DE NAZARETH A PARIS : Trio Joubran

On connaît ces luthistes de qualité, tels l’Irakien Naseer Shamma, le Palestinien Ahmad Al Khatib, le Marocain Driss Maloumi qui ont largement contribué à associer le son du luth à la musique traditionnelle arabe. Aujourd’hui, c’est le Trio Joubran qui en solo, en duo ou en trio, fait chanter l’oud. Improvisations inédites, fusions riches, mélodies subtiles, sonorités de la musique arabe : les trois frères Joubran n’en finissent pas de conquérir un vaste public, de Nazareth à Londres en passant par Paris. Leur histoire se résume ainsi : originaire de Nazareth en Galilée, Samir et Wissam Joubran, virtuoses du oud reconnus dans le monde arabe, se font connaître hors du Moyen-Orient à travers de nombreuses tournées et des concerts en Europe, au Canada, au Brésil. Le plus jeune frère, Adnan, considéré comme un prodige par ses aînés, a fait ses débuts en 2004 et s’est joint à ses deux frères pour transmettre les maqamtraditionnels. Un premier album,Tamaas, paru en 2003, révèle leur connaissance profonde de la musique et de l’histoire de leurs instruments, et leur formidable talent d’improvisateurs. Il faut savoir que le luth, initialement monoxyle, creusé dans un bloc de bois, d’où le nom d’al-ûd, est confectionné, dès le XIIIe siècle, à partir d’un montage de fines lamelles collées dessinant une forme fluide en poire, prolongée d’un manche. Le luth a suivi divers itinéraires pour parvenir en Italie et en Andalousie musulmane, devenant l’un des instruments essentiels de la musique arabo-andalouse. Musiciens de Palestine, les trois frères Joubran s’autorisent avec subtilité la musique avant les idées politiques. Le Trio Joubran est accompagné par son fidèle compatriote percussionniste, Youssef Hbeisch, en parfait accord avec l’inventivité et la finesse dont le trio fait preuve. Nourri de leur propre personnalité, ces musiciens s’expriment dans un lyrisme que traduisent des phrases étirées, une narration émouvante, alternant gravité et légèreté. Le trio a réalisé en dix ans cinq albums et un DVD. On mentionnera les premiers albums Randanaet Majâz, À l’ombre des motsavec le poète Mahmoud Darwich, un recueil à haute portée symbolique,AsFârl’album considéré comme celle de la maturité, avec la voix de Dhafer Youssef sur deux titres. Le Trio a également signé deux musiques de film, celle de Adieu Garyde Nassim Amaouche (prix du meilleur compositeur décerné par le Festival International du Film de Dubaï en 2009), basée sur l’album Majâz. Les frères Joubran ont composé, la même année, la musique du Dernier Volde Karim Dridi. C’est le poète Mahmoud Darwich qui a tracé la voie à Samir, Wissam et Adnan Joubran en leur disant: “Ne soyez pas des musiciens palestiniens. Soyez des musiciens de Palestine…”

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