VILLAGE – MARE-CHICOSE : L’exode forcé des habitants

Petit village agricole tranquille situé à Cluny, non loin de Rose-Belle, Mare-Chicose offre l’image désolante d’une agglomération laissée à l’abandon. Petit à petit, le village sera vidé de tous ses habitants. A l’origine de cet exode forcé, l’odeur insoutenable provenant du centre d’enfouissement qui empoisonne l’air qu’ils respirent et les maladies que la pollution y émanant entraîne. Une petite virée dans ce village situé au pied du Mont-Vernon nous a permis de rencontrer quelques habitants résignés à quitter leur terre natale, pour pouvoir enfin jouir de nouveau une qualité d’air dont ils ont été privés depuis environ deux décennies. Sillonner Cluny nous a aussi permis de découvrir de beaux paysages et de découvrir une rareté, un champ de riz irrigué.
Des maladies de la peau (qu’on appelle communément “la gratelle”) et des affections respiratoires causées par le centre d’enfouissement technique de Mare-Chicose. De bonnes raisons pour déserter le village. Maisons abandonnées, cours envahies par des herbes folles, rues désertes. Aujourd’hui, Mare-Chicose serait-il sur le point de devenir un bled. En ce début d’hiver, il y règne une atmosphère particulière, un silence lourd et pesant que le vrombissement poussif d’un camion-benne chargé à ras bord de détritus vient rompre. Ce défilé de camions d’ordures est le quotidien des habitants de Mare-Chicose.
Pour comprendre ce qui s’est passé dans ce village niché au pied du Mont-Vernon, il faut remonter à 1997 quand le centre d’enfouissement des déchets y est  aménagé. Il vient remplacer l’incinération des ordures à ciel ouvert dans différentes régions du pays, dont Roche-Bois. N’étant pas conscients des conséquences qui en découleront, les habitants sont restés silencieux lorsque les autorités décident de convertir les terrains cultivés et cultivables en premier dépotoir du type Landfill, qui génère une moyenne de 1200 tonnes de déchets par jour.
Qui dit ordures, dit aussi odeur fétide, insectes, mouches, maladies… Inquiets pour leur santé et celle de leurs enfants, les habitants, à travers les forces vives, vont revendiquer deux options: soit la fermeture du centre d’enfouissement ou leur relogement. C’est la deuxième solution qui sera envisagée par les autorités pour régler ce problème. Malgré un grand attachement à leur village, quitter ce lieu devient une évidence pour limiter les conséquences. Toutefois, malgré l’urgence sanitaire, l’Etat n’est pas pressé de procéder au relogement de ces habitants. Les villageois savent comment il a fallu lutter et s’armer de patience avant que certains d’entre eux soient relogés à Marie-Jeannie à Rose-Belle, ainsi qu’à Ballusson Union Park. D’autres, toujours incommodés par les émanations provenant du centre d’enfouissement d’ordures, attendent d’être déplacés.

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