NOUVELLES : Joyce Leung, Le petit carnet rouge d’une jeune boutiquière

Danses sur les vagues-rêveries d’une jeune boutiquière sur une petite île de Joyce Ng Cheong Tin-Leung, Mauricienne vivant à Toronto, Canada, depuis 40 ans, s’apparente à un récit autobiographique, puis à un carnet de souvenirs ou le journal d’une enfant de 4 ans. Ces images lointaines qui brillent de nostalgie, Joyce Leung les entrelace à sa propre mémoire – celle des immigrants Chinois-Hakkas à Maurice dans les dernières décennies du XIXe siècle (Les Foukinois et les Cantonais au tout début de ce siècle-là étaient suivis par les Hakkas). Joyce Leung met à mal le pacte romanesque puisque les 26 nouvelles contenues dans son petit livre ne sont pas d’imagination, mais ancrées dans un réel délimité géographiquement (Maurice) et temporellement (fin du XIXe siècle). Danses sur les vagues travaille un genre (semi-autobiographique) et des langues (français, créole) et tente de recueillir les expériences d’une narratrice dont l’histoire à Boundary et à Quatre-Bornes, est confronté à l’Histoire.
Le titre figurant sur la page de couverture est la première présentation des nouvelles de Joyce Leung et donne une image du contenu de Danses sur les vagues-rêveries d’une jeune boutiquière sur une petite île.
Auteure et illustratrice, Leung déclare : « Ce sont des histoires remplies d`espoir …des tranches de vie heureuse, ludique… » avec un grondement de vagues derrière l’écriture comme l’entend le sous-titre. L’auteur précise qu’elle a raconté ses souvenirs comme elle les a vécus, mais que ce n`est pas une vérité absolue  puisque des éléments fictionnels viennent se mêler à son récit. Raconter ses souvenirs, c’est plonger en soi, c’est se poser dans un espace (le vert paradis de l’enfance) qui a formé la personnalité d’une jeune boutiquière.
Le livre de Joyce Leung suit une chronologie stricte (De Boundary à Taverne et Boutique). « J’ai écrit pour le plaisir d’écrire cette affaire existentielle qui a enrichi ma vie… cette tranche de vie qui va donner peut-être du plaisir à lire… » nous dit Leung. Elle nous livre une image de sa famille comme un arbre généalogique avec les oncles, les tantes, mais le personnage le plus important du récit est l’enfant qui déroule les multiples sens de son histoire : immigration chinoise, commerce de détail, catastrophe naturelle avec Carol puis reconstruction. « C’était quelque chose de qu’on a vécue dans les années 40, 60 jusqu’à Carol…. Boundary est la première histoire du livre qui se déroule dans une cour verdoyante avant qu’on devienne commerçants dans la boutique chinoise… on vivait comme des Chinois, on parlait chinois, hakka dans le monde colonial anglais… On a vécu avec nos grands-mères de différentes provinces de Chine… La boutique sinoi représente toute ma vie à Maurice… ça représente les Chinois-Hakkas qui ont contribué à l’économie du pays… On est fier d’avoir eu un certain sens de compassion et d’avoir ouvert tant de boutiques pour aider des populations pauvres à  survivre jusqu’au roulement des cannes … ».
Danses sur les vagues de Joyce Leung s’érige sur une identité culturelle, celle de Hakkas et comporte des repères importants affectivement, des lieux complexes (tavernes et boutiques). L’évolution culturelle est inévitable… la petite boutique chinoise est un fait historique passé. Le boutiquier chinois demeure le personnage le plus populaire du village mauricien. « Ça symbolise notre évolution, du sud de la Chine jusqu’au coin de la rue à Maurice, ça symbolise le crédit avec le petit carnet rouge… », déclare Leung. Le petit carnet rouge s’abolit dans un jeu de résonances entre Histoire et mémoire de jeune fille.

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