Ces mensonges du quotidien

C’est toujours la même histoire. Nos amis boutiquiers sont subitement en rupture de stock de cigarettes. Et les clopes réapparaissent comme par magie au lendemain du budget… à un prix revu à la hausse. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le budget c’est ce vendredi. Cet exercice pourrait aussi déterminer si Navin se lavera les mains de Mister Zaza et des coqs. On verra bien le moment venu.
Je suis tombée sur un truc pas faux, lors de mes lectures dominicales. Une romancière mauricienne établie en France a écrit que le mensonge dans notre beau pays est un art de vivre. Ça m’a fait tiquer au prime abord mais, à bien voir, je ne pense pas que cette ancienne journaliste est à côté de la plaque en disant cela.
Demandez au Mauricien moyen : “Quelle est la chose que vous détestez le plus”. Une réponse viendra invariablement : l’hypocrisie. C’est tout de même assez symptomatique. Elle est effectivement bien ancrée dans les mentalités. C’est une porte ouverte à de menus mensonges, pour ne pas dire ce que l’on pense. Et souvent le Mauricien ne dit pas le fond de ses pensées, et préfère passer par des moyens détournés. Le boutiquier ne dira jamais préférer ne pas vendre des clopes avant le budget afin de les refourguer plus cher par la suite. On prétextera plutôt un retard dans la livraison.
Ne pas dire les choses franchement et avoir recours à des demi-vérités, est une autre des caractéristiques qui nous sont propres. C’est peut-être faire preuve de lâcheté ou de manque de dignité envers les autres et envers soi-même. Nous sommes tous les jours confrontés aux prétextes mensongers des uns et des autres dans la pratique de notre art de vivre. Et je ne parle pas seulement de nos amis politiciens, capables de promettre ciel et terre par arpents. Ces mensonges du quotidien sont des faux-fuyants. Des moyens détournés de se tirer d’embarras, pour ne pas donner les vraies explications d’une situation gênante ou d’un malentendu.
Dans la panoplie de notre hypocrisie mauricienne, la dissimulation occupe une place importante (pa less lezot kone). Feindre l’étonnement ou la surprise est aussi devenu un jeu rodé : “Ah bon ! To ti anvway mwa enn mail ? Zame monn resevwar li.” Le mail est pourtant bien réceptionné avec son contenu pas forcément au goût du destinataire. Qui pour ne pas répondre utilise un faux-semblant. Pour ne pas avoir à dire : “Non merci. Cela ne m’intéresse pas” ou pour ne pas prendre ses responsabilités. Mais ne dites à personne que j’ai écrit ça. Vous savez comment sont les gens…

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