Mauriciens d’ici et d’ailleurs : Sonia Shukla à l’affiche à Bollywood

Depuis sa tendre enfance, elle a baigné dans un univers artistique. Un père musicien et une mère artiste peintre et auteure. Son grand frère aussi est féru d’instruments de musique. Guitare, piano, sitar… La famille s’y connaît. D’ailleurs, le père est professeur de musique. Une passion qu’il a léguée à ses enfants. Le fils, l’aîné, qui est médecin, oeuvre à ses heures libres à des chants religieux. La benjamine, si elle joue aussi du piano, de la guitare et même du sitar, a poursuivi un autre chemin. Un chemin qu’elle ne s’était pas académiquement destiné, puisqu’après ses études secondaires, elle a entrepris des études en informatique. Elle s’était envolée pour l’Irlande, où elle a obtenu son diplôme. Mais le travail 9h-17h n’était pas pour elle. Elle y a mis un terme et a choisi de voler, en devenant hôtesse de l’air pour une compagnie européenne.

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Si ce métier de l’aviation lui plaît bien, Sonia Shukla n’abandonne pas pour autant son rêve d’enfant : celui de devenir actrice. Et pas des moindres : à Bollywood. Faut dire que la Mauricienne, originaire du nord de l’île, de père mauricien, de mère indienne, a toujours été attirée par la Grande Péninsule. Un pays qu’elle visite fréquemment pour rendre visite à sa grand-mère notamment, mais aussi pour découvrir cette culture qu’elle côtoie également à Maurice. Aussi, comme de nombreux Mauriciens, sa famille est fan de “films indiens” que transmet la télévision nationale ou qui sont aussi disponibles sur les réseaux.
Sonia Shukla caresse en effet ce rêve depuis son plus jeune âge.

« J’ai toujours été attirée par le jeu de rôle de ces belles actrices indiennes. Et je me voyais déjà toute petite, dansant, riant, m’amusant dans un de ces films. » Un rêve aujourd’hui à portée de main, car Sonia Shukla est en effet l’actrice principale de Tera Vaar un clip musical, interprété par l’Indien Yash Kumar et réalisé et produit par Amit Misra. C’est le premier d’une série de trois qui a été lancé il y a deux semaines à Mumbai. Le prochain, Dil Ka Sukoon, avec toujours Sonia Shukla comme actrice principale, sortira dans les jours qui viennent avec le troisième, devrait être lancé au début de l’année prochaine. Sonia Shukla sera aussi une des protagonistes d’un film de Bollywood dont le tournage débutera l’année prochaine. Aujourd’hui encore, elle n’arrive pas à croire en ce cheminement. Faut dire tout de même qu’elle n’a pas chômé pour obtenir cette chance. Au cours de ses différents déplacements en Inde, Sonia Shukla a développé un réseau de contacts dans le cinéma indien.

Un rêve de petite fille

Alors qu’elle est employée comme hôtesse de l’air, elle poursuit ses recherches en ligne et envoie son CV et portfolio à plusieurs maisons d’enregistrement en Inde. C’était avant la pandémie du Covid. La jeune informaticienne, qui multiplie les recherches de casting, tombe sur plusieurs annonces, raconte-t-elle, jusqu’au jour où elle reçoit un mail lui annonçant que sa candidature avait été retenue pour une audition pour une publicité. “Je n’arrivais pas à croire. J’ai dû lire la lettre deux fois avant d’être bien sûre que j’avais été retenue. Une vraie aubaine”, ai-je pensé. Il s’agissait d’une publicité pour les purificateurs d’eau et elle était l’opposite actress.

C’était un début. Elle se rend alors en Inde, passe le casting, est retenue et “en quelques shootings, une quinzaine de minutes à peine, la publicité était bouclée”, se souvient Sonia Shukla. Sur le plateau, si elle a un peu le tract, cela se passe plutôt bien. L’actrice principale, Preeti Jhangiani — connue notamment pour son rôle de Kiran Khanna dans le film à succès Mohabbatein — la met totalement à l’aise. “Ils sont très accueillants et surtout très professionnels, si bien que je me suis sentie à l’aise presque tout de suite”, dit-elle.

