BUDGET 2014 : Paul Bérenger ne prévoit aucune relance de l’économie qui, selon lui, demeurera « en panne »

Commentant le budget 2014 présenté, vendredi, par le ministre des Finances, Xavier Duval, Paul Bérenger, leader de l’Opposition et du MMM estime que l’économie demeurera en panne puisqu’il n’y aura pas, selon lui, de relance. Selon le leader de l’Opposition, le ministre des Finances n’a pas eu les coudées franches pour présenter un budget de son cru. Il en veut pour preuve le fait que Xavier Duval se soit empressé de déclarer à la presse, juste après son discours, que le budget présenté était celui du gouvernement. Paul Bérenger va jusqu’à affirmer qu’il a cru déceler, tout au long du discours du ministre, que « le coeur n’y était pas ». Il soupçonne aussi que c’est le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui a suggéré, entre autres, à Xavier Duval de présenter la réactivation des anciens clubs de football comme d’une « bold decision » ainsi que la mesure visant à autoriser la télévision privée néanmoins interdite de diffuser de l’information.
Paul Bérenger juge « défaitiste » l’insistance  du  ministre des Finances, Xavier Duval, sur le fait que les 3,2% de croissance de cette année sont « a good 3.2% growth ». Il souligne, à cet effet, que la croissance moyenne en Afrique subsaharienne qui est estimé à 4,9% pour 2013 sera de 5,3% l’an prochain. Il cite de même la Tanzanie avec un chiffre de 7% pour cette année. Le leader de l’Opposition se montre pessimiste que Maurice arrive à atteindre l’estimation de GDP Growth de 3,5 à 4% avancé par Xavier Duval pour l’an prochain.
Selon lui, même si le pays parvenait à atteindre un tel taux de croissance, cela ne résoudra pas, pour autant, le problème du chômage ainsi que celui de la pauvreté. Il soutient qu’il faut, pour cela, dépasser la barre des 5% comme cela a, déjà, été le cas dans le passé. Chose qui, dit-il, est encore à notre portée. Pour lui, le « manque d’ambition » du ministre fera qu’il n’y aura pas de relance de l’investissement tant privé que public. Il prévoit la persistance du manque de confiance. Ce qui, selon lui, ne permettra pas au pays de se donner les moyens de se relever.
Paul Bérenger parle, par ailleurs, de « confusion totale » en matière de déficit budgétaire. Il se demande si l’argent des fonds spéciaux ont été comptabilisés dans les chiffres du budget. Alors que, dit-il, l’on ne voit plus clair, il cite, entre autres, Reuters qui, hier matin, a évoqué le chiffre de 3,7% comme déficit budgétaire. Selon lui, cela devrait tenir en compte le déficit des fonds spéciaux. Le leader de l’Opposition note aussi qu’en matière de déficit budgétaire, toujours, aucun chiffre n’est avancé pour 2014.
Il parle, d’autre part, « d’occasion ratée » avec le maintien, par le Petroleum Pricing Committee (PPC), des prix des produits pétroliers à la pompe au moment même où, explique Paul Bérenger, les prix sur le marché mondial sont au plus bas. Il explique, sous ce rappoirt, qu’une éventuelle baisse aurait eu un effet d’entraînement général. Or, poursuit le leader de l’Opposition, non seulement les prix à la pompe n’ont pas baissé, une « levy » de Re 1.00 par litre de produits pétroliers a été imposée dans le budget présenté, vendredi, rien que pour, selon lui, permettre à la Corporation Nationale de Transport (CNT) de renouveler sa flotte d’autobus.
« Absence sans précédent de Bheenick »
Au chapitre des services financiers, Paul Bérenger parle de « chef-d’oeuvre » avec l’absence de toute référence au Traité de Non-double Imposition fiscale avec l’Inde. Il note, en revanche, que le ministre des Finances n’a pas confirmé la fusion de la Financial Services Commission (FSC) avec la Banque de Maurice (BoM). Le leader du MMM ne manque pas, à ce stade, de souligner l’absence du gouverneur de la BoM, Rundheersing Bheenick, vendredi après-midi, à l’Assemblée nationale lors du discours budgétaire de Xavier Duval.  Ce qui, trouve-t-il, est un événement « sans précédent ».
