RENCONTRE: L’île, une machine à textes, selon Jean-Luc Coatalem

Écrivain-voyageur, Jean-Luc Coatalem a fait croiser des réflexions sur son dernier ouvrage, Le Gouverneur d’Antipodia (Le Dilettante), au cours d’une rencontre avec ses lecteurs à l’IFM. L’auteur décrit son livre comme une « fiction dans une île qui fait partie des terres australes françaises ».
Antipodia est aux antipodes des choses, battue par la houle, une île sur laquelle La France a décidé de maintenir un poste. Jean-Luc Coatalem se situe parmi ces écrivains qui ont une capacité à se rapporter au réel en écrivant des histoires fortes. Ses personnages : un chef de poste obsédé par la discipline, et un Breton qui, après une histoire d’amour décevante, se retrouve sur cette île pour oublier. Le dernier nommé entretient un rapport assez sauvage avec l’île et décide de la parcourir et de la vivre.
Un troisième personnage, un Mauricien, arrive sur le bateau de pêche, le Dodo IV. Il s’agit, plus précisément, d’un Chagossien du nom de Moïse, qui débarque comme un intrus sur l’île et agit comme un détonateur. Le livre raconte un espace clos et des personnages portés jusqu’au bout de leur destin.
Jean-Luc Coatalem s’est toujours intéressé à l’imaginaire des îles. Il l’avoue : « Je suis intéressé par les îles depuis toujours… » Il considère l’île non seulement comme un espace à vivre, mais aussi comme une machine à discours. L’île apparaît pourtant indicible, innommable et, de manière narrative, elle ne saurait être que fabulation.
Pour Coatalem, cet espace clos est comme un théâtre où s’opèrent des entrées, des sorties et des confrontations entre les personnages. Il semble exister, dans son roman, un rapport de forces entre le gardien du mystère et les chercheurs de vérité. Enfermement ou dédoublement : l’acte narratif apparaît comme un geste libérateur.
L’écrivain explique sa démarche : « La littérature, c’est vouloir et s’obstiner à… C’est en amorçant les choses que ça se fait… C’est dans le travail qu’un personnage surgit. » Il fait aussi la distinction entre le journaliste et le romancier : « Le journaliste sait ce qu’il dit et le romancier ne sait pas où il va… » Il poursuit : « Je vais à ma propre découverte et à la découverte de mes personnages… Vous créez et ensuite vous êtes suiveur de vos personnages. Votre propre création vous échappe. »
On pourrait dire que dans cet espace clos qu’est l’île, l’écrivain piégé par l’étroitesse et son imaginaire débordant traduit en actes une histoire qui prend différentes formes. C’est dans l’oppressante fermeture de l’île, le huis clos, que se développe une tentation de positiver avec l’ouverture sur la mer.

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