House of Digital — Saison artistique : Questionner son interdépendance au monde

La House of Digital Arts a inauguré sa deuxième saison artistique, mercredi, à la Galerie du Génie, rue Edith Cavell, à Port-Louis. Lors d’une visite guidée de la presse, la co-fondatrice du projet, Astrid Dalais, a souligné que « la nouvelle exposition nous invite à considérer notre place dans le monde et à saisir cette occasion pour questionner notre interdépendance ». La présente saison prend fin en juillet.

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Parallèlement, la House of Digital Arts accueillera des résidences artistiques, des performances, des ateliers et des rencontres. Et le premier dimanche de chaque mois sera réservé à la mise en valeur des travaux artistiques des Mauriciens.

Montée autour du thème central « Toutes les îles sont des arbres », inspirée d’une citation du poète mauricien Edouard Maunick, l’exposition donne à voir une sélection d’installations artistiques de 12 artistes locaux et internationaux, selon une scénographie des deux commissaires d’exposition, Imane Lehuissier et Guillaume Jauffret, co-fondateur du projet avec Astrid Dalais.

Fidèle au concept initial, elle associe l’art, le design et la technologie avec, encore une fois, pour but de garantir une expérience immersive aux visiteurs grâce à « un système technologique complexe qui comprend des jeux de son et de lumière, des projections vidéo ou de motion design, de l’art cinétique, des sculptures acoustiques et de la réalité augmentée ».

En suivant le sens de la visite, on découvre dans le foyer principal le travail de l’artiste Aa Noon, de la Tanzanie : Weighted Compass (2024) est une exploration sonore et poétique des histoires partagées, des cultures et des souvenirs liés à l’esclavage à Dar-es-Salaam, dans son pays natal et Port-Louis. Dans la note explicative de son projet, on apprend que « l’artiste s’intéresse aux potentiels et aux échecs des mots dans la capture de l’expérience humaine. » Également écrivaine et historienne, elle travaille sur la mémoire. Elle propose ainsi une composition de son exploration poétique de l’histoire et du patrimoine de Dar-es-Salaam, une captation des sons ambiants et de l’environnement côtier, des souvenirs, de l’héritage et de l’histoire et de l’esclavage à Port-Louis, et une combinaison des deux perspectives pour la création d’un dialogue entre les deux pays.

Boucle éternelle de la vie

L’on avance ensuite vers Re-Run de Gabriel Lester. Re-Run est un paysage en mouvement installé sur un tapis roulant industriel et suggérant la récurrence éternelle, où les scènes se rejouent dans une boucle sans fin. À travers cette pièce, l’artiste hollandais invite à la contemplation. L’on poursuit sa visite avec l’expérience que propose Tom Lellouche avec sa sculpture sonore intitulée Echo 2023.

Dans une cuve contenant 170 litres d’eau de pluie récoltée par l’équipe de la House of Digital Arts, Tom Lellouche y installe un écrin de végétation aquatique locale qui se nourrit de la photosynthèse réalisée à partir des vibrations lumineuses générées par les interactions tactiles des visiteurs. « Toute l’écriture de cet éco-système n’est pas encore définie », dira l’artiste à Le-Mauricien et « cela dépendra de l’intervention du visiteur ». Une manière aussi pour lui de conscientiser la population urbaine sur le rôle qu’elle joue dans le maintien d’un écosystème déjà en déséquilibre. « Aujourd’hui, il s’agit d’agir et de réparer. L’action militante et écologique est très importante », dit-il.

Passionné de biologie depuis son jeune âge, l’artiste s’est orienté vers une formation en dernière technologie de numérique à Londres. Il a fait un master d’Information Experience Design au Royal College of Arts, en Angleterre. « J’ai appris à utiliser les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, l’utilisation des capteurs… Pour l’exposition, j’ai aussi fait des recherches sur la photosynthèse. » Selon ce dernier, ses travaux de création découlent d’une observation. « Je tire le fil d’une réflexion, je commence ensuite à expérimenter et à comprendre le phénomène et à conceptualiser mes œuvres et mes travaux ». L’artiste crée ainsi un dialogue entre le végétale et l’humain et y fait cohabiter un « écosystème électronique. »

Parmi les pièces marquantes de l’exposition, il y a Swâr, réalisé en 2020 par l’artiste Budhaditya Chatoopadhyay, de l’Inde. Inspirée d’une toile d’araignée, la sculpture sonore qu’il propose à partir de l’accrochage de 32 cloches, interconnectées par un réseau de fils, capte les vibrations de la voix pour émettre des sons à son tour. Pour l’artiste, « cela dépeint l’inter-connexion entre le monde d’avant, et celui d’aujourd’hui, dominé par l’intelligence artificielle ». “Swâr” est installé dans le couloir qui mène vers la salle immersive.

Stop motion et animation

On découvre l’univers onirique de Max Anish Gowriah dans une création stop motion et animation, intitulée Maa. Elle raconte une histoire. Le visiteur suit son personnage dans un écosystème insulaire multicolore ; il l’invite parfois à la contemplation… Une deuxième animation lui succède. Elles sont projetées en boucle. Il s’agit de Nymphaea de MinhBoutin.

L’artiste était en résidence à Maurice durant la première saison de la HoDA, a fait ressortir au Mauricien Astrid Dalais. Elle a ainsi capté des sons et fait des photos de plantes au jardin de Pamplemousses pour créer son animation. Une création magnifique qui donne toutefois le vertige. La visite se termine par une visite du couloir pédagogique. Ashveen Kemraz développe, cette fois-ci, une exposition sur le monde invisible. Il parle de la « relation étroite entre ce qui n’est plus mais qui existe dans notre imaginaire » et prend l’exemple du dodo éteint, pour l’illustrer. Ce couloir met en avant un réseau d’êtres qui ont existé, relève l’interpénétration des cultures diverses dans le bassin de l’océan Indien, invite le visiteur à découvrir ce qui existe encore mais qui est invisible à l’œil nu comme les microbes… Bref, il s’agit d’un autre espace de l’exposition qui requiert qu’on s’y attarde pour bénéficier de ce que le concepteur a souhaité partager avec le visiteur.

La House of Digital Arts est ouverte du mardi au samedi de 10h à 17h. Certains samedis, exceptionnellement l’ouverture s’étendra jusqu’à 23h. Le premier dimanche du mois, les artistes mauriciens pourront proposer leurs œuvres dans la salle immersive. Pour tout renseignement supplémentaire, appeler sur le 214-9272 ou se rendre sur Internet (https://houseofdigitalart.io).

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