PATYATANN À NOTTINGHAM: Au rivage des ravannes

Influences multiples pour polyphonie vocale. Quatre voix pour n’en faire qu’une afin d’offrir une approche différente du séga. Avec Patyatann, le séga est enrichi de diverses sonorités déclinées sur un mode acoustique, avec accent mis sur la ravanne. Patyatann offre une interprétation interculturelle d’une musique à la fois cosmopolite et mauricienne. Cette formation s’apprête à faire retentir la ravanne dans la ville anglaise de Nottingham.
Patyatann. Comme l’inattendu d’une participation au World Event Young Artists (WEYA). Un événement culturel international, prévu du 7 au 16 septembre à Nottingham. Où se produiront, pendant dix jours, mille artistes issus de cent pays. Des créateurs entre quinze et trente ans, actifs dans plusieurs domaines artistiques. Maurice y sera représentée par les quatre membres du groupe Patyatann : Sarasvati Mallac, Anouchka Massoudy, Jason Lily et Anthony Bouic.
Percussions
Cette formation s’inscrit dans la mouvance artistique acoustique. Avec un accent mis sur la ravanne, emblématique de Maurice. Des percussions comme le roulèr ou le mridanga (un genre de dolak) sont utilisées pour mieux faire résonner le mélange des cultures présentes à Maurice. À cela s’ajoutent la guitare, l’ukulélé, dont la couleur musicale rappelle le vieux séga d’après-guerre, et aussi l’harmonica. Mais la force du groupe réside dans la polyphonie vocale. Un mélange de voix qui devrait plaire aux mélomanes, et des influences musicales multiples pour créer un genre représentatif de notre interculturalité.
Partenaire de WEYA à Maurice, Percy Yip Tong est chargé de trouver des artistes pour représenter le pays. Ce professionnel du secteur artistique concède un choix subjectif au moment de recruter les jeunes talents de Patyatann. La représentativité culturelle mauricienne est prise comme critère, et la présence de ravannes, devenue indispensable. Car “si l’on veut du mauricianisme dans notre musique, l’on doit impérativement avoir la ravanne.” L’originalité ici réside dans le fait que cet instrument est joué par deux femmes.
L’unité
Sarasvati Mallac et Anouchka Massoudy jouent aussi du mridanga et de la maravanne. Elles éventent avec Anthony Bouic et Jason Lily une sonorité qui n’est pas sans rappeler le séga engagé des années 80. Mais la musique et les paroles de Patyatann sont foncièrement l’expression d’une musique underground d’aujourd’hui. Les préoccupations sont contemporaines : faire tomber les barrières culturelles par le biais d’une musique métissée, mettre en lumière plusieurs couleurs musicales et différentes langues (kreol, anglais, français, sanskrit).
Les chansons de Patyatann veulent célébrer nos différences et traduisent une volonté de promouvoir l’unité pour aboutir à une nation mauricienne. L’espoir d’une évolution sociale correspondant aux aspirations de jeunes d’aujourd’hui qui s’affirment avant tout en Mauriciens. Les préoccupations sont aussi d’ordre écologique et font partie des thèmes abordés par les quatre membres du groupe. Hormis une chanson écrite par Daniella Bastien (Lor santie souvenir), les textes sont développés collectivement. Patyatann en compte une dizaine depuis sa récente formation. Des textes portés par des harmonies de voix posées sur une rythmique acoustique.
Partage
Ces musiciens et chanteurs se connaissaient avant la formation du groupe pour avoir jammé à plusieurs reprises dans le passé. Ils avaient déjà certaines affinités et avaient en commun cette idée de métissage culturel. C’est ainsi que de fil en aiguille, Patyatann se constitue inopinément et, sous l’impulsion de Percy Yip Tong, en vue de participer au festival WEYA. La démarche musicale est de revenir à l’essentiel du séga ternaire comme base pour porter une polyphonie vocale. Avec ce plus dans la couleur des voix, tantôt jazzy tantôt carnatique ou bluesy, et des accents sonores qui vont chercher du côté du maloya, voire du rock.
Les quatre voix disent leur volonté de s’enrichir culturellement à la rencontre des artistes venus d’autres horizons pour participer à la manifestation de Nottingham. Ce sera, pour eux, une occasion de s’ouvrir davantage et de partager la musique qui retentira dans plusieurs lieux de la ville anglaise. Un rendez-vous cosmopolite où le séga et les influences musicales multiples de notre pays n’étaient sans doute pas attendus. L’orée d’une belle aventure que les mélomanes gagneraient à connaître.

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