Assemblée Nationale – Impressions de séance : Pravind Jugnauth encore et toujours en congrès MSM

Des photos de Navin Ramgoolam en compagnie de Bruneau Laurette et de Jonathan Augustin brandies dans l’hémicycle Le PM balance l’adresse de la mère du bébé malade de l’Oiseau du Paradis “God bless you, you are a great man”, dit Sooroorjdev Phokeer à Paul Bérenger à qui il demandait de quitter l’hémicycle pour des raisons inconnues

Il n’a pas dérogé à sa règle: elle est immuable. Utiliser les débats sur les textes de loi pour tenir des meetings bassement politiques et partisans et visant ses adversaires. C’est ce que Pravind Jugnauth a, de nouveau, fait mardi dernier, lors de son intervention sur le Dangerous Drugs (Amendment) Bill, un texte pourtant sérieux et qui avait jusqu’ici suscité des interventions d’une certaine sobriété.

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Après avoir repoussé la proposition du leader de l’opposition d’une tenue rapide des Assises sur la drogue pour se pencher sur tous les sujets, dont la dépénalisation de cannabis à des fins récréatives et personnelles, il a dit qu’il existe déjà un Conseil qu’il préside qui s’occupe de toutes ces questions.

Après avoir répété ce que son ministre Maneesh Gobin a dit sur le certificat de caractère, qui ne serait pas concerné par ceux qui iront en réhabilitation, le Premier ministre a fait comme s’il était encore et toujours en congrès du MSM.

Le prétexte à cette posture de caisse de savon est que le chef de file du PTr Arvin Boolell, accusé de mener une campagne à la “Goebbels”, avait associé le MSM aux barons de la drogue. Les épithètes et autres formules que lui ont concoctées ses conseillers politiques rétribués des fonds publics vont alors fuser.

Il sera question des “frasques odieuses du Parti travailliste et du PMSD au pouvoir, leur connexion avec la mafia, pas seulement la mafia de la drogue, mais aussi la mafia des jeux dont les activités illicites ont crû monstrueusement entre 2005 et 2014”. Tout ça dit sur un ton persifleur.

La mafia financerait les partis de l’opposition, selon lui, ce qui expliquerait l’absence d’institution de commission d’enquête sur la drogue, malgré les demandes formulées, y compris par le MMM.

Pour Pravind Jugnauth, cela s’explique par la proximité de certains membres de l’opposition avec Bruneau Laurette décisif comme monsieur B.L. et dont le slogan est “BLD, Baron La Drogue !” D’une finesse rare !

Il a aussi parlé “d’Akil Bisessur, d’Ashish Dayal et de Cindy, femme très galante, et de Jonathan Augustin, Monsieur Ti papie”. Il a alors brandi des photos de Navin Ramgoolam et d’autres membres du PTr avec Bruneau Laurette et de Jonathan Augustin avec le leader du PTr.

Et il dira alors qu’il déposait ces photos sur la table de l’Assemblée nationale. Tout en faisant une blague de mauvais goût sur une photo de Bruneau Laurette en compagnie de Stéphanie Anquetil. “Ce n’est pas seulement une proximité. Je ne vais rien conclure de ce que je vois sur la photo”, a déclaré Pravind Jugnauth sous les cris désapprobateurs des membres de l’opposition.

Et de dire, une nouvelle fois, qu’il déposait les photos sur la table de l’Assemblée nationale. Dans tout ce déballage, le Dr Arvin Boolell n’a pas été épargné. Il a tantôt été traité de “field operator, field scavenger, sous-fifre dompté” . Le PM a aussifustigé les avocats du PTr qui défendent les trafiquants de drogue comme Shakeel Mohamed et Neelkanth Dulloo.

“Trempé jusqu’aux os”
Et de conclure que “le Parti travailliste est trempé jusqu’aux os avec la mafia de la drogue” sous les protestations des travées des députés rouges. C’est alors que le leader de l’opposition va questionner l’admissibilité des photos que Sooroojdev Phokeer refuse aux membres de l’opposition (voir plus loin).

Et le Premier ministre est venu défendre son bilan en matière de lutte contre la drogue en disant que de la drogue d’une valeur de Rs 14 milliards a été saisie depuis 2015 et réaffirmer sa détermination à continuer dans cette voie. Il a conclu en revenant sur certaines provisions de la loi. Enfin !

Dans son résumé des débats, le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal a, au moins, fait l’effort de répondre aux points évoqués par les députés de l’opposition et de donner les explications et les clarifications attendues.

Il n’a, toutefois, pu s’empêcher de décocher une flèche du Parthe en direction du député travailliste Ehsan Juman qui avait dit espérer que ceux qui importeront du cannabis médical ne seront pas des bijoutiers ou quincailliers.

Kailesh Jagutpal a dit que le député a oublié d’ajouter aussi ceux “who have been condemned by court for bribery”. Comme on le sait, le député travailliste visé Ehsan Juman a été condamné pour tentative de corruption sur un policier qui l’avait pris en contravention.

Pour cette séance de monopolisation de la parole de la part des membres du gouvernement, trois autres orateurs avaient précédé le PM : Maneesh Gobin, Alan Ganoo et Leela Devi Dookun Luchoomun.

Après le vote avec amendements du Dangerous Drugs (Amendment) Bill, l’Assemblée nationale s’est penchée sur le texte piloté par le ministre Sunil Bholah sur la révision de la Maurtius Standards Bureau Act.

Deux intervenants sur ce MSB (Amendment) Bill, Reza Uteem – qui est revenu sur la démission de Rachida Nanhuck et le rapport de Mauritas sur les manquements de la gestion du MSB, dont la directrice n’est autre qu’un eancienne députée du MSM, Sandhya Boygah – et le ministre Soodesh Callychurn qui a, bien entendu, défendu le texte.

Autre fait notable de cette séance : l’expulsion de Paul Bérenger de l’hémicycle pour des raisons qui restent jusqu’ici mystérieuses. C’était pendant le Prime Minister’s Question Time. Pravind Jugnauth répondait à la question de Stéphanie Anquetil sur le cas de la mère du bébé laissé à sa naissance à l’hôpital Jeetoo. C’est lorsque les députés de la majorité posaient des questions dont les réponses étaient toutes prêtes pour faire passer le temps et ne pas prendre la question de Deven Nagalingum sur les élections municipales.
Vikash Nuckcheddy était à la manœuvre pour demander le nombre de bébés abandonnés depuis… 2010 à ce jour, pendant que plusieurs députés de l’opposition avaient levé la main pour pouvoir adresser des supplémentaires. On a entendu le leader du MMM murmurer sa désapprobation.

Sooroojdev Phokeer s’est subitement énervé et a dit à Paul Bérenger “Be careful”. “I have not said anything !”, a répliqué le député. “Be careful”, a répeté le président de séance à l’adresse du leader du MMM qui s’est interrogé “ki careful ?”
Et l’occupant du perchoir de lui dire “Walk out from here for the rest of the day!”. “Shame ! Enn Speaker, sa? “, a rétorqué le leader du MMM. Et à Sooroojdev Phokeer de continuer “for the rest of the day! God bless you! You are a great man! For the rest of the day, walk out.” En se retirant, Paul Bérenger lâchera “laisse bondie deor ! Shame on you !” On en rirait si ce n’était pas une grave entorse à la démocratie parlementaire.

“This is not correct”
Autre incident qui a émaillé cette tranche : le déballage du PM sur la mère du bébé abandonné à sa naissance à l’hôpital Jeetoo. Il a ainsi donné l’adresse exacte de la maman, ce qui a provoqué l’indignation du leader de l’opposition qui a relevé que c’était inapproprié.

“You do not give the address. This is not correct, accept it, to provide the address of this vulnerable person here in this House! She has not asked for her address to be published. I think you should, in all humility, say that you will not do so again”, a lancé, avec raison et calme, Xavier Duval. Décontenancé, Pravind Jugnauth s’embarquera dans une attaque personnelle, en invitant le leader de l’opposition à aller prendre du Xanax.
La PNQ sur le Logement, en début de séance, a été un exercice poli sans grand contenu informatif. Accusé d’amateurisme, Steve Obeegadoo n’a pu donner des précisions sur son projet des 12,000 logements et les prix réels que paieront d’éventuels acquéreurs.SOOROOJDEV PHOKEER DOIT AU MOINS DES EXCUSES……pour avoir lancé un “shut up” au leader de l’opposition, mardi

SAJ avait, en 2015, dû retirer un “shut up” adressé à Rajesh Bhagwan

L’incident survient alors que Pravind Jugnauth est en pleine séquence de piques contre le Parti travailliste et que les photos qu’il brandit montrant Navin Ramgoolam avec des présumés trafiquants de drogue suscitent des cris de désapprobation.
Le leader de l’opposition intervient pour rappeler à la présidence que, plus tôt le matin, il avait statué qu’un article de presse qu’il avait déposé n’était pas authentifié et qu’il l’avait donc rejeté.

Et de demander, à son tour, d’où viennent ces photos et qui les a prises. “C’est la position que vous avez adoptée à mon égard. Vous avez changé votre ruling ? Donc on pourra tous venir ici avec des photos ?”, a lancé Xavier Duval.

Sooroojdev Phokeer a, alors, trouvé une échappatoire pour dire que le PM, comme d’autres, n’avait fait que montrer des photos sans dire qu’il les déposait sur la table de l’Assemblée nationale. Et ce, sur un ton des plus énervés et en haussant le ton. Parce que, comme mentionné plus haut, Pravind Jugnauth a bel et bien dit qu’il déposait les photos brandies.

“Why are you shouting?”, devait lui demander le leader de l’opposition. Piqué au vif, Sooroojdev Phookeer a dit qu’il ne vociférait pas mais qu’il était en train, de “causing you to understand the truth !”

Les échanges devaient se poursuivre sur le même ton d’animosité entre les deux protagonistes, le leader de l’opposition insistant sur les vociférations dérangeantes de la présidence en lui disant “I am not deaf like you !” et Sooroojdev Phokeer de lui répondre :

“Shut up ! You shut up !”.
Vu le climat de foire du Sun Trust qui régnait alors, il ne s’est trouvé aucun parlementaire et encore moins le Mister point of order, Alan Ganoo pour demander au Speaker qu’il retire le “shut up” déplacé qu’il avait à deux reprises lancé à la figure du leader de l’opposition.
Or, il existe un ruling de la prédécesseure de Sooroojdev Phokeer, Maya Hanoomanjee, qui stipule que le terme “shut up” ou sa version kreol “bous to lagel” ne sont pas admissibles au Parlement.

Le 20 octobre 2015, durant des échanges autour d’une question parlementaire, Sir Anerood Jugnauth, dont on connaissait la légendaire rudesse de propos, avait tenu de faire taire le bouillant député du MMM avec un “shut up”. Ce qu’avait contesté l’élu du no 20.
Si la Speaker d’alors n’avait pas réagi dans l’instant, elle devait, quelques heures plus tard, évoquer l’incident et demander au PM d’alors s’il avait bien prononcé les mots incriminés.

Beau joueur, SAJ a reconnu avoir dit “I told him to shut up.”
“The words shut up are not in order : kindly withdraw the above words”, avait statué Maya Hanoomanjee. Le PM d’alors avait, en effet, présenté ses excuses et retiré ses propos.
Il sera intéressant de voir la posture qu’adoptera Sooroojdev Phokeer à la séance du 25 novembre. Il doit au moins des excuses au leader de l’opposition et à la Chambre et, s’il avait un iota de décence et de respect pour l’Assemblée nationale, il tirerait les conséquences qui s’imposent et libérerait le perchoir.

VIVEMENT LE KREOL AU PARLEMENT ! : Hier, les “gestures” ; aujourd’hui, “you lose point”

“Yes, you lose point !” Expression utilisée par Sooroojdev Phokeer à l’adresse de Xavier Duval durant les incidents qui ont ponctué l’intervention du PM sur le Dangerous Drugs (Amendment) Bill. L’expression kreol “pe perdi pwin” traduit littéralement par celui qui, de l’appareil du MSM, a été installé Speaker.
Vivement le kreol pour que ceux qui n’arrivent pas à s’exprimer dans un anglais ou un français intelligibles et qui massacrent ces langues puissent être à l’aise dans la langue nationale.
De toute façon, la reconnaissance du kreol est “long overdue”, pour reprendre une formule bien anglaise celle-là. La population tout entière réclame cela, surtout depuis que les débats sont retransmis en direct.
Cela n’est pas sans rappeler une autre occurrence similaire survenue dans la nuit du 4 au 5 avril 2017 lorsque le Parlement débattait de la motion de censure de Shakeel Mohamed contre la Speaker Maya Hanoomanjee.
Comme celle-ci ne pouvait arbitrer une motion la concernant, c’est le Deputy Speaker Sanjeev Teeluckdharry qui avait pris la suite d’Adrien Duval lorsque le PMSD avait quitté le gouvernement.
Des remarques fusent de part et d’autre durant l’intervention de Leela Devi Dookun-Luchoomun qui prend la défense de Maya Hanoomanjee. Le Deputy Speaker s’en prend alors au leader du MMM et lui dit “don’t make gestures with me”, avant de l’expulser de l’hémicycle.
C’était cette fois la reprise de “aret fer zes ar moi.” On sait que de nombreuses perles peuvent sortir de la bouche de certains élus qui étalent avec une rare arrogance leur manque de culture et d’instruction, mais lorsque cela vient de ceux qui sont censés les recadrer, c’est qu’il y a définitivement un problème.

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