MUSIQUE : Rock & Roll Story

Solide bagage musical que celui d’Olivier Palliot. Notre interlocuteur est musicien et danseur de rock & roll. Il nous entraîne dans les méandres historiques de cette musique. Vers des origines blues et rhythm & blues. Vers une attitude rebelle, sinon une fureur de vivre…
Chuck Berry. Eddie Cochran. Gene Vincent. Des grandes figures du rock & roll et des musiciens hors pair, voire mythiques. Cochran est ce guitariste disparu à seulement 21 ans, après avoir sorti énormément de disques. Olivier Palliot a étudié l’oeuvre de ces artistes dans leur complexité et leur originalité. Dans leur totalité.
D’autres références historiques : le pianiste Jerry Lee Lewis, Johnny Cash, Carl Perkins, dont le morceau Blue Suede Shoes est repris par Elvis Presley. Le premier enregistrement de Presley, That’s Alright Mama, est aussi une reprise. L’Afro-Américain Arthur Cruddup sort la chanson en 1947. Un blues rythmé chanté par Presley en 1954. Nous sommes pas loin du rhythm & blues, ce mélange de blues, de gospel et de jazz. “Le rock & roll, c’est du blues rapide avec le saxophone comme instrument principal; la guitare ne reste que rythmique.”
Jump blues.
“L’appellation rock & roll est déterminée par le disc jockey radio Alan Freed. Il trouve ce terme dans une chanson de Wild Bill Moore, dans lequel on entend les paroles : we’re gonna rock, we’re gonna roll. Il sortira par la suite Rock & Roll. Alan Freed en parle à la radio et soutient ces artistes qui jouent du rhythm & blues, alors appelé jump blues. C’est l’origine même du rock & roll, joué par les Afro-Américains.” Une musicalité apparue dans les années 40. Elle sera plus largement connue en 1951 sous l’appellation rock & roll.
Aux États-Unis, la ségrégation raciale est marquée jusque dans les bacs. Les disques des Noirs ne se mélangent pas à ceux des Blancs. Mais les jeunes Blancs s’intéresseront, par l’intermédiaire d’Elvis Presley, à cette musique afro-américaine, pour la récupérer et l’adapter à leur propre culture où la musique country prédominait.
Revanche.
Olivier Palliot invite à ne pas se voiler la face. Les Afro-Américains, à travers le jazz, ont fait naître une musique considérée comme la musique classique contemporaine. “C’est une revanche sur la vie. Louis Armstrong n’envisageait pas du tout que les Blancs joueraient cette musique. Il n’envisageait pas non plus, un jour, chanter avec Frank Sinatra.”
Le rock & roll est popularisé non pas par Elvis Presley mais par Bill Haley (Rock Around The Clock, bande originale du film Blackboard Jungle), précise Olivier Palliot. Presley jouera du rockabilly, un mélange de blues et de country qui marque l’intérêt des jeunes Blancs pour le genre rock & roll aux États-Unis.
Il sera considéré comme un Blanc qui chante avec la voix d’un Noir. “Pour moi, Presley n’a rien inventé, si ce n’est un jeu de scène; un déhanchement qui rappelle l’acte sexuel. À un moment, Elvis faisait peur aux États-Unis. Lors de sa première émission télévisée, on l’a filmé jusqu’à la ceinture, mais pas au-delà… Il est le créateur d’une nouvelle attitude scénique.” Mais pas du rock & roll, semble laisser comprendre notre interlocuteur.
Perfecto.
Le blues rapide popularisé par Elvis s’étend. John Lennon sortira un album intitulé Rock & Roll. “Il va reprendre des thèmes de Little Richard notamment, de B.B King ou de Chuck Berry et de Gene Vincent (Be-Bop-A-Lula).”
La continuité du rock & roll se fera dans le temps, avec une sonorité électrifiée. “Il se trouve qu’en 1959, les jeunes en auront marre d’écouter cette musique qui devient commerciale. Ils vont lui redonner un sens à travers le rock. Qui correspond à un état d’âme, pour dire le ras-le-bol des relations entretenues avec leurs parents.”
La jeunesse cherche sa propre identification, notamment au travers d’acteurs américains comme James Dean ou Marilyn Monroe. Un esprit de rébellion dont Marlon Brando sera l’emblème dans le film L’équipée sauvage. Il se présente à l’écran vêtu d’un perfecto. Ce blouson de cuir sera un objet de mode, emblématique de l’esprit contestataire. “Tous les rockers, moi y compris, ont porté un perfecto dans leur vie et des bottes Harley.”
Entre-temps, le rock & roll évoluera dans un domaine plus agressif et plus électrique, appelé wild rocking par les Anglais. Genre moins connu, qu’Olivier Palliot et le groupe The Jokers perpétueront en France et en Allemagne sans dénaturer la sonorité de 1950.
 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -