MYLÈNE BAMBOCHE : La dame au banjo

D’ordinaire discrète, Mylène Bamboche s’anime lorsqu’elle a son banjo en main. Cette anticonformiste s’insurge contre la propension de la société à cantonner la femme à des rôles préétablis. Elle est fière de pratiquer un instrument généralement attribué aux hommes.
Mylène Bamboche est probablement la seule femme à jouer du banjo ténor à Maurice. Car cet instrument peu commun est plutôt l’apanage de la gent masculine. Après avoir touché à la clarinette et au saxophone, elle a découvert le banjo ténor et a décidé d’apprendre à en jouer.
Battante.
Mylène a été majorette et se souvient encore de ses premières notes de jazz égrenées au sein du Scout Band. Aujourd’hui, elle est chanteuse au sein du Kreol Jazz Pioneer. Elle raconte qu’elle se morfondait en attendant son tour pour chanter. Son désir de prendre une part plus active dans le groupe l’a poussée à pratiquer un instrument. Comme il y avait déjà un joueur de banjo, le choix s’est porté sur un banjo ténor, un instrument rythmique qui se prête à merveille au jazz de La Nouvelle-Orléans que le groupe pratique. “C’est un style qui ne se démode pas mais qui évolue”, confie Mylène.
Mylène Bamboche a appris à jouer du banjo ténor en surfant sur internet et en faisant bon usage de ses connaissances musicales. Les débuts ont été difficiles car l’instrument est lourd et exige une certaine force pour bien faire sonner les notes. “J’avais mal au doigt au début”, souligne-t-elle. Mais elle n’a pas courbé l’échine. “Je suis une battante. Quand je me fixe un but, je fais tout pour l’atteindre. Je ne me laisse pas abattre par les difficultés.”
En matière d’instrument de musique, elle a débuté par la clarinette pour faire plaisir à ses parents, à l’adolescence. Elle avait pourtant un faible pour le piano. Elle apprend à en jouer en ce moment.
Épanouissement.
Lorsqu’elle a tenu son banjo ténor, commandé directement de La Nouvelle-Orléans, Mylène a sauté de joie et a été immédiatement séduite. Elle se dit fascinée par la sonorité particulière de l’instrument. Même si dans la vie courante, il est difficile de passer inaperçu avec le volume sonore du banjo. Elle se délecte de chaque note que produit son instrument et elle y met toute son énergie. Le banjo devient en quelque sorte une extension d’elle-même. Mylène Bamboche confie qu’elle se révèle lorsqu’elle a son instrument en main. Elle éprouve une grande satisfaction personnelle qui lui permet de s’épanouir. Mais elle ne joue pas que pour son propre plaisir. “Ce serait égoïste”, confie-t-elle.
Il n’a pas été difficile pour cette perfectionniste de s’imposer et de proposer ses propres sonorités. Comme elle était déjà le seul élément féminin du groupe, cela ne lui pose aucun problème d’être la seule à jouer du banjo ténor. Mylène confie que la pratique de cet instrument lui donne également l’occasion de dire aux autres femmes qu’elles peuvent choisir leurs routes. “Les femmes sont trop passives et acceptent de se cantonner aux rôles que l’on attend d’elles.” Elle a eu la chance d’évoluer dans un environnement non machiste. Un atout qu’elle exploite aujourd’hui aux côtés de son époux, Judex Bamboche, leader du Kreol Jazz Pioneer.
Passion.
La musique s’est transformée en véritable passion pour Mylène Bamboche. Elle voue un véritable amour pour le jazz de La Nouvelle-Orléans, qu’elle trouve enjoué et entraînant, mais reprend avec le même plaisir des chansons d’Ella Fitzgerald, de Nina Simone, de Diana Krall… Le séga lui fait vibrer également; elle apprécie Laura Beg, qui, dit-elle, a une superbe voix.
Sa passion ne fera jamais passer ses obligations familiales au second plan. “C’est bon d’avoir plusieurs rôles, mais il ne faut pas les mélanger.” Le couple a deux filles de sept et deux ans qui sont déjà sur les traces de leurs parents. Elles se disputent souvent le micro lors des répétitions dans leur garage. “Il est naturel qu’elles s’identifient à nous”, confie Mylène. Elle souligne qu’il est intéressant de partager sa passion avec son conjoint. “Je sais qu’il est là pour me soutenir.”
Dans la vie de tous les jours, Mylène Bamboche est enseignante prévocationnelle au collège Lorette de Quatre-Bornes. Elle se dévoue corps et âme pour ses élèves pour leur donner les meilleures chances de réussir dans la vie. Elle est aussi étudiante à temps partiel.
Mylène Bamboche est un sacré bout de femme qui a plusieurs cordes à son arc et qui veut aller aussi loin que possible. “Je me suis fixé des objectifs. J’essaie de les atteindre au fur et à mesure.”

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