RICO CLAIRE & CHRIS JO: Au clair de Rodrigues

Rico Claire évoque ses débuts à Rodrigues, où un concert est prévu le samedi 1er septembre pour marquer ses vingt ans de musique. Le chanteur de Bross bato passe en revue quelques passages d’une vie d’artiste. Il est rejoint dans sa narration par son frère, Chris Jo.
Une vieille guitare avec seulement quatre cordes fascine un gamin au village de
Port Sud-Est à Rodrigues. De temps en temps, il essaie de libérer les notes du coffre et s’en émerveille. Dès la fin des années 70, ses doigts courent le manche. Les cordes manquantes finissent par apparaître pour faire un jeu complet. Rico Claire a douze ans lorsque le village entend le balbutiement de ses premières mélodies. Des grandes personnes donnent des pièces de cinq ou de dix sous pour encourager l’artiste en herbe.
Premiers accords.
Ses parents lui offrent sa propre guitare. Et voilà Rico parti à la rencontre des guitaristes du pays pour apprendre les rudiments de cet instrument. On lui enseigne comment accorder les six cordes, ainsi que les premiers accords. Rico se développe par la suite largement en autodidacte car “laba pa ti ena okenn profeser”. Il observe les guitaristes des orchestres, et parfait sa pratique de cet instrument qui ne le quitte plus. Même pas pour aller en classe. Rico chante alors les tubes de Cabrel et de Goldman. Il se donne complètement à la musique.
Il termine ses études prématurément en 1985 et intègre un groupe comme guitariste soliste. On le retrouve tous les samedis jouant dans un club.
Quelques années passent et le musicien décide de mettre le cap sur Maurice. Non pas pour faire l’artiste mais pour voler de ses propres ailes. Rico Claire est issue d’une famille nombreuse : prendre son envol pour gagner sa vie est devenu un impératif. Le musicien a exercé nombre de petits boulots : manutentionnaire sur des camions de marchandises, aide-maçon, et ouvrier dans les usines textiles. Un moyen de se faire de l’argent rapidement, mais sans que cela convienne vraiment aux aspirations du jeune homme.
Bouse manze.
Un jour, la musique est venue chercher Rico. Il apprend qu’un groupe est à la recherche de musiciens. Le guitariste rencontre le pianiste Lainsley Henri et les répétitions commencent aussitôt avec le chanteur Sylvio Louise. Le musicien participe notamment à l’arrangement de l’album Catiya Kreol. On le retrouve par la suite au sein du groupe Zenn 7. “Mo zoli da est la première chanson que j’ai écrite.” Il en donne un extrait a cappella dans le salon de sa maison à Roche Bois. Sa voix invite aussitôt vers un ailleurs où résonnent les ravannes.
Ce n’est plus un gamin de Rodrigues mais un musicien et chanteur chevronné. Rico Claire se produit dans le circuit hôtelier pour gagner sa vie. “C’est devenu mon chantier de travail. Kouma mo abitie dir toultan, pa boukou artis viv ar zot kreasion dan Moris. Li malere ki boukou bizin trouv enn lot boulo pou fer. Mo bouse manze trouv dan lotel; pa dan mo sega. Mo pe bizin sant bann sante bann artis deor pou mo viv. Si to pa kapav viv avek se ki tonn kree, kot nou pe ale ?” Une situation pas toujours évidente à vivre. On le sait : une vie d’artiste n’est pas toujours rose, à Maurice ou ailleurs. À cela s’ajoutent les contraintes de production qui laissent rarement le temps de soigner les créations.
Carrière.
L’expérience et la maîtrise de vingt ans de pratique ne peuvent être mises entre parenthèses. Le patrimoine musical retiendra Bross bato entre autres créations. Mais Rico Claire voudrait laisser ses empreintes vocales sur la scène avec sa guitare et un texte fort en émotions, à travers une chanson qui raconterait l’histoire de ce gamin rodriguais qui a un jour rêvé de devenir artiste. C’est d’ailleurs à Rodrigues que Rico Claire marquera ses vingt ans de carrière en compagnie de nombreux invités, dont son jeune frère, Jean-Luc Claire. Un musicien plus connu sous le nom de Chris Jo.
Jean-Luc a appris à jouer de la guitare avec Rico. “Kan to tipti, to gran frer, li koumadir enn model. Mo ti kontan al get Rico zwe dan bann lorkes. Pou mwa, mo frer pena nangne pou prouve lor lasenn lokal. Mo apresie seki li fer dan so lamizik, ek sa parkour ki linn fer.” Les deux frères solistes se retrouvent à Maurice et feront parler d’eux.
Mais ce sont leurs guitares que ces deux musiciens feront parler lors du concert du samedi 1er septembre à Rodrigues. Ils feront montre de leur maîtrise guitaristique dans un registre où beaucoup ne les attendent pas.
Un duo interprété pour le plus grand plaisir des mélomanes. Et un moment d’émotion intense entre les deux frères sur leur terre natale. À découvrir le jour du concert…

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