Rappelant que le précédent gouvernement MSM/MMM avait créé, à l’époque, la Mauritius Post and Cooperative Bank (MPCB) pour venir, particulièrement, en aide, aux petits planteurs et aux PME, Paul Bérenger s’interroge sur ce qu’est advenu du projet gouvernemental de transformer la Banque de Développement (DBM) en une banque des PME. Il concède, au passage, que ce qui a été annoncé  en faveur des PME tout comme en matière de logement semblent interessants pour autant que les mesures annoncées ne soient pas que de simples effets d’annonce.
Paul Bérenger trouve, en revanche, « révoltant » que Xavier Duval ait, selon lui, repris à son compte ce qu’aurait suggéré nul autre que le Premier ministre, Navin Ramgoolam en matière de télévision privée destinée à ne diffuser que des films, du sport et des émissions de loisirs mais pas de l’information. « Cela constitue une honte pour Xavier Duval et le PMSD », s’insurge le leader du MMM qui dénonce le fait que le « monopole fasciste de la MBC/tv » va perdurer.  Paul Bérenger rappelle qu’au gouvernement, le MSM/MMM avait permis les radios privées.
Le fait que, par ailleurs, l’annonce du projet de « Nine Year Schooling » soit arrivé, contre toute attente, en clôture du discours budgétaire au moment où le ministre procédait déjà aux remerciements n’est pas aussi du goût du leader de l’Opposition. Autre mesure annoncée pour laquelle Xavier Duval semble ne pas prendre la pleine mesure de la portée, selon Paul Bérenger: la réactivation des anciens clubs de football. « On est en train de jouer avec le feu », estime, sous ce rapport, le leader de l’Opposition. Il soupçonne, là encore, que c’est le chef du gouvernement qui aurait suggéré au ministre des Finances de présenter cette mesure comme étant une « bold decision ».
« Télé privée interdite d’infos »
Tant pour la télévision privée interdite de diffuser de l’information, Paul Bérenger note qu’à hier, aucun commentateur de presse n’a jugé utile de relever le fait qu’avec un tel projet de réactivation des anciens clubs de foot, l’on s’apprêtait à « remettre en marche la machine infernale ». Il assure avoir vu ce qu’il appelle les « pires faucons travaillistes » ricanner lors de l’annonce de cette mesure susceptibles, souligne-t-il, de mettre à mal l’unité inter-communautaire dans le pays. 
Le fait que Xavier Duval s’est empressé de préciser à la presse, après son discours, qu’il s’agissait du « budget du gouvernement » est aussi commenté par le leader du MMM. Ce dernier note que, pour la première fois, il est précisé, en couverture de la « paper copy » du budget, que le document était, en fait, le « Budget of the Government of Mauritius ». « Cela sous-entend, selon Paul Bérenger, que le discours prononcé par Xavier Duval n’est pas le « doing », soit,  que le ministre des Finances n’a pas eu les coudées franches pour inclure tout ce qu’il souhaitait, personnellement, dans le discours. « C’est la seule interprétation », assure Paul Bérenger.
Comme pour enfoncer le clou, le leader du MMM assure que, fort de son expérience en « body language », il a cru déceler, lors de l’exercice, vendredi, à l’Assemblée nationale, que « le coeur n’y était pas », d’une part, du côté de Xavier Duval alors que, selon lui, tout au long du discours du ministre des Finances, le Premier ministre, Navin Ramgoolam n’a pas cessé de « bouder ». Pour le leader de l’Opposition, il est évident que le ministre des Finances a subi des pressions  pour la présentation de ce budget  2014.Ce dernier n’a pas, tout aussi, selon Paul Bérenger, mesuré la pleine portée de certaines mesures qu’il a dû présenter.
Tout compte fait, le leader de l’Opposition trouve qu’avec le budget présenté, vendredi, l’économie demeurera en panne puisqu’il n’y aura pas de relance. Comme le leader du Remake 2000, il estime, lui aussi, que le plus tôt un nouveau gouvernement s’installe, le mieux ce sera pour la relance de la croissance.

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