La Mauricienne posant fi èrement devant l’affi che de «Tera Vaar»,
clip réalisé et produit par Amit Misra e Filmogramme

Presque aussitôt, elle reçoit une proposition du producteur pour le tournage de trois clips musicaux, dont Tera Vaar. Un clip d’une durée de 3 minutes 40 qui raconte l’histoire de trois jeunes, empêtrées dans un triangle amoureux. La fille, dont les deux jeunes hommes sont amoureux, n’est autre que Sonia Shukla. Aujourd’hui encore, alors que le lancement de Tera Vaar a eu lieu il y a quelques jours, la jeune Mauricienne n’arrive toujours pas à croire en sa chance. “Je me sens extrêmement chanceuse de cette opportunité. On dit de moi que je suis la première Mauricienne à faire ses débuts à Bollywood. Je veux bien le croire, mais au-delà, c’est un rêve de petite fille qui devient réalité. J’ai toujours nourri le souhait d’être devant la caméra et de faire montre de mon talent. Aujourd’hui, c’est une fierté pour moi, pour mes parents et pour mon pays”, confie Sonia Shukla, qui a aussi travaillé sur le scénario et la chorégraphie de ces clips musicaux.

Bollywood = Glamour

Son adaptation à sa nouvelle vie n’a pas été trop pénible. Certes, les séances de shooting prennent du temps. Mais Sonia Shukla peut compter sur la bienveillance de sa famille maternelle qui vit en Inde. D’ailleurs, pour la Mauricienne, si au début, de par ses origines et son apprentissage scolaire, elle pratiquait un peu la langue hindi, aujourd’hui, elle parle couramment la langue. Quant à la vie à Bollywood, “c’est un autre monde, mais on s’adapte”, dit-elle, avouant que ce n’est pas tant le choc culturel, puisque Maurice n’est pas si différent de l’Inde, mais surtout les longues heures de travail. Ce qui la motive, c’est qu’elle a son rêve à portée de main. Et pour cela, les personnes avec qui elle travaille lui file un énorme coup de main, confie-t-elle. “They are very friendly and helpful and most of all, they are professional”, dit Sonia Shukla.

Qu’est-ce qui a changé dans sa vie, à part le fait d’être maintenant sur des affiches dans les rues de Bollywood ? “Pas grand-chose. Je reste moi. Certes, à Bollywood, ce n’est pas comme ici à Maurice, ou même en Irlande. Everyone is glamorous”, dit la jeune comédienne. Ainsi, de la jeune fille simple, elle se doit aujourd’hui de veiller à son image et s’assurer qu’elle est toujours bien maquillée, coiffée, vêtue, sans compter les chaussures à talons. Mais c’est une vie qui lui plaît bien. La simplicité, qu’elle privilégie, elle la vit lorsqu’elle est à la maison.

C’est d’ailleurs là qu’elle puise son inspiration et son énergie pour continuer à évoluer, confie la Mauricienne. Si les séances de shooting sont très prenantes, Sonia Shukla profite de ses moments libres pour cultiver ses autres passions, notamment jouer au piano ou au sitar. Quelque chose qui lui rappelle aussi ses origines, et ses parents, ici à Maurice. Pour la Mauricienne, l’aventure ne fait que commencer. Elle a encore beaucoup de chemin à faire, mais ce début est déjà un grand pas, concède-t-elle. Raison pour laquelle elle demande à ses compatriotes qui rêvent de devenir acteurs, à Bollywood, comme elle, de ne jamais abandonner leur quête.
“On peut être découragé, car à Maurice, il n’y a pas d’agences de recrutements, etc. Mais à force de persévérance et de volonté, on peut y arriver un jour. Ce n’est pas nécessaire d’être riche pour être acteur. Il faut de l’ambition et un peu de talents”, sourit la jeune actrice qui, outre la sortie ce mois-ci de son deuxième clip musical signé Filmogramme, de la boîte de production d’Amit Misra, devrait démarrer le tournage dès l’année prochaine d’un long-métrage indien.

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