Enjeu politique — Compte à rebours des prochaines législatives : Le budget ou l’Extra Electoral Mileage

Le ministre Padayachy à Week-End : « Notre ADN politique demeure la valorisation du capital humain et la réduction des inégalités Partielle trompe-l’oeil au No 10 : la fin de la récréation sonnée avec la publication du Writ probablement ce dimanche soir    La présentation par le Leader of House, Pravind Jugnauth, du projet de loi mort-né de The Political Financing Bill sous forme d’acte de dissolution de l’Assemblée nationale en juillet

 L’embellie sur le front politique dans le sillage des rassemblements de la fête du Travail du 1er Mai à Vacoas et à Port-Louis devra très vite se dissiper. Des observateurs politiques avertis avancent qu’au terme des dispositions de la section 56 (4) de la Constitution et de la clause 41 (2) de The Representation of the People Act, une nouvelle étape devra intervenir à plus ou moins brèves échéances. Certes, la tenue de cette élection partielle à Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (No 10), suite à la démission de l’ancien ministre de l’Agro-Industrie, Vikram Hurdoyal, donnée comme aléatoire politiquement dans la perspective des prochaines élections générales, devra être formellement précisée incessamment.

- Publicité -

Se profile à l’horizon le prochain budget, avec Lakwizinn du Prime Minister’s Office et les éventuels candidats de l’alliance de la majorité anticipant un extra electoral mileage avec le fifth and final budget speech du Grand Argentier, Renganaden Padayachy, de ce présent mandat, annoncé pour le début de juin. Et à coup sûr, comme un scénario inépuisable, la présentation par le Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, de The Political Financing Bill, ou encore le Political Stillbirth Bill, se présentant sous la forme d’un acte de dissolution de l’Assemblée nationale se fera vers la mi-juillet. Très probablement, les élections générales, avec plus d’un million d’électeurs inscrits pour la première fois, seront susceptibles d’être organisées dans la quinzaine suivant l’entrée en vigueur des nouveaux registres d’électeurs dans les circonscriptions redécoupées le 16 août.

Cette séquence de dates menant au scrutin des prochaines législatives, jusqu’ici gardées jalousement sous couvert des prérogatives constitutionnelles du Premier ministre, se dévoileront au compte-gouttes, avec une première étape dès la soirée de ce dimanche. D’aucuns affirment que Pravind Jugnauth pourrait rééditer le timing de la révocation surprise et jamais justifiée officiellement de l’ancien ministre de l’Agro-Industrie, Vikram Hurdoyal, dans la soirée de ce dimanche, soit le dimanche 11 février.

En effet, le Premier ministre s’évertue de jouer la montre pour la publication du Writ de l’élection partielle au No 10. Mais en ce dimanche 11 mai, il ne reste que quelques heures encore pour cette étape portant les dates du Nomination Day et aussi du Polling Day. Le choix tactique du Premier ministre pourra être de fixer le plus loin possible du dépôt des candidatures à Montagne-Banche/GRSE. Mais pas plus tard que le 13 juillet, affirment des spécialistes en matière de droit électoral.

Ainsi, à cette dernière date, l’Assemblée nationale aura déjà adopté les Budget Estimates pour l’exercice financier 2024-25 et très probablement le Finance Bill, donnant force de loi aux mesures préconisées dans le budget. Comme urgent business matters à l’agenda parlementaire restera le Political Financing Bill, inscrit au nom du Premier ministre.

Electoral clock

La date limite pour soumettre au Prime Minster’s Office des réactions et des commentaires sur les propositions de financement politique expire demain, lundi 13. S’il est vai que les principaux blocs politiques, en particulier le Parti Travailliste et le MMM, ont déjà signifié leur intention de retirer leur soutien parlementaire au projet d’amendement constitutionnel relatif, l’Hôtel du Gouvernement compte aller au moins jusqu’aux débats en deuxième lecture de The Political Financing Bill. Sur l’intervention en prime time de Pravind Jugnauth pour une opération Devid Kof For Navin. Quitte à réclamer le retrait du texte de loi jusqu’avant l’étape de la mise au vote au Parlement.

