DÉCOUVERTE : Anse Jonchée, un village laissé à l’abandon

Avec son magnifique lagon, sa vue sur les îlots entourés d’eaux turquoises, et sur des chaînes de montagnes, Anse Jonchée possède tout pour l’éco-tourisme. Pourtant, ce petit village d’une centaine d’habitants situé dans le sud-est de l’île, semble être laissé à l’abandon. Il est sans charme. Simplement un lieu de convergence de deux bourgades: Bois des Amourettes et de Bambous Virieux. Loin des hôtels et des sites touristiques fréquentées, Anse Jonchée est une belle occasion de faire connaissance avec la culture de ses habitants.
Anse Jonchée a le double avantage d’avoir un paysage naturel pittoresque et une belle vue panoramique. Ici les montagnes ne manquent pas. Surplombant Vieux-Grand-Port, la montagne Lion, rayonnante dans ses draps de verdure, ouvre une magnifique baie qui s’étire le long des villages du sud-est. Sur les eaux turquoises sont répartis plusieurs îlots, dont l’Ile-aux-Fouquets, l’Ile de la Passe et l’Ilot Vacoas. L’un des centres d’attraction de cette région se trouve dans le village voisin, Bois-des-Amourettes, c’est la célèbre et belle jetée d’environ 200m qui a été construite pendant la guerre navale du Vieux-Grand-Port. Anse Jonchée a une vue admirable de la Baie de Mahébourg et des montagnes avoisinantes. On trouve des mangliers au bord de la mer et des sangliers dans les bois.
Mais derrière tout ce décor, le village d’Anse Jonchée, peu fréquentée, est sans charme. Ici, pas de développement structurel, ni carré de verdure. Et l’ansence totale de fleurs. Sur cette rue qui regarde la baie, les maisons sont serrées les unes contre les autres aucune harmonie entre elles. Parfois dénuées de couleurs, elles se présentent sous différentes formes : une maison en tôle voisine avec une maison en brique.
Ecrasée de chaleur, la petite bourgade semble déserte ce lundi matin. Seuls signes d’une présence humaine, les voix de quelques hommes qui discutent sur la plage. Le lieu où tout le monde semble s’y donner rendez-vous.  Dans ce village, la vie est rythmée par la pêche et la culture maraîchère. On y pratique comme dans la plupart des villages côtiers une pêche artisanale sur de petites embarcations. Les hommes apprennent à pêcher dès leur plus jeune âge. «Ici, il n’existe aucune activité pour les jeunes», nous dit Dayawantee, 72 ans, que nous rencontrons au bord de la route. Celle-ci, munie d’une serpe, coupe l’herbe sèche qui pousse en face de sa maison, de l’autre côté de la route, pour en faire de la paille. «Je l’utilise pour la fabrication de mon balai. Ainsi, je n’ai pas à acheter des balais.» Fabrication de balai, et le ménage, tels sont les activités de cette septuagénaire, mère d’une enfant et de trois petits enfants. Selon elle, à Anse Jonchée, les femmes sont confinées dans des activités routinières, domestiques. «Certaines femmes font le ménage, et pour se distraire, suivent les télénovelas comme moi. D’autres s’adonnent à l’agriculture ou à la pêche.»
Les villageois sont pour la plupart des pêcheurs ou petits planteurs ou laboureurs. La route que nous empruntons se déroule comme une pellicule sur laquelle s’impriment des images inoubliables: une femme assise sur des marches, cherche des poux dans la tête de sa fille ou encore des femmes qui font la lessive dans un canal et des hommes qui prennent un verre lorsqu’ils ne vont pas en mer.
À l’ombre des grands arbres qui bordent la route principale, une femme lave son linge dans un canal. Il est presque midi et Catherine Lagaillarde, 23 ans, a encore une pile de linges sales à laver. Les mains endolories par l’eau froide, elle brosse chaque vêtement avant de les mettre à nouveau à tremper dans une cuvette remplie d’eau savonneuse. Ce jour-là, son époux Berty, qui a pris un jour de congé, l’a accompagné pour l’aider à porter la grosse lessive. Ici, la machine à laver reste un luxe pour beaucoup de familles. Les habitants sont confrontés au problème d’eau et cette carence influe directement sur la vie quotidienne des habitants «La disponibilité de l’eau est assez rare chez nous. Parfois, l’eau cesse de couler à 9h. Parfois même, nous sommes privés d’eau pendant deux à trois jours. Alors, nous devons les récupérer dans un « drum » pour la cuisine, le nettoyage de la maison et le bain», nous dit Berty. Pour les femmes du village, le linge se porte en équilibre sur la tête. «Cela me donne des maux de tête, car je fais chaque jour quinze minutes de marche avec une cuvette sur la tête », dit Catherine Lagaillarde, mère d’un bébé.
À Anse Jonchée c’est aussi les champs de cannes et une profusion de végétation. Direction sur l’un de ses sites écotourisme, le Domaine Ylang Ylang sur une sinueuse route. Son accès incertain et sans indication décourage plus d’un. Le vaste domaine aménagé à flanc de montagne se visite sans rendez-vous, car pas de numéro de téléphone.
Mais en cours de route, nous apprenons que le Domaine est fermé pour cause de rénovation. Si l’on pas pu visiter le site d’extraction d’essence d’Ylang-Ylang et sa distillerie, nous avons découvert à notre retour au village une boutique artisanale, Les Senteurs de l’île qui commercialisent ses huiles essentielles. Des images et le parfum de l’Ylang-Ylang nous accompagneront sur la route du retour.

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