NATTY GONG, REGGAEMAN, PROF AU SECONDAIRE ET TRIATHLÈTE : Le tchatcheur revendicateur

Ceux qui suivent les activités sportives locales le connaissent en tant que triathlète professionnel qui a fait ses preuves sur le plan national et régional. Sur la scène locale, nous le connaissons mieux sous le nom de Natty Gong avec ses fameux Latet so et Welkom dan Moris. Mais le parcours de Benoît Girodeau ne s’arrête pas à ça. Professeur de dessin et de graphique, il est très proche des jeunes, à qui il se plaît à transmettre son savoir-faire et ses connaissances. Portrait d’un jeune artiste polyvalent.
Dans son dernier clip qu’il a posté sur le site YouTube, Benoît Girodeau, alias Natty Gong, balance sur des airs doux et un tantinet romantiques un appel à sa Lioness. En seulement quinze jours de publication, le post a presque atteint les 3 000 views. Pour le chanteur, c’est une preuve que les gens le suivent et apprécient ce qu’il fait. Si Natty Gong a choisi de partager sa musique et son talent sur la toile, c’est parce qu’il n’a jusqu’à présent pas voulu investir seul dans un projet d’album. “Je voudrais comme tous artistes dignes de ce nom, être soutenu par un producteur et faire les choses dans les règles. Je ne sais vers qui me tourner car je n’ai pas un carnet d’adresses très fourni.”
Underground.
Natty Gong se dit ainsi un artiste underground qui tchatche avec persévérance en attendant que les portes s’ouvrent à lui. Ce qui lui donne la force de rester debout et de continuer à se battre pour se faire entendre, c’est sa passion pour la musique, mais aussi ses débuts qui l’ont beaucoup marqué. Vous êtes sans doute nombreux à vous souvenir de Latet So, cette fameuse chanson au titre provocateur qui avait créé le buzz en 2010. Ce morceau, qui dérangeait principalement à cause de ses propos jugés vulgaires et irrecevables, est né d’une rencontre tout à fait imprévue entre Natty Gong et le chanteur Manna C. “C’était par pur hasard que nous nous étions rencontrés dans le bus et avions échangé quelques mots. De cette conversation, nous nous sommes rendu compte que nous partagions les mêmes intérêts pour la musique et la chanson.”
Message.
Comme ils avaient des textes déjà prêts dans leurs tiroirs, les deux chanteurs ont donc décidé d’associer leur talent pour créer le Mouvement New Skool… but da same rule. Toutefois, les paroles “Mo bril misie la… si zot rebel zot pou gagn enn kout zenou… bril bann l’ADSU”, qui composent la chanson Latet So choquent et ne sont pas accueillies favorablement par tous. Natty Gong s’explique sur le texte : “C’est vrai que dans la façon dont nous disons les choses, ça peut déranger. C’est provocateur et arrogant. Mais c’est ça aussi le reggae. Il faut que le message soit percutant. Si nous communiquons avec de telles paroles c’est pour secouer les gens et capter leur attention.” Bien qu’il soit conscient que nombreux boudent ses paroles, pour le chanteur, le plus important est que le message passe. Et il s’estime heureux que ses textes n’incitent pas à la violence. Tout comme Plus de mal que de peur, sorti en même temps que Latet So, qui avait été composé plus dans le but de s’amuser et de délirer.
Propositions.
Suite à ces essais convaincants, Natty Gong est approché par Ras Ricky, chanteur seychellois établi à Maurice depuis plusieurs années déjà, qui l’invite à partager la scène avec lui lors d’un de ses concerts. À partir de ce moment, avance Benoît Girodeau, le téléphone n’arrêtera pas de sonner et les propositions se feront plus fréquentes. Une première compilation, au titre d’Island Burning, en 2011, lui offre l’occasion de poser sa voix sur les beats reggae de Welcome To Jamrock (Damian Marley), dans une version revisitée selon les fléaux mauriciens. L’adaptation de Natty Gong, qui s’intitule Welkom dan Moris, est grandement appréciée de ceux qui évoluent dans le milieu reggae/dancehall. Un an plus tard, on entend à nouveau résonner sa voix sur les paroles de sa composition Dekriminalize sur le deuxième opus de la compilation.
Dénoncer, conscientiser, revendiquer… tels sont les buts de Natty Gong en tant qu’artiste. Il souhaite qu’à travers des chansons, les gens se rendent compte des vrais fléaux qui touchent notre île. “Welkom dan Moris est une présentation de ma vision des choses par rapport à la situation du pays sur le plan politique, religion, éducation… Il y a aussi le racisme et la discrimination que nous subissons. J’évoque toutes les faces cachées de Maurice. Par contre, Dekriminalize est un morceau sur les drogues dures. Je dénonce les vraies sources de problèmes qui détruisent nos jeunes.”
Discipline.
Entre les sound systems de Pointe aux Sables dans lesquels il a fait ses débuts, les soirées dancehall, le Festival Kreol et les événements artistiques où il avait fait la première partie des chanteurs français Yaniss Odua et Taïro, Natty Gong se dit satisfait de son évolution artistique. D’autant plus qu’il est soutenu et apprécié par les élèves qu’il a côtoyés en tant que professeur de dessin et d’arts graphiques au Collège La Confiance et au Bocage. “J’ai toujours eu des critiques positives des élèves et des membres du staff des collèges où j’ai exercé. C’est un honneur pour moi d’être dans le professorat et de pouvoir transmettre mon savoir-faire et mes connaissances pour qu’ils puissent s’en servir plus tard. L’éducation c’est s’enrichir et se développer. Ça ne s’arrête pas à un morceau de papier.”
Benoît Girodeau, qui pratique le triathlon depuis l’âge de 12 ans et qui a remporté les Championnats de La Réunion Juniors en 2001, entre autres, est convaincu que la discipline et la rigueur sont les clés de la réussite. “Dans sa profession comme dans ses loisirs, il faut croire dans ses compétences et ne jamais cesser de persévérer”.

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