RENCONTRE: Amarnath Hosany, une âme d’enfant encrée en lui

Amarnath Hosany arpente son cheminement pour expliquer la genèse de ses écrits dans le rayon de la littérature jeunesse. Il évoque la marche estudiantine de mai 75 et le chômage des années 80 et sa fascination pour le monde des enfants. 
C’est une histoire qui commence dans les livres. Des grands classiques de la bande dessinée où Tintin et les autres mèneront le jeune Amar vers Le Club des Cinq voire Le Clan des Sept. Des aventures qui, sous la plume d’Enid Blyton, ont bercé des générations d’écoliers et leur ont ouvert un monde imaginaire. Les mots se font images et les esprits voguent vers des rivages inconnus. C’est ainsi qu’Amar largue les amarres et prendra le stylo, comme le timonier prend la barre pour des destinations ponctuées de périples et de plages paisibles.
Passé
Ce n’est pas un hasard si Amarnath Hosany plante le décor de ses histoires dans une île sucrée. Paradis dans lequel la cohabitation entre les peuples d’origines multiples est menacée de périls.
Les enfants jouent des rôles importants dans les écrits de cet auteur. Ce sont toujours ceux-là qui contrecarrent les absurdités des adultes. Il reconnaît éprouver une préférence pour ce monde. Et le précise, comme pour justifier le choix de la littérature jeunesse : “Je me plonge dans le passé régulièrement pour retrouver ma propre enfance et ce monde dans lequel je me sens bien. J’étais un enfant comme les autres, curieux de nature. Et je suis toujours aussi curieux”.
Comment dès lors ne pas poser, à cet homme de 52 ans, la question qui s’impose ? Êtes-vous toujours un enfant ? Amarnath Hosany confie être de ceux qui ont toujours gardé une âme d’enfant. “Je considère que les adultes commettent davantage de bêtises que les enfants. Il suffit d’observer la situation actuelle de la société pour s’en convaincre.”
Était-ce mieux avant ? L’auteur se remémore les années de sa scolarité au New Eton College et le fameux mois de mai 1975. Des camarades à lui furent matraqués par les forces de l’ordre à Rose-Hill, avant même de se joindre au mouvement de protestation estudiantine qui marchait vers Port-Louis pour crier son indignation contre le système éducatif archaïque qui avait alors cours. 
Ressenti
L’éducation par la suite deviendra gratuite mais le chômage ne tardera pas à s’abattre sur le pays. Le jeune Amar trouvera refuge dans la bibliothèque municipale de Quatre-Bornes au sortir du collège en 1981, et fera le va-et-vient au bureau de l’emploi en quête d’un job. Il aspire alors à devenir professeur de français et de dessin, mais l’occasion ne se présentera jamais.
Quelques années plus tard, celui qui fréquente assidûment la bibliothèque de la ville des fleurs prendra de l’emploi à la municipalité, au département de Santé et de l’Environnement. Poste dans lequel notre interlocuteur officie toujours, car il ne vit pas de sa plume.
Il écrit pour s’exprimer sur les choses qui interpellent sa conscience. D’où une série d’articles de presse sur le quotidien d’un chômeur en 1983, et des textes plaidant pour la “décommunalisation” du football, entre autres sujets de société qui avaient une pertinence dans les années 80. Cette période de notre histoire ainsi que les thèmes populaires en vigueur à l’époque auront une grande incidence sur l’écriture romanesque de l’écrivain. Qui cherche à partager un ressenti aux autres, à travers des écrits prenant la forme de contes, dont certains sont toujours inachevés et attendent un dénouement heureux au fond d’un tiroir.
Fascination
On peut lire dans les yeux d’Amarnath Hosany une lueur de fascination quand le monde des enfants est évoqué. C’est suite à un atelier d’écriture cinéma, animé par le défunt réalisateur Francis Leroi et Brigitte Skiavi au Centre Charles Baudelaire, que l’écrivain en devenir ose présenter un de ses textes, et sera conforté dans l’idée de publication. Le nectar magique paraît en 2003 et inaugure une bibliographie assez étoffée. Ces contes sont traversés par une constante. La paix et l’harmonie entre les peuples d’origines diverses, mais qui doivent cohabiter dans un milieu assez étriqué. “Les éléments qui dans le passé ont bouleversé le pays sont à prendre en considération afin de ne pas se retrouver une nouvelle fois dans des situations extrêmes.”
Les ouvrages de ce Mauricien ne se veulent cependant pas moralisateurs. À ses yeux, une histoire est un voyage au bout duquel le lecteur porte un regard différent sur les choses et les êtres. Ce sont presque toujours des fins heureuses qui concluent les histoires d’Amarnath Hosany. Sauf dans le dernier, Longue vie au Prince, dont le lancement a eu lieu au Salon du livre à Paris en mars.
L’auteur sortira une nouvelle création en décembre. Ce conte de Noël met en scène le petit Tian et sa mère Dina qui, depuis la fermeture de l’usine, gagne sa vie par des ouvrages de couture de plus en plus rares. Or Noël approche et l’école de Tian organise un concours de costumes. Le flamboyant aura un rôle prépondérant dans la confection de celui de Tian. Une affaire de patrimoine…

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