ASSEMBLÉE NATIONALE : Showkutally Soodhun fait amende honorable

C’est à l’item de l’explication personnelle que le vice-Premier ministre et ministre des Terres et du Logement est revenu sur son trou de mémoire de la semaine précédente à l’Assemblée nationale mardi dernier. Showkutally Soodhun a, en effet, dû reconnaître que, contrairement à ce qu’il avait affirmé à deux reprises, il était bel et bien ministre en février 2011 au moment où la compagnie qu’il dirigeait a sollicité une demande d’excision au profit de la Société Mohamed Umeir Ibne Showkut. Dans ses explications, le ministre a dit que c’est « in the heat of the debate » qu’il a lancé qu’il n’était pas ministre à l’époque de cette demande et qu’il voulait insister sur le fait qu’il n’était pas, alors, ministre des Terres et du Logement. Faisant amende honorable, le ministre a dit que ce n’était pas dans son intention d’induire la Chambre en erreur, d’autant que le fait qu’il était ministre est du domaine public.
C’est alors qu’il répondait à une question de Reza Uteem le 26 avril dernier sur la modification du bail de la société de son fils en août 2015, date à laquelle il était, cette fois, ministre des Terres, que Showkutally Soodhun a avancé qu’il était très loin des centres décisionnels lorsque le dossier avait été traité en février 2011, l’idée qu’il voulait véhiculer étant, on l’aura compris, qu’il est absolument étranger à cette affaire.
La séance s’est ouverte avec la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Paul Bérenger, qui était axée sur le dossier BAI et sur le sort des déposants du Super Cash Back Gold. Roshi Bhadain à qui cette interpellation était adressée s’est vite fait taper sur les doigts par la Speaker suite à une protestation de Paul Bérenger selon laquelle le ministre perdait du temps en revenant sur l’historique de l’affaire BAI au lieu de répondre aux questions précises qui lui ont été posées.
La « confidentialité » comme paravent
Il a dû ainsi entrer dans le vif du sujet et indiquer qu’il reste 5 371 personnes qui attendent d’être remboursées. D’autres chiffres communiqués par Roshi Bhadain : 10 211 personnes ont déjà bénéficié d’un paiement, 223 autres ont été considérées comme inéligibles à un remboursement et 689 dossiers ont été référés à la Financial Intelligence Unit pour enquête.
Le ministre a également laissé entendre que les négociations en vue de la vente de l’hôpital Apollo Bramwell sont en bonne voie et que le deal pourrait être bientôt conclu pour un montant de 60 millions USD. On aura aussi noté que Roshi Bhadain a une nouvelle fois critiqué la Banque de Maurice pour la gestion de deux dossiers, la vente de BA Exchange et le transfert de Bramer au National Properrty Fund.
Pas de réponses élaborées, par contre, à d’autres questions supplémentaires du leader de l’opposition comme celle sur la vente de Britam Kenya au nom de la confidentialité, argument qui a été utilisé comme paravent pour ne pas donner de détails sur des transactions dans lesquelles et le gouvernement et l’argent public sont concernés.
Le Prime Minister’s Question Time (PMQT) aura été marqué par les interpellations de deux députés du MMM, Veda Baloomoody sur l’affaire Youshreen Choomka et Rajesh Bhagwan sur la télévision privée. Sur la saga Youshreen Choomka, Sir Anerood Jugnauth s’en est pris à la présidente de l’Independent Broadcasting Authority passée au poste de directrice en affirmant sur un ton des plus catégoriques que, contrairement à ce qu’elle a soutenu, elle a dû savoir que c’est bien pour le poste de directrice de l’institution qu’elle préside qu’elle avait fait acte de candidature.
A d’autres questions sur le même sujet du député Baloomoody comme l’accès au questionnaire des entretiens d’embauche, le chef du gouvernement a dit ne pas être au courant de tous les détails du dossier. A ceux qui ont mis l’accent sur le fait que deux organismes enquêtent sur cette affaire, l’EOC et l’ICAC, et que cela était suffisant pour que le PM demande à la nouvelle directrice de se retirer, Sir Anerood Jugnauth a répondu que « it is not my duty to do that ». Ce qui n’a pas manqué de provoquer des réactions indignées des bancs de l’opposition.
Quant à l’avènement de la télévision privée, SAJ a déclaré qu’aucune offre n’a, à ce jour, été reçue pour la privatisation de certaines chaînes de la MBC et qu’une étude sera réalisée en vue d’établir les préférences des téléspectateurs. Le Premier ministre a, de plus, affirmé ne pas être au courant de l’intérêt manifesté par le groupe NRJ pour opérer une chaîne radio et un canal télé, mais qu’il se penchera certainement sur ce dossier.
Toujours au PMQT, deux questions sur le law and order, l’une du député du MSM, Sudhir Sesungkur, sur les agressions perpétrées sur les chauffeurs de taxi et d’autobus qui a permis au Premier ministre de révéler que, de juillet 2012 à avril 2016, 212 cas ont été recensés et qu’au lieu de durcir les lois, il est plutôt de la responsabilité des tribunaux de les appliquer dans toute leur rigueur. Et, l’autre, du député travailliste Ritesh Ramful sur les enquêtes diligentées sur la police, à qui SAJ a répondu qu’il y a eu pas moins de 693 cas rapportés de mars 2015 à avril 2016 à la Commission nationale des droits de l’Homme, avec 366 plaintes rejetées, quatre retirées et une référée au DPP, alors que les enquêtes se poursuivent dans les autres affaires. SAJ en a profité pour réitérer l’intention de son gouvernement de créer une commission spécifique avec un ex-juge à sa tête pour entendre les doléances contre des policiers.
Héritage City : loyers élevés
Il coûtera plus cher de se loger à Heritage City. C’est ce qui ressort de la réponse fournie par Roshi Bhadain à une question que lui a posée le député du MMM Aadil Ameer Meea. En effet, le loyer variera entre Rs 41 et Rs 45 le pied carré dans le nouveau centre administratif contre Rs 34 actuellement à la SICOM Tower, à Ebène, qui héberge d’ailleurs le ministère des Services financiers.
En sus du bureau du Premier ministre et du siège du Parlement, les services qui éliront domicile à Heritage City sont ceux des ministères du Logement, des TIC, des Finances, des Services financiers, des Affaires étrangères, des Administrations régionales, le bureau de l’Attorney General et une partie du State Law Office. Le ministre Bhadain a, par ailleurs, indiqué que le ministère de l’Environnement a également exprimé le souhait de déménager au lieu qu’on appelle Minissy.
C’est, par ailleurs, confirmé, l’Ajinomoto sera interdit à l’importation. Le ministre du Commerce, Ashit Gungah, l’a indiqué au Dr Zouberr Joomaye tout en précisant que cette mesure ne concernera pas les produits importés contenant cette substance. L’auteur de la question a souligné le fort taux de sodium comme un facteur favorisant l’hypertension qui affecte des milliers de Mauriciens.
Le National Wage Council présenté en marge du 1er-Mai étant vivement contesté au point d’être remis sur la table des discussions entre le ministre du Travail Soodesh Callychurn et les syndicats, un seul texte a été considéré lors de la dernières séance, le National Women Council (Amendment) Bill présenté par la ministre Aurore Perraud. C’est le député du MMM, Veda Baloomoody, qui a donné le coup d’envoi des interventions en disant y être favorable, non sans avoir manifesté certaines appréhensions, parmi lesquelles que ce conseil ne soit utilisé à des fins partisanes.
Pléthore d’intervenants ensuite, Rubina Jadoo-Jaunbaccus, Leela Devi Dookun-Luchoomun, Fazila Daureeawoo, Marie Claire Monty, Sandhya Boygah, mais aussi leurs collègues masculins, Soodesh Rughoobur, Stéphane Toussaint, Ritesh Ramful et Francisco François. Ce dernier en a profité pour faire part de son rêve de voir une femme accéder au poste de Premier ministre.
La prochaine séance parlementaire a été fixée au 17 mai. L’impasse faite sur les travaux de mardi prochain est due à la tenue sur notre sol de la conférence internationale sur l’arbitrage et la visite, dans ce cadre, du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Ban Ki Moon. Il faut ajouter qu’en matière de propositions de lois, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les parlementaires.

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