrent à la pose de la première pierre des magnifiques bâtiments qui s’élèvent aujourd’hui au centre de Curepipe (…). Deux ans après, le 12 janvier 1914, un lundi, sous le rectorat de M. Western Francis Russell, les travaux étant terminés, les bâtiments furent ouverts à tous les élèves de la colonie et tels qu’ils sont avec leur forme rectangulaire – la façade ayant en petit l’aspect de « Buckingham Palace » – on peut dire qu’ils sont entièrement mauriciens, ayant été conçus par un ingénieur mauricien, lauréat du Collège Royal, et bâtis par des ouvriers mauriciens, avec du beau basalte bleu mauricien. »
En 1919, le Collège Royal est transformé en hôpital et est équipé de lits et de matelas à cause de la grippe espagnole qui s’évissait dans le pays. Le 15 avril 1922 fut décrété jour férié par le Gouverneur Hesketh Bell, spécialement pour la cérémonie de dévoilement du Monument aux Morts (War Memorial) devant le Collège Royal de Curepipe. En 1922 toujours, le recteur d’alors fit part de sa crainte de l’insuffisance d’espace pour les occupants du collège qui augmentaient annuellement. Le bâtiment du Collège Royal de Curepipe a ainsi connu de nombreuses rénovations et durant les trois ou quatre décennies, qui précédèrent l’indépendance de Maurice, le Collège connut une expansion infrastructurelle conséquente avec l’aménagement des laboratoires de sciences, un gymnase, un atelier, une salle de musique, un auditorium (qui porte de nos jours le nom de Robert d’Unienville, un des recteurs du Collège Royal et qui fut aussi brillant étudiant) et une bibliothèque. Celle-ci était, dans les années 1960, équipées de plus de 13,000 exemplaires et quatre livres présentés par la Reine Victoria : « The Early Years of the Prince Consort », « Leaves from the Journal of Our Life in the Highlands », « More Leaves from the Journal of Our Life in the Highlands » et « The Prince Consort ».

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