DIDO & AENEAS : Dans la tourmente de l’arène

L’amphithéâtre de Vanilla Village à Rivière Noire a servi de cadre à l’opéra baroque Dido & Aeneas, le samedi 12 octobre. Un lieu qui se prête à merveille à cette histoire de reine tourmentée par la passion et de prince tiraillé entre son amour et l’ordre des dieux. Cet opéra de Henry Purcell a été superbement mis en scène par Ludivine Petit et servi par des solistes mauriciens en costumes d’époque (créés par Ghislaine Hibbert), qui ont été à la hauteur des attentes.
Le prince Aeneas (Enée) et la reine Dido (Didon) portent en eux la tragédie d’un amour qui se voit confronté à la colère des dieux. Jean-Michel Ringadoo campe un Enée convaincant, imposant sa voix de ténor dans les moments forts de la pièce. Entre les chants d’amour pour sa reine bien-aimée et son message d’adieu lorsqu’il va accomplir la volonté des dieux, le Mauricien a su sans fausse note défendre ce grand premier rôle où il était attendu au tournant.
Le reine Didon, qui finit par repousser celui qu’elle aime, est une veuve qui, dans le premier acte, a d’abord du mal à avouer son amour. Véronique Zuël-Bungaroo, égale à elle-même, nous a gratifiés d’une performance qui a mis en avant les qualités qu’on lui connaît : précision vocale et émotion à fleur de peau. Sa complicité avec son partenaire de scène était manifeste. Les atouts évidents de cette soprano ont donné à son interprétation une force tragique qui est la marque des grandes interprètes.
La présence maléfique des sorcières dans le deuxième acte, leur plan machiavélique pour faire tomber la reine et inciter le prince à quitter Carthage, aura été un des moments forts de cet opéra. Il faut ici mentionner Cherry-Ann Adam, ensorcelante à souhait, qui a campé une sorcière à couper le souffle.
L’Academy Orchestra of German National Academic Foundation, composée d’une vingtaine de musiciens, était placée sous la direction de Gregor Mayrhofer. La présence du théorbe a confirmé en quelque sorte la dimension baroque de cet opéra, mais le chef d’orchestre allemand a tenu à ce que la ravanne puisse relever l’ambiance festive célébrant l’amour de Didon et Enée.
Un public conquis (plus de 150 personnes assises et debout) a fait une véritable ovation à cette représentation singulière, qui a réussi le pari de donner à voir et à entendre un opéra baroque sous les cieux mauriciens.

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