Archipel des Chagos – USA : « Diego, an enduring facility for decades to come »

  Anne Gebhards, US Deputy Under Secretary (Navy) : « Sitting here (Diego Garcia) in the South Indian Ocean, there is no place like it in the world where our naval forces are operating »

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   Maurice amorce un lobbying intense à Washington avec la mission confiée à Richard Burt, un ancien du US State Department

Le dossier de la souveraineté des Chagos demeure une préoccupation politico-diplomatique d’envergure à l’Hôtel du Gouvernement. Après des semaines de retenue face à l’offensive Cameron pour faire capoter les consultations anglo-mauriciennes au sujet d’un Chagos Deal, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est sorti de son mutisme le 1er février, le jour commémorant l’abolition de l’esclavage. De manière succincte, il a situé le difficile enjeu de l’exercice de la souveraineté de Maurice sur cette partie du territoire de la République et de la fin du processus de décolonisation. Il s’est gardé de révéler le moindre détail au sujet du prochain move, même si depuis la fin de l’année dernière, Maurice a initié une campagne de lobbying diplomatique auprès de Washington pour un arrangement assurant la présence militaire des Américains sur la base de Diego Garcia et la souveraineté de Maurice sur les îles de l’archipel, avec en toile de fond un projet de resettlement des Chagossiens.

Des milieux politiques et diplomatiques aguerris, en complément au move massif de la ligne menée par Lord Cameron à Londres, avancent que les États-Unis sont venus apporter leur soutien de manière subtile à cette opération Kadna sur les échanges entre Londres et Port-Louis au sujet de la conclusion du différend territorial datant de plus de 50 ans. Ainsi, la Deputy Under Secretary of the Navy for Policy au US State Department, Anne Gebhards, a été dépêchée en mission spéciale pour évaluer « the importance of the strategic location and capabilities » de Diego Garcia à la fin de janvier.

Avant de rentrer à Washington lundi dernier, et en guise de concluding remarks à ce déplacement, Anne Gebhards a réalisé une intervention vidéo avec pour décor l’azur de l’océan indien et le sable fin de Diego Garcia, ponctuée d’opérations militaires intervenant sur la base américaine. Mais la teneur du message transmis confirme la détermination de la présence militaire des Américains dans cette partie de l’océan Indien aux côtés de leurs fidèles partenaires anglais.

Celle qui se présente comme la Principal Civilian Advisor on Defense Policy and Foreign Policy au Department of the Navy va directement au but. « Doing that work gives me the opportunity to support international engagement, to support international arrangements and partnerships, and to support policies that make naval presence here at Diego Garcia possible », affirme-t-elle d’emblée.

Commentant ce qu’elle qualifie d’extraordinary mission, Anne Gebhards souligne que « you have to come to Diego Garcia to really understand the extraordinary place that it is and the extraordinary mission that takes place here. Sitting here in the South Indian Ocean, seven degrees south of the Equator, there is no place like it in the world where our naval forces are operating. »

Mais elle ne manquera pas d’ajouter de manière nullement anodine que « at its core, we are the island. We run the island. We make the island possible and to tick in concert with our British partners. » Peu importe si les États-Unis se mettent à dos la conclusion de l’Advisory Opinion de la Cour Internationale de Justice La Haye et reprise par le Tribunal international sous la Convention des Nations unies du Droit de la Mer, à savoir que l’archipel des Chagos fait partie intégrante de la République de Maurice. Surtout que les Anglais auraient dû évacuer l’archipel depuis le 22 novembre 2019.

La Principal Civilian Advisor on Defense Policy and Foreign Policy est des plus catégoriques quand elle aborde l’avenir de la base militaire de Diego Garcia. « I think that if there is one thing I would offer for the secretary, it’s that as we look at Diego Garcia, we’re also looking at an installation that’s six feet above sea level that is in the absolute crosshairs of climate change, and that we can’t talk about Diego Garcia without talking about the importance of resilience and the importance of ensuring that this is an enduring facility for decades to come », s’appesatit-elle comme pour bien faure comprendre qu’aux yeux des Américains, il n’y a nulle autre alternative.

Avec également en guise de point fort cette déclaration à l’effet que « making sure that we have a resilient Diego Garcia well into the future will be my priority message going home. » Auparavant, elle aura souligné que « and so what we accomplish here is incredible self-sufficiency in a very austere and remote location. And we’re supporting warfighters in multiple theaters, in multiple domains. It really is exceptional when you consider where we’re doing this from and the kinds of conditions we’re working from out here in the South Indian Ocean. »

Anne Gebhards situe l’importace stratégique de Diego Garcia en des termes clairs et sans ambiguïté, à savoir que « at the end of the day, it is a key enabler. It is something that can flex at a moment’s notice. I think that’s part of its indispensable quality is the fact that it’s really not very well known, but it is so incredibly strategic. It’s as indispensable today as it was decades ago when it was established. »

Dans ce contexte de la montée en puissance de l’offensive-Cameron contre tout retour de l’archipel des Chagos sous la souveraineté de Maurice, conformément aux dispositions de la résolution votée par l’Assemblée générale des Nations unies lors de la séance du 22 mai 2019, ce déplacement américain à Diego Garcia ne peut être considéré comme fortuit vu les liens étroits entre Washington et Londres sur ce dossier.

Toutefois, Maurice, qui a déjà eu l’occasion de dénoncer le Royaume-Uni comme un Rogue State, ne baisse pas pour autant les bras. La carte de la prochaine mission dans les îles de l’archipel pour préparer le projet de resettlement, envisagée depuis la présentation du budget en juin dernier, n’a pas encore été dévoilée par l’Hôtel du Gouvernement, qui a signifié son intention de respecter les principes du Droit international.

Entre-temps, le gouvernement a retenu les services d’une firme américaine de lobbying pour faire avancer sa cause aux États-Unis. Ainsi, au nom de McLarty Inbound, un ancien officiel du US State Department, Richard Burt, s’est vu confier le mandat d’engager des discussions avec des représentants de la Biden Administration depuis la fin de l’année dernière. Cette démarche a été initiée sous les dispositions de la Foreign Agents Registration Act (FARA).

MI, une division de McLarty Associates, entité fondée par un ancien proche collaborateur de l’ex-président Bill Clinton, Thomas McLarty, est rétribuée au coût de $ 35 000 (Rs 1,6 million) par mois « seeking help from State Department and Pentagon officials. »

Parmi les contacts établis, les documents officiels laissent voir des séances de travail avec Laura Cressey, Director of the Office of Regional Security and Arms Transfers au Dapartement d’État, et également en présence de l’ambassadeur de Maurice à New York, Jagdish Koonjul, de même qu’avec des officiels du Pentagone, dont Andrew Winternitz, Principal Director pour l’Europe and NATO Policy, et Kathleen Heesch-Eccles, Foreign Affairs Specialist auprès du Secrétaire à la Défense, et Jason Israel, Special Assistant auprès du président des États-Unis et Senior Director for Defence Policy au sein du National Security Council.

Force est de constater que ces contacts politiques et diplomatiques ont été établis et ont fait l’objet de suivi avant la mission d’Anne Gebhards à Diego Garcia en ce début d’année.

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