POÉSIE – PALMES ET LYRE DE DENIS LESAGE : Les rimes du pianiste mauricien de Versailles

De Versailles, le pianiste Denis Lesage fait une halte chez lui à Maurice où il dévoile son âme de poète. À 59 ans, le musicien et enseignant de musique s’inspire des souvenirs de son île pour créer. Paru non-officiellement en mi-août 2016, Palmes et Lyre, son deuxième recueil de poésie, sera bientôt disponible sur le marché mauricien.
À demi-mot, Denis Lesage nous fait signe d’entrer dans son jardin et de nous asseoir à l’ombre sous ses palmiers, des palmiers qui ont un lien avec le titre de son recueil. “Hormis le titre, à l’avant-propos, je parle d’un palmier qui est en train de grandir. Il y a une idée d’élévation”, dit-il. Sans plus tarder, il nous sert à boire avec en prime son livret et la photo de sa feue grand-mère d’origine britannique, une dénommée Rose Broadley. Une dame qui l’a largement inspiré dans sa vie. “Un poème est fait à son image. Je tiens mon talent d’elle. Elle était pianiste tout comme moi”. Aussitôt, le poète nous explique : “Mes poèmes tournent autour de mon île Maurice, mon île natale, avec un recul que j’ai pu construire pendant une quarantaine d’années que j’ai vécues hors d’ici. Il tourne aussi autour de mon amour pour la musique, la poésie et de l’architecture mais dans un tissage très individuel de mon parcours de vie”.
Feuilletant les vingt-deux pages de son ouvrage aux allures de “fait maison”, le pianiste, qui n’a pas lésiné sur les efforts, nous parle de la date de la sortie. “Le livre a été lancé non officiellement à la mi-août 2016 et sera bientôt distribué à Maurice. Ce n’est pas en vente en France pour l’instant. Puis, je me propose d’aller dans les librairies de l’île pour voir ce qui peut être fait au niveau de la distribution. J’ai vu dans le passé que cela peut se faire. Je ne suis passé par aucune maison d’édition. J’ai tout fait par moi-même. Ça permet à ce que le projet aboutisse plus vite. J’ai un ISBN (un numéro international normalisé permettant l’identification d’un livre) et avec cela, on peut aller de l’avant”.
Plusieurs facettes.
Au son du roucoulement des oiseaux, l’auteur nous explique avec une voix atténuée ce que l’écriture est pour lui. “C’est une manière de concilier mes humanités. Parce que je suis né d’une mère Anglaise et d’un père Mauricien. Je suis comme tout le monde mais avec plusieurs formes d’humanité. J’ai reçu une éducation mixte”. Toujours dans l’élan de sa description, il n’hésite pas à nous parler de sa grande passion : le piano. “Le verbe fait partie de l’objectif de l’écriture et de la poésie. Le verbe donne une assise à ce parcours initiatique. Il y a la même démarche à travers la musique sauf qu’il y a des notes”, confie cet enseignant de piano dans une école de musique française près de Versailles.
Poésie à l’ancienne.
Assis tranquillement dans son fauteuil et son livre sur ses genoux, le poète avoue que le rapport entre la poésie et la musique est indissociable. “Dans ma poésie, vous allez voir qu’il y a des rimes même si ce n’est pas très à la mode. Aujourd’hui, on parle plutôt de prose ou de forme de poésie moderne. Mais j’attache énormément d’importance personnellement, étant donné que je suis musicien, à la sonorité des mots. Cela fait partie du même univers. Or, la parole écrite encre ce qu’on a envie de dire, tandis que le fait de jouer au piano, est éphémère”.
Différent dans sa manière d’aborder un thème et d’écrire, Denis Lesage est catégorique : il ne brosse aucune image de ses proches. “Bien que le livre soit dédié à ma grand-mère britannique, je n’ai jamais défini le contour de mes proches dans mes poèmes. Je n’aime pas quand c’est trop intime. Le présent est trop présent pour le décrire. Le but d’écrire c’est de fixer des repères”. D’ailleurs, la difficulté pour lui est le fait de chercher l’authenticité du moment. “C’est un moment de grande excitation poétique et d’effervescence. Puis quand je me relis, je trouve que cela aurait pu être plus précis, plus pointu et aller à l’essence même de ce que je voulais dire. Donc effectivement, certains poèmes ont dû être remaniés et peaufinés sans que l’idée de départ meure”.
Pour la suite, l’écrivain se voit encore dans l’écriture et ne compte pas lâcher l’affaire. “J’ai deux projets d’écriture qui sont bouclés et qui ont un trait avec Robert Edward Hart (poète mauricien qui possédait une maison aujourd’hui devenue un musée, La Nef, consacrée au poète) et l’autre avec le compositeur et pianiste Francis Thomé”, conclut-il.

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