Un an pour le Folkloric Explorer, bateau zéro pollution

Naviguer en respectant la mer, c’est possible !

Il y a tout juste une année, le Folkloric Explorer, bateau écologique, zéro pollution, imaginé par Marcel Lindsay Noë, prenait la mer de Mahébourg qui effaçait les mauvais souvenirs laissés par le MV Wakashio, pour la première fois. Depuis, l’embarcation, qui dépend du soleil et du vent pour sa mobilité, transporte régulièrement des excursionnistes soucieux de l’environnement sur le sublime lagon  pour une (re) découverte des coins et paysages paradisiaques du sud-est. Naviguant tranquillement à une vitesse de six noeuds, quand ce n’est pas légèrement plus selon le temps, le Folkloric Explorer laisse à ses passagers le plaisir d’apprécier le bruit de la mer qui caresse sa coque au fur et à mesure qu’il avance.

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Le bateau vert accueille aussi des étudiants dans le cadre de sa mission ; sensibiliser sur l’utilisation des énergies naturelles

On remonte le temps, où est-ce que c’est le temps qui nous embarque ? C’est la question que nous nous sommes posée lorsque le Flokloric Explorer a levé l’ancre pour prendre la direction de l’île aux Fouquets (île au Phare) ce matin-là. « Je n’ai même pas eu le temps de réfléchir. Le bruit de la mer qui claque contre la coque du bateau et sa cadence m’ont tout de suite transporté dans le passé, à l’époque des voiliers en bois », nous confie un passager du bateau écologique. C’est certain, ce dernier n’a pas connu les années 1800, au moment où Grand-Port était encore la région stratégique de l’île, jalousement protégée par les navires français avant la déterminante bataille de 1810 dans la baie. Le reste, comme dirait l’autre, c’est de l’histoire. Mais pour celui ou celle qui ne la connaît pas, l’histoire, il ou elle ne terminera pas l’excursion à bord du Flokloric Explorer sans apprendre comment les Français ont perdu la jouxte navale.

Au gré du soleil et du vent

Marcel Lindsay Noë, le concepteur de l’embarcation écologique, le capitaine à bord se fait un plaisir de raconter comment, entre le 20 et le 27 août 1810, l’Île-de-France est devenue l’île Maurice. Avec un décor paradisiaque en toile de fond comme support, Marcel Lindsay Noë tel un pédagogue, livre ses explications à ses passagers curieux et attentifs. « Je ne suis pas un historien. Je suis un narrateur d’histoires », nous dit Marcel Lindsay Noë, qui depuis une année défend son projet écologique avec une passion non dissimulée.

Marcel Lindsay Noë se fait un plaisir de raconter à ses passagers les moments forts qu’a connus la baie de Grand-Port dans les années 1800

À bord du Folkloric Explorer, nous prenons un plaisir fou à apprécier tous les éléments qui confèrent à la traversée de Mahébourg à l’île aux Fouquets son caractère authentique, grâce à un concept non polluant. « Notre carburant est la brillance et le souffle du Seigneur, c’est-à-dire le soleil et le vent. Personne, et je mets au défi quiconque qui le fera, ne peut augmenter le prix de notre carburant », lance-t-il dans un grand éclat de rire. Presque une année après son lancement, le bateau qui ne pollue pas a multiplié ses excursions et mini-croisières sur le lagon ultra-prisé du sud-est. L’argent récolté, confie Marcel Lindsay Noë, finance des activités pour des enfants moins favorisés.

1h30 de bonheur pour les yeux

Alors que l’embarcation vogue tranquillement vers l’île aux Fouquets, à une vitesse de cinq à six noeuds, soit à un tiers de sa capacité, sur une mer qui change de couleur au gré du souffle du vent et des nuages capricieux, des speed boats bondés la dépassent pour vite disparaître. La destination est la même. Mais à bord du Folkloric Explorer, le trajet dure 1h30, un bonheur pour les yeux. Le contraste entre les deux bateaux est parleur. Construit (pendant près d’un an) dans l’atelier de Gervais Lamarque, « entre des containers et des bâches », précise Marcel Lindsay Noë, le bateau écologique a été réalisé par le dernier des artisans de pirogues pour régates et son équipe.