Les aiguilles de l’electoral clock auront alors indiqué au plus tôt la mi-juillet, laissant la place à l’imminence de la dissolution du Parlement pour ouvrir la porte aux élections générales sur la base des nouveaux registres d’électeurs ayant force de loi dès la mi-août.

En parallèle, dès le début de cette semaine, le ministre des Finances s’apprête à s’enfermer avec ses plus proches collaborateurs de la Budget Cell pour faire le tri et s’engager dans un exercice de cost evaluation des propositions budgétaires présentées par les différents stakeholders, dont ses collègues du Cabinet. À Week-End qui l’interrogeait à la mi-journée hier, Renganaden Padayachy a fait comprendre que la date du Budget Day n’a pas encore été communiquée officiellement au conseil des ministres.

« Après avoir écouté les différentes parties, nous allons évaluer les propositions dans une perspective d’arbitrage budgétaire. Cette étape de tri devra être complétée dans un délai d’une semaine. En même temps, nous nous pencherons sur le volet des revenus escomptés, des projections de l’évolution de l’économie et des indicateurs en vue d’accommoder dans la mesure du possible les propositions. Encore une semaine alors que nous poursuivrons la rédaction du Budget Speech. Puis, il faut aussi compter sur les consultations sur les détails du budget avec le Premier ministre », fera comprendre le ministre des Finances.

Même si les dates du jeudi 6 ou du vendredi 7 juin sont évoquées, le ministre des Finances répondra à Week-End que « d’habitude, cet exercice est entamé au début de juin. Mais à ce stade, la question n’a pas encore été prise formellement avec le Premier ministre. » Entre-temps, il n’est pas exclu que dans les prochains jours, le calendrier des débats sur le budget 2024-25 soit établi dans les grandes lignes pour permettre au Speaker’s Office de prendre des dispositions pour le mois de juin.

Le Grand Argentier concédera que même si la préparation du budget 2024-25 se déroule dans une conjoncture quelque peu spéciale avec la tenue des prochaines élections générales en ligne de mire, « ce n’est pas pour autant aussi difficile. » « Le plus difficile aura été la période de la pandémie de Covid-19 caractérisée par une absence totale de visibilité sur tous les plans. Aujurd’hui, le fait indéniable est que nous sommes sortis de la période noire du Covid-19 avec une forte croissance économique en plus », ajoutera-t-il.

« Nous travaillons sur un budget de continuité pour répondre aux attentes de la population de même qu’aux opérateurs économiques. Ce sera un budget tourné vers l’avenir tout en tenant en ligne de compte les défis tels que les effets du changement climatique ou encore de la compétitivité, notamment des exportations », poursuivra-t-il.

Budget
de continuité

À la question si le cinquième budget du gouvernement de l’Alliance Morisien, à la veille des prochaines élections générales, portera une touche de « labous dou ou de defons lakes », le ministre dira : « J’ai entendu et j’entends encore ce genre de commentaires et d’autres encore. Que puis-je faire ? Je ris. Vous n’êtes pas sans savoir qu’un budget est un signe de continuité. Nous traversons une période de forte croissance économique. Nous en profitons pour ramener l’endettement national à la baisse et consolider la résilience de l’économie et améliorer l’ease of doing business. »

Et à ses collègues de la majorité gouvernementale au sujet de cet extra electoral mileage que pourra procurer le budget pour le prochain exercice financier, Renganaden Padaychy affirmera que « notre ADN politique demeure la revalorisation du capital humain et la réduction des inégalités socio-économiques. Un budget c’est très important et nous allons dans la mesure du possible répondre aux attentes. Nous avons aussi pour objectif de faire de Maