Santé : Le lissage permanent peut être risqué

Avoir des cheveux lisses durablement est devenu le rêve de bon nombre de citoyens. Les femmes, mais aussi les hommes de plus en plus et tout particulièrement chez les jeunes. Et pour y parvenir, beaucoup optent pour le célèbre lissage permanent. Lissage brésilien, japonais, coréen… les techniques de lissage sont nombreuses. Or, si très en vogue, ces traitements capillaires qui durent plusieurs semaines ne sont pas sans risques pour la santé.

- Publicité -

En effet, utiliser régulièrement des produits chimiques pour défriser et lisser les cheveux n’est pas anodin. Si le défrisage peut nuire à votre chevelure, il peut également être dangereux pour votre santé. C’est ce que révèle une récente étude américaine soutenant que les substances chimiques présentes dans les produits de lissage augmenteraient le risque de développer un cancer de l’utérus. Un risque accru dû essentiel à la nature des produits chimiques présents dans ce type de produits capillaires. Par ailleurs, les femmes noires, parce qu’elles ont davantage recours à ces produits, seraient plus affectées.

Cancer de l’utérus

- Publicité -

L’étude américaine, publiée par le Journal of the National Cancer Institute établit pour la première fois un lien entre le risque de cancer utérin et l’utilisation fréquente de produits de lissage ou de défrisage des cheveux. Proposés par de nombreux salons de coiffure, ces produits chimiques de lissage des cheveux n’ont ainsi rien d’anodin. D’après cette étude de l’Institut américain des sciences de la santé environnementale (NIEHS), ils peuvent augmenter considérablement le risque de développer un cancer de l’utérus en cas d’usage fréquent. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont suivi pendant 11 ans 33 497 femmes américaines âgées de 35 à 74 ans, pour identifier les facteurs de risque du cancer du sein et d’autres problèmes de santé. Il s’agissait de sœurs de femmes américaines ayant développé un cancer du sein, incluses de 2003 à 2009 dans le programme « Sister ». Parmi elles, 7,4% étaient noires, 4,4 % hispaniques, 85,6 % blanches et 2,5 % appartenaient à d’autres populations.

Multiplication du risque « préoccupante »

- Advertisement -

Les chercheurs ont aussi pris soin de procéder à des ajustements pour éliminer l’impact d’autres facteurs de risque : l’indice de masse corporelle, le niveau d’activité physique, le statut ménopausique, la consommation d’alcool et de tabac, l’utilisation d’hormones à des fins de contraception ou de traitement substitutif de la ménopause, le niveau d’éducation, la profession, le lieu d’habitation… Par ailleurs, les femmes qui travaillaient dans des salons de coiffure ou des instituts de beauté ont été exclues de l’analyse pour que les expositions professionnelles n’affectent pas les résultats.

Un risque lié à la fréquence d’utilisation

L’étude révèle une association manifeste : les femmes qui utilisaient des produits de lissage des cheveux avaient un risque de développer un cancer de l’ovaire accru de 80 %. En questionnant ces femmes sur leurs habitudes quotidiennes, les chercheurs ont en effet découvert que celles qui déclaraient utiliser fréquemment des produits de défrisage et de lisage des cheveux (c’est-à-dire au moins quatre fois par an), étaient plus de deux fois plus susceptibles de développer un cancer de l’utérus que celles qui n’utilisaient jamais ces produits. En effet, pendant cette période d’analyses, 378 cas de cancer de l’utérus (également appelé cancer de l’endomètre) ont été diagnostiqués. C’est, après le cancer du sein, le 2e cancer gynécologique le plus fréquent.  Globalement, environ 4,05% des femmes qui utilisaient des produits lissants régulièrement (plus de quatre fois par an) ont développé un cancer de l’utérus, contre 1,64% des personnes qui n’en utilisaient pas. « Nous avons estimé que 1,64% des femmes qui n’ont jamais utilisé produits lissants développeraient un cancer de l’utérus avant l’âge de 70 ans, mais pour les utilisatrices fréquentes, ce risque monte à 4,05% », résume la Professeure Alexandra White, principale auteure de l’étude, dans un communiqué des NIH. Une multiplication du risque « préoccupante », juge-t-elle, même si ce cancer reste « relativement rare ». 

Une problématique qui touche

davantage de femmes noires

Selon cette étude, environ 60% des participantes qui ont déclaré avoir utilisé des produits de lissage au cours de l’année précédente étaient des femmes noires. Bien que l’étude n’ait pas révélé que la relation entre l’utilisation de ces produits et l’incidence du cancer de l’utérus était différente selon la race, les effets néfastes sur la santé peuvent être plus importants pour les femmes noires en raison d’une prévalence d’utilisation plus élevée. Car en raison de la nature des cheveux, les femmes noires utilisent plus fréquemment des produits de lissage ou de défrisage des cheveux et ont tendance à commencer à les utiliser à un âge plus précoce que les autres races et ethnies. Ces résultats peuvent être encore plus pertinents pour elles”, soulignent les chercheurs.

« Effet-dose »

« C’est une étude vraiment crédible, d’autant qu’elle montre un effet-dose, avec un risque plus élevé pour les expositions les plus fréquentes », estiment d’autres chercheurs.

Comment ? C’est la question que l’on se pose. D’autant qu’aucune association n’a été faite entre le cancer de l’utérus et les autres produits capillaires que les femmes ont déclaré utiliser tels que les teintures capillaires, les mèches ou les permanentes.

Les perturbateurs endocriniens

Les scientifiques, quant à eux, soupçonnent les perturbateurs endocriniens présents dans les produits lissants, d’être la cause du problème. Aujourd’hui, on peut très facilement retrouver dans les produits de lissage des parabènes, du bisphénol A, des métaux ou encore du formaldéhyde (ou formol, que l’on a notamment repéré dans des formules de lissage brésilien). Ces perturbateurs endocriniens pourraient en effet passer la barrière du sang via le cuir chevelu et se déplacer peu à peu vers l’utérus. Les lésions du cuir chevelu ou les brûlures causées par le produit lui-même pourraient être une porte d’entrée pour les différents perturbateurs. 

Des recherches supplémentaires sont justifiées pour identifier des produits chimiques spécifiques à l’origine de cette association observée, explique Alexandra White, se félicitant toutefois qu’il s’agit de la première étude épidémiologique à examiner la relation entre le lissage et le cancer de l’utérus. « Des recherches supplémentaires sont aussi nécessaires pour permettre d’identifier les produits chimiques spécifiques qui peuvent augmenter le risque de cancer chez les femmes », dit-elle.

Cancer de l’utérus, 2e cancer gynécologique le plus fréquent

On a souvent tendance à confondre cancer du col de l’utérus et cancer de l’utérus. Or, il s’agit de deux choses bien distinctes. Le premier est très courant chez les jeunes femmes, tandis que le second se développe en général après la ménopause, entre 50 et 70 ans. Au-delà de l’âge qui le favorise, le cancer de l’utérus peut être favorisé par des antécédents familiaux, une hypertension artérielle, du diabète, de l’obésité ou des antécédents du cancer du sein ou de l’ovaire. À cette longue liste, les chercheurs américains viennent désormais d’ajouter les produits capillaires de défrisage. En attendant, les chercheurs alertent donc sur les produits chimiques présents dans ces produits capillaires, sans donner de marque précise mais en dénonçant une opacité des composants qui les composent. 

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques