RÉPUBLIQUE : Libertés conditionnelles

Maurice est une République depuis 1992, comme 136 pays sur 193. Mais force est de constater que les préceptes d’une république ne sont pas toujours respectés. Il existe même des contradictions entre les libertés que la République garantit et la Constitution du pays.
Une constitution républicaine dans l’absolu n’existe pas”, affirme Jack Bizlall, syndicaliste. Face aux atteintes à la liberté dans le pays, on est tenté d’approuver cette analyse. Par définition, une République désigne un pays qui met en avant l’intérêt du public avant celui du gouvernement. Elle garantit à ses citoyens la liberté de penser, de parler librement et d’agir librement. Dans les faits, nous constatons que ces libertés sont souvent bafouées. Les arrestations arbitraires de ceux qui osent s’élever contre des décisions gouvernementales sont des preuves flagrantes. 
“Pour moi, une République a deux piliers : la liberté des concitoyens et la liberté de collectifs de citoyens – une famille, un voisinage, un club de football, un village ou une religion. Mon reproche est que ces deux éléments-là ne sont pas définis”, souligne Jack Bizlall.
Pour sa part, Ashok Subron fait le constat suivant : “Nous sommes dans une République où les droits fondamentaux comme la démocratie ne sont pas respectés. Les gens qui vivent dans cet État ne sont pas reconnus comme des citoyens.”
Braderie.
Une République est aussi décrite comme étant un espace géographique où la population est propriétaire de ces trois espaces que sont les territoires marin, terrien et aérien. “La population est propriétaire de ces espaces, pas un autre pays ni le Premier ministre”, dit Jack Bizlall. À Maurice, au vu des événements passés et récents, il est évident que ce principe fondamental n’est pas respecté. L’accord signé récemment entre le CEB et CT Power, malgré l’opposition de nombre de citoyens, est là pour le prouver. 
Autre exemple : les nombreuses tentatives du gouvernement d’octroyer des portions de plage à certains individus. “Les ressources de la terre ou océaniques sont plus ou moins sous le contrôle et la gestion monarchique. Par exemple, quand quelqu’un bénéficie d’une concession au bord de la mer, c’est le Premier ministre qui décide. Le peuple n’a pas grand-chose à dire sur son territoire. Une République n’est pas supposée être ainsi”, confie Ashok Subron. 
Changement.
Jack Bizlall estime que le statut de République de Maurice est en contradiction avec sa Constitution. “Nous avons une absence de précisions dans notre Constitution. Nous n’avons pas connu beaucoup de changements depuis notre accession au statut de République. C’est au peuple de décider de quelle république il a envie. Cela dépend de l’évolution. En France, on parle déjà de l’éventualité d’une sixième République.”
De son côté, Ashok Subron avance que “l’État n’est pas encore séparé de la religion. Il y a une usurpation du pouvoir citoyen par les groupes communo-religieux. Nous sommes dans une forme de républicanisme dans la version capitalistique”. Il estime que Maurice n’est pas une vraie République. “Nous ne sommes pas encore devenus une République parce que tous les droits humains définis par les Nations unies ne sont pas respectés. La Constitution ne reconnaît pas les droits économiques, sociaux et culturels. D’où le combat de Rezistans ek Alternativ pour une nouvelle Constitution.” 
Égalité.
Ashok Subron constate que les citoyens mauriciens ne sont pas égaux, comme le veulent les préceptes de la République. “Pendant les dernières vingt années, le fossé entre les riches et les pauvres n’a pas cessé de grandir. Une République où les citoyens ne sont pas égaux n’est pas une République.”
Dans le même ordre d’idées, Jack Bizlall souligne que le droit de vivre ou de mourir est garanti par les libertés acquises par le statut d’une République. “Ce sont les citoyens libres de leurs pensées qui peuvent faire un protocole. Il ne faut pas que la liberté de la personne soit aliénée. Vu que la peine capitale est abolie, personne n’a le droit de disposer de ma vie. Ce sont les libertés qui construisent les droits.”

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