Le Folkloric Explorer a été dessiné par Pierre Sénèque, âgé aujourd’hui de 89 ans et qui compte plus de 300 bateaux dans son portfolio. Financé (environ Rs 6 M) par la Société pour la Promotion d’Entreprises Spécialisées, le bateau qui a pour skipper Bobby Rault, est doté d’un moteur électrique et équipé de batteries issues de la technologie de BMW. Et la navigation est rendue possible grâce aux panneaux solaires recouvrant la toiture du bateau et une éolienne de 600 W. Spacieux, celui-ci offre une stabilité qui ne peut que rassurer les 30 passagers (assis) qu’il peut accueillir, lorsqu’il navigue dans la passe du sud-est. À bord, l’alcool et la cigarette sont interdits. Au bout d’une heure et demie de traversée, le Folkloric Explorer jette l’ancre à quelques mètres de la plage de l’île aux Fouquets. Et ne reprend la mer qu’une heure après, le temps que dure la visite sur l’îlot. Le Folkloric Explorer pointe alors son nez vers Pointe d’Esny en direction de la réserve naturelle de l’île aux Aigrettes. Ses passagers s’autorisent une baignade dans une eau turquoise et limpide du coin appelé « la piscine » avant de regagner le front de mer de Mahébourg.

L’île aux Fouquets

Le phare, un patrimoine national en piteux état

À l’instar de l’île de La Passe, l’île aux Fouquets (communément appelée l’île au Phare), est une escale pour les speed boats et catamarans qui transportent les nombreux visiteurs et touristes. Stratégiques durant la colonisation de Maurice, les deux îlots posés dans le superbe lagon de Grand-Port abritent des réminiscences du passé qui ont le mérite d’être préservées. Mais comme de nombreux vestiges historiques de Maurice, le phare de l’île aux Fouquets ne fait pas exception, il est actuellement dans un état lamentable. Classé patrimoine national, le monument construit en 1864 n’a pas résisté à l’érosion du temps et porte des empreintes laissées par des visiteurs pollueurs. Des usagers de drogues y ont même abandonné leur matériel. Négligé, ce phare qui surplombe le lagon du sud-est est pourtant une belle attraction.

De plus, construit en pierre, son architecture révèle aux visiteurs avisés le savoir-faire de la main d’oeuvre de l’époque, notamment avec un bel escalier en colimaçon qui menait à la tour, du moins de ce qu’il reste. Autrefois, le gardien du phare l’allumait tous les après-midis et celui-ci était visible à 26 km. Le phare est resté éteint pendant la Première Guerre mondiale pour ne pas attirer les ennemis. Et durant la Deuxième Guerre mondiale, il était devenu un poste d’observation occasionnel. Face à l’entrée du phare, des restes de qui semble être un puits attirent notre attention, plus particulièrement la matière, en céramique, d’une sorte de tuyau, sans doute un conduit d’eau.

L’escalier en colimaçon du phare est une prouesse, un chef-d’oeuvre qui mérite d’être apprécié

Sanctuaire du scinque de Bojer, petit lézard endémique des lieux, l’île au Phare est un habitat de choix pour cette espèce unique. Mais encore une fois, l’îlot n’échappe pas à l’incivilité des visiteurs/piqueniqueurs peu soucieux de l’environnement, abandonnent leurs déchets un peu partout, tandis que les quelques poubelles débordent.

Un congélateur qui n’a pas sa place ici, mais qui a sans doute une utilité pour ceux qui l’ont placé là
Un des pans du phare avec vue sur la baie de Grand Port
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