RENCONTRE: Parcours d’un messager des ondes

Scope a interrogé le présentateur du premier bulletin d’informations qui, le 12 mars 2002, avait annoncé la libéralisation des ondes. Une décennie après, l’ancien journaliste et chef d’édition de Radio One porte un regard sur l’évolution des stations privées. Jean-Luc Mootoosamy relate aussi une relation avec les ondes qui le conduit aujourd’hui à circuler entre la Suisse et les zones de conflits du sud Soudan.
Tout commence dans une émission radio appelée Latitude 21. Jean-Luc Mootoosamy et une bande de gamins font entendre leurs voix sur les ondes de la station nationale. L’émission, placée sous la tutelle de Marie-Michèle Etienne, est dédiée aux jeunes et aux enfants. Latitude 21 est centrée sur les intérêts de ces auditeurs spécifiques. Entre les chansons à la demande et les génériques de dessins animés à la mode en 1987, des interviews sont réalisées par des journalistes en herbe. Ce fut le déclic professionnel pour Jean-Luc Mootoosamy.
Radio
Il avait dès lors compris que le monde radiophonique serait le sien. Encore fallait-il choisir entre l’animation, la technique et le journalisme. Il fera le choix de rapporter le quotidien, et s’accroche à ses études au Collège Royal de Port-Louis pour aboutir à cet idéal. Alors que ses camarades se battent pour devenir lauréat puis médecin ou avocat, lui aspire à exercer comme journaliste, et ne se projette pas dans un autre secteur d’activité. “C’est tout ce que je pensais savoir faire, à l’époque.” Il obtient une bourse et poursuit ses études universitaires à Lyon. Et c’est sans surprise qu’il choisit d’étudier l’information et la communication.
Après quatre années passées en France, Jean-Luc Mootoosamy rentre à Maurice en 1997 et intègre la presse écrite, dont le quotidien Le Mauricien, au sein duquel il passe cinq années, tout en étant correspondant pour RFO Réunion, et en contact avec un certain Jean-Michel Fontaine. Ce dernier quittera un moment RFO Réunion pour devenir le premier directeur de Radio One. La libéralisation des ondes avançant à grands pas, il demande à Jean-Luc Mootoosamy de monter une équipe de journalistes et d’occuper le poste de chef d’édition.
Conflits
Le journaliste et chef d’édition a inauguré le tout premier journal d’une radio privée. Mais après deux années, les circonstances le conduisent à quitter la station. Jean-Luc Mootoosamy choisit de s’envoler pour la Suisse, où il est aujourd’hui installé.
Deux années après son installation en Lausanne, notre compatriote prend de l’emploi à la fondation Hirondelle. Le symbolisme de messager de paix revêt ici toute son importance car l’organisme précité a pour mission de créer des médias dans les zones de conflits.
C’est ainsi que Jean-Luc Mootoosamy s’est retrouvé en République Démocratique du Congo, avant d’être chargé d’un projet de radio au sud Soudan. “L’idée était de mettre en place une radio qui permette au nord et au sud du Soudan de mieux se connaître, et de comprendre ce qui se passe de l’autre côté des frontières. Ce pays est en guerre depuis environ une vingtaine d’années et compte plusieurs millions de morts.”
Le journaliste a connu des tensions durant les cinq années passées à côtoyer cette région dévastée. Il y est question de massacres et de situations de violence. Ce climat belliqueux prévalait aussi en République Démocratique du Congo.
Dignités
La violence n’est pas que dans la guerre. “Elle est aussi dans l’ignorance de ses droits humains. La mission de Radio Miraya est d’informer les gens à propos de leurs droits et de mettre fin à la confiscation de l’information par la guerre. Mettre fin aussi au règne de la rumeur. Le journaliste vérifie et ramène de l’info de première main en appliquant les règles strictes et rigoureuses du métier. Une radio d’information permet aux gens de se prendre en main et de retrouver leurs dignités d’hommes et de femmes, et leur permet de se prendre en main en tant que citoyens.”
Lors d’un récent passage à Maurice, Scope a demandé à Jean-Luc Mootoosamy son sentiment par rapport aux radios privées, dans le cadre des dix ans de la libéralisation des ondes. “Je pense qu’il y a beaucoup d’améliorations à faire. Je n’ai pas le sentiment d’entendre énormément de changements; pas le sentiment de constater une progression. Je me serais attendu à quelque chose d’un peu mieux.”
Ne souhaitant pas se livrer à une analyse rapide de la situation, notre intervenant laisse comprendre que faire de la radio est un métier, et ne peut se résumer à de la parlotte entre deux chansons. Il évoque l’écriture d’une grille, ainsi qu’un rythme et une ligne éditoriale qui régissent la transmission de messages sur les ondes.

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