JEAN-MICHEL AYOUNG : Tambour battant

Batteur attitré du groupe Zotsa depuis 17 ans, Jean-Michel Ayoung est sans conteste l’un des meilleurs de son domaine dans l’océan Indien. Celui qui s’est également associé à plusieurs groupes locaux durant sa longue carrière et qui a accompagné quelques artistes internationaux, se retire de la scène musicale pour des raisons de santé.
La rencontre du séga mauricien du 5 janvier était sa dernière performance devant le public. Jean-Michel Ayoung, que l’on ne présente plus dans le domaine musical local, se retire de la scène. Du moins, le temps de se faire soigner d’une entorse à l’épaule. Deux ans au minimum. C’est le temps qu’il lui faudra attendre pour pouvoir se remettre en selle. “J’avoue que ça me démange et que j’ai souvent envie d’oublier que ça fait mal.” Conscient de la gravité de sa blessure, Jean-Michel Ayoung préfère mettre toutes les chances de son côté pour pouvoir se remettre à la batterie. “Car c’est sur scène que je peux me défouler et que j’ai le sentiment d’être libre.”
Lien fort.
“La batterie est la compagne que j’ai toujours recherchée. L’amie que je demande toujours à revoir. Quand je suis en sa compagnie, je ne vois pas le temps passer. J’oublie ceux qui sont autour de moi. Lorsque vient l’heure de la laisser, je m’en vais toujours le coeur gros.” Bien plus qu’un instrument de musique, la batterie occupe une place importante dans la vie de Jean-Michel Ayoung. Il existe un lien fort entre le musicien et son instrument. Une relation qui va au-delà de la passion, que Jean-Michel Ayoung a découverte à 15 ans, aux côtés de ses oncles Roland et Hervé Brabant, chanteur et musicien du groupe Blue Jean Sound.
À l’époque, il ne maîtrisait pas encore la batterie. C’est au son du triangle et du bongo qu’il partageait ses vibrations durant les concerts. Le beat, il l’avait déjà dans la peau ! “Même si je ne jouais pas de la batterie, avant de me rendre à l’école chaque matin, je me rendais chez mon oncle pour pratiquer un peu. J’en faisais de même lorsque je rentrais de l’école.” Dès lors, Jean-Michel savait qu’il voulait être batteur.
Apprentissage.
C’est dans les hôtels de l’île que le jeune musicien fait ses débuts un an plus tard, tout en continuant à accompagner ses oncles lors des concerts. C’est ensuite avec ses cousins qu’il sillonnera les quatre coins de l’île pour jouer dans des fêtes ou des concerts culturels.
Sa rencontre avec Marclaine Antoine à cette même époque sera décisive. “Marclaine Antoine, se enn mari lekol. Se enn artis ki touzour a la resers. Tou seki li touse vinn enn linstriman. Aster, kan ou ou tous ek li, ou aprann enn ta zafer.” C’est par le truchement de Marclaine Antoine que Jean-Michel Ayoung fera une partie de son apprentissage. Cela lui permettra d’élargir son répertoire et de faire bouger les touristes des hôtels sur les rythmes de la bossa, du jazz, de la samba et du swing, entre autres.
“Un musicien doit tout écouter et doit être en mesure de jouer de tout.” Jean-Michel Ayoung souligne que c’est cet atout qui lui a valu de s’associer à Ernest Wiehe, Gino Chantoiseau et Belingo Faro au sein du combo Neo-Fusion (1997-1999). Une expérience enrichissante que le batteur n’est pas près d’oublier. “Ernest Wiehe est l’un des professeurs de musique les plus talentueux que j’ai connus. Il parvient à simplifier une note qui est pourtant difficile à mettre en pratique. Le plus important était d’avoir l’oreille pour ensuite pouvoir s’imposer.” Aujourd’hui encore, souligne Jean-Michel Ayoung, il fait de la musique de manière à la rendre plus simple.
Partage.
De Claude Armandine à Linzy Bacbotte, en passant par le groupe de musiciens Otentikk Groove, Gérard Louis, Sandra Mayotte, sans oublier les artistes internationaux, Pierpoljak, Yaniss Odua, Malkijah et la Malgache Sidney, Jean-Michel Ayoung a partagé son talent avec tellement de gens au point de ne plus se souvenir de tous les noms. “Mo kouma pom damour ki rant dan tou lasos.”
Que ce soit pour l’enregistrement d’un album ou pour une performance live, Jean-Michel Ayoung confie qu’il ne refuse jamais d’apporter sa contribution. Un engagement musical qui a démarré au sein du groupe Latanier et qui s’est poursuivi aux côtés de Berger Agathe, Mario Justin, Clifford Carosin et Sylvain Kaleecharan au début des années 90 dans le groupe Zotsa.
Rodrigues.
Des dix-sept années durant lesquelles il a navigué avec la bande à Mario Justin, Jean-Michel Ayoung se souvient particulièrement des moments phares : la première sortie du groupe sur scène au Stade de Rose-Hill ou encore la première rencontre de Zotsa avec le public rodriguais en 1995. “Le public nous découvrait et les improvisations faisaient partie de notre show. Les encouragements durant les concerts nous poussaient à vouloir nous surpasser. C’était nouveau pour moi. Ce qui était surprenant à Rodrigues, c’est cette vibration qui unissait le public et le groupe. Durant cinq heures non-stop, sous la pluie, l’ambiance était de la partie.”
Jean-Michel Ayoung avoue que cette ambiance qu’il retrouve à chaque concert lui manquera. Mais il profitera de sa convalescence pour s’enrichir musicalement. “On ne finit jamais d’apprendre. Je veux être sûr de pouvoir apporter d’autres couleurs à la musique lorsque je serai de nouveau sur scène.”

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