ENVIRONNEMENT : Le Cantique du père Fleuriot

Outre son histoire et sa vocation spirituelle, le Thabor est également réputé pour son magnifique jardin qui abrite une variété de plantes et d’arbres endémiques. Sur cinq arpents se mêlent harmonieusement jardin, potager, bananeraie et plantes sauvages.
Lorsque l’on pénètre dans cette belle propriété qui a plus de 150 ans d’existence, une vaste pelouse s’offre d’abord au regard, mais plus loin on y découvre une flore très diversifiée, entretenue soigneusement par le père Gérard de Fleuriot et les jardiniers du Thabor. 80 ans et rien ne les décèle :
yeux pétillants de jeunesse, abord amical, le mot pour faire rire ; et tout l’y prédisposait si l’on ose dire :
n’avez-vous pas remarqué dans le préfixe de son nom, le mot “fleur” ou “fleuri”? Installé ici depuis six ans au Thabor, cet amoureux de la nature a repensé et aménagé l’espace en introduisant des arbres et plantes endémiques. Il a créé un jardin, l’a chouchouté afin de permettre aux visiteurs de se ressourcer dans la quiétude des lieux, “qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes”, (extrait du Cantique de frère Soleil de saint François d’Assise).
Ici, en effet tout est empreint de calme et de sérénité. Il a fait pousser des palmiers, des Flamboyants, des arbres fruitiers, une bananeraie. Il y a d’abord introduit au moins 300 plantes endémiques. L’espace sera également constitué d’arbres rares et précieux comme le Teck, le Talipot, le Bois de Natte. Cet havre de paix s’est aussi enrichi d’arbres fruitiers comme le Mangoustan, la Mangoustine, le goyavier, le longanier pour côtoyer d’autres espèces sur le côté qui longe l’étang.
A son âge, dit-il, “je ne manie plus les outils avec autant de fougue qu’avant. Nous avons trois jardiniers à plein temps et deux à temps partiel. Ces derniers font un travail fantastique. C’est eux qui s’occupent de la taille pour donner une belle forme aux arbres et arbustes”. “J’ai grandi à St-Pierre, Helvetia. Jeune, je plantais des laitues dans le jardin de mon père. Je me souviens de la première fois où j’avais semé une graine de laitue. Le lendemain du semis, je suis retourné au jardin pour vérifier si elle était sortie de terre. Et mon père m’a alors fait comprendre que la nature prend son temps et que la patience façonne le caractère pour toute une vie. Au cours de ma vie, je me suis occupé d’autres potagers. Pour moi, la nature est un espace qui nous rapproche de Dieu”, nous confie-t-il au cours de la balade qui se poursuit à Bethesda, la maison de retraite des prêtres.
À l’est, nous découvrons le potager : légumes, épices, romarin, herbes aromatiques ourlent une allée destinée à la cuisine de la maison. Le surplus est réservé à la vente : “Nous vendons à un prix bas les légumes du potager, des artichauts, des champignons, des bananes. Car nous avons besoin de fonds pour l’entretien qui coûte très cher”.
À l’intérieur comme à l’extérieur, des plantes d’ornement jalonnent le parcours. Car Gérard de Fleuriot”supporte mal les imperfections”. Témoin, le patio de la maison qui incarne un espace de sérénité. Un petit jardin intérieur ouvert sur le ciel avec son allée taillée à la main. On y découvre le Tibouchina du Brésil et ces grandes fougères qui conservent l’humidité. Plantées dans de grands vases, elles apportent une touche d’exotisme luxuriant.
En ce moment, le père Gérard de Fleuriot entame la rédaction de son premier ouvrage sur le jardin du Thabor. “Je suis à la première page de mon livre. L’objectif est de faire connaître le travail que j’ai fait et laisser quelque chose à un successeur pour ne pas avoir à tout recommencer à zéro”, dit-il. La première page d’une longue histoire qui fera peut-être du Thabor le seul lieu à Beau-Bassin où l’on a encore le souci de l’écologie.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -