VINO SOOKLOLL : Créatif dan tou lasos

Il y a 27 ans, Vino Sooklool et son équipe de l’agence Cread révolutionnaient la publicité locale avec sa pub où on voyait des légumes manifester à l’écran à la manière d’un meeting politique. Depuis peu, il a remis cette pub au goût du jour avec des images numériques mais accompagnées du texte original. Rencontre avec un créatif qui ne jure que par l’innovation et la créativité.
Depuis jeudi dernier, on peut retrouver la fameuse tomate, chef de parti, vociférer ses revendications à l’écran. La publicité de légumes en conserve avait fait fureur lors de sa création par Vino Sookloll, que l’on surnomme “kamarad Pomdamour” depuis lors. Un succès qui lui a valu de revenir à l’écran avec un grand nombre d’améliorations. “Qui peut dire quand la tomate a été inventée ? Pourtant, chaque jour, il y a une nouvelle recette qui est créée avec la tomate. Ça veut dire que n’importe quel truc peut être réinventé, remis à jour de telle façon à ce qu’il parle à la nouvelle génération”, indique Vino Sookloll. Il faut dire que ce dernier est un créatif dans l’âme. “Enfant, j’adorais tout ce qui était films d’animation et humoristique. J’aime tout ce qui est créatif, j’adore la cuisine parce que c’est créatif. J’aime aussi la photographie, la sculpture et la peinture, entre autres.”
Améliorée
Pour refaire la vidéo, le directeur de Cread a fait appel à Avarts dont il a pu voir le talent lors du Salon de la Com organisé l’année dernière. La nouvelle publicité passe sur les chaînes de la MBC depuis jeudi dernier. La bande-son est restée plus ou moins la même, mis à part un remastering pour hausser sa qualité et l’ajout de pétarades et du son de dolock pour recréer l’atmosphère des meetings politiques contemporains. Quant à la vidéo, elle a été nettement améliorée. L’image est entièrement numérisée et il y a davantage de légumes. On peut voir des légumes dans la foule tenant des pancartes et des caisses de pomme d’amour – sorte de parallèle avec les caisses de savons sur lesquels on dit que les politiciens se tiennent pour faire leurs meetings.
Originalité
Revenant à la toute première version de la publicité créée pour Régal, Vino Sookloll nous met dans le contexte de l’époque. Il indique ainsi que les publicitaires imitaient ce qu’ils voyaient à la télé. “À cette époque, il y avait très peu de films publicitaires à la télévision. Il n’y avait pas la notion de poste de réalisateur, mis à part à la MBC. À cette époque on imitait ce qu’on voyait à la télévision.” Grâce à cette pub, Cread a franchi un palier et initié une nouvelle façon de créer de la publicité à Maurice. “On a toujours privilégié les idées originales. C’est comme un grand laboratoire, on essaye des idées et ça marche. Je garde toujours en tête ce que Piyush Pandey, un des grands créatifs de ce monde, avait dit lors de son passage à Maurice. Il nous a conseillé de ne surtout pas aller voir sur internet mais de regarder autour de nous si on veut faire de la bonne pub.”
Challenge
À l’époque où cette publicité a été créée, Maurifood, distributeur des produits Régal, était un des plus gros clients de Cread. Afin de présenter toute la gamme de légumes en conserve, le Marketing Manager, Bertrand Chasteau, demande à Vino de trouver une idée originale. “Un mois était passé et je n’avais rien trouvé. J’ai eu un coup de fil de Bertrand un vendredi, il m’a dit que je devais trouver une idée jusqu’à lundi sinon je devais l’oublier comme client”, raconte-il. La pression ne fait que s’accentuer lorsque la famille de Vino débarque le samedi pour passer le week-end. “Je n’ai pas eu un moment pour travailler pendant le week-end. Ce n’est que le dimanche soir à 21h que j’ai un peu de temps et j’essaye de trouver une idée originale. Je prends un morceau de papier et J’écris jusqu’à 1h du matin. J’ai proposé l’idée le lendemain et le client était content.”
Bricolage
Mais le challenge ne fait que commencer. Certes, Vino a trouvé une idée lumineuse mais il faut désormais la réaliser. “J’avais trouvé l’idée mais je ne savais pas comment la concrétiser”, sourit-il. Il voit alors un marionnettiste mais ce dernier n’arrive pas à le faire. “On s’est mis à inventer des techniques. C’était du bricolage. On a découpé des morceaux de carton pour créer des légumes avec des visages, des bras et des jambes. Il nous fallait donner l’impression qu’ils étaient vivants.” Et d’ajouter : “J’ai fait une bande-son, une maquette que je voulais envoyer à Jean-Claude Gébert qui faisait ça pour nous à l’époque. Après l’avoir faite je suis sorti de la pièce et j’ai vu un designer qui rigolait. Il m’a dit que c’était très drôle. C’est comme ça que la maquette est devenue le Master. Les deux voix que vous pouvez y entendre sont toutes deux les miennes. On accélère la bande pour l’une et on la ralentit pour l’autre.”
Inventeur
Se souvenant de ses débuts dans le métier, Vino Sookloll raconte comment il a été viré de son poste de dessinateur après six mois seulement dans une boîte de publicité. “Je n’ai pas fait d’études, je n’ai pas un seul certificat mais en même temps je ne suis pas formaté, j’invente des techniques. Ça m’a pris beaucoup de temps pour y arriver mais j’ai persévéré. Vouloir c’est pouvoir”, dit-il. Vino Sookloll soutient qu’il désire écrire un livre afin de “dire aux jeunes qu’ils peuvent réussir. Bien souvent ils sont intéressés par des métiers où ils auront un bon statut social mais ils peuvent très bien réussir dans des domaines qui les passionnent vraiment.”

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