LINDSAY DHOOKIT: Sheila, espionne entre réalité et fiction

L’Atelier publie The Diary of Sheila, ou le journal d’une jeune secrétaire au Château de Réduit, agissant comme espionne pour les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Un journal dactylographié par le père de Lindsay Dhookit, et que ce dernier découvre par hasard sur son ordinateur. Trésors enfouis au pied de La Citadelle, rencontre avec Hitler, fictions et coïncidences du réel se mêlent.
“C’est peut-être la lecture du journal qui a conduit mon père à acheter un terrain au pied de La Citadelle. J’ai habité là-bas de 1956 à 1968. Il y a effectivement un multipliant, comme celui mentionné dans le journal, et sous lequel serait enfoui un trésor.” Lindsay Dhookit se souvient que l’ancien propriétaire avait dit à son père, à l’achat du terrain, qu’un trésor se trouvait sous cet arbre. Drôle de coïncidence, alors que la personne ignorait tout de l’histoire de Sheila, une jeune secrétaire au Château de Réduit dans les années 1940. Elle est hindoue, titulaire du School Certificate et maîtrise les langues étrangères, dont l’allemand.
Sheila tient un journal entre 1944 et 1948, dans lequel est consigné une histoire où la réalité des détails de l’époque se mêle à la fiction d’une rencontre avec nul autre qu’Adolf Hitler dans un sous-marin ! Selon le journal, l’or des nazis a été dissimulé au pied de La Citadelle, mais récupéré par les Anglais, qui savaient que Sheila agissait comme espionne. Mais voilà que les nazis tombent sur un trésor encore plus immense en creusant près du multipliant. Probablement celui des Français.
Surnaturel.
Lindsay Dhookit se souvient avoir, un jour, déterré une tête d’esclave en pierre taillée. Il était encore enfant et jouait dans la cour, au pied de La Citadelle. Bien des années après, il mentionne la chose à une de ses anciennes collègues de l’Université de Maurice. L’historienne lui dit qu’elle enverrait, à l’occasion, une équipe effectuer des fouilles sur les lieux. La réalité prendra également un tour surnaturel.
Notre intervenant évoque un neveu qui aurait la faculté de voir les choses du passé. Celui-ci a affirmé à Lindsay Dhookit avoir vu – sur le coup de midi – des personnes habillées comme au XVIIIe siècle et coiffées de perruques, traverser le mur érigé à proximité du multipliant. Ce n’est pas tout : “On a voulu abattre cet arbre à plusieurs reprises mais on n’y est jamais parvenu. À chaque fois, les bûcherons se blessaient ou finissaient par abandonner.” L’arbre est toujours debout dans les environs de la rue Arsenal !
Lindsay Dhookit est un chargé de cours en informatique, retraité depuis peu. Il écrit à ses heures des nouvelles en anglais. Des écrits que le public lecteur a pu lire dans les éditions du recueil Collection Maurice. Lindsay Dhookit a connu les bancs du Collège Royal de Port-Louis sous le régime britannique. Période où, à ses dires, la langue anglaise avait encore un certain niveau. Il en veut pour preuve la fluidité et la maîtrise dont fait preuve Sheila dans son journal… alors que cette secrétaire au Château de Réduit n’avait que le School Certificate.
L’Histoire.
Sheila a-t-elle vraiment existé ou pas ? Tout ce qu’on peut en dire, c’est que les détails sur la période relatée dans le journal sont véridiques et vérifiés, dans la mesure du possible, par Lindsay Dhookit. Notamment les détails de la finale sportive triangulaire entre Maurice, Madagascar et La Réunion.
Pourquoi avoir sorti le journal seulement maintenant ? L’explication est une histoire qui remonte à la fin des années 1980. Notre interlocuteur s’achète un ordinateur pour vérifier ses cours de programmation avant d’en faire la présentation aux étudiants de l’Université de Maurice. Son père, ayant été dactylo, lui demande comment écrire avec cette nouvelle machine. Il a ainsi dactylographié des notes d’un cahier, la version originale du journal de Sheila. “Mon papa avait déjà, dans le passé, remporté le concours de la meilleure nouvelle organisé par la MBC. Mais mon père écrivait surtout en français.”
Après avoir réalisé un back-up et transféré les fichiers sur un ordinateur portable, Lindsay Dhookit tombe sur le texte que dactylographiait son défunt père. Des maisons d’éditions sont approchées, mais aucun ne veut publier ce journal. Ce n’est qu’après une rencontre avec l’écrivain Barlen Pyamootoo que The Diary of Sheila est livré au public. Outre une aventure romancée, ce journal contient, selon Lindsay Dhookit, des informations sur l’Histoire du pays que l’on ne trouverait plus ailleurs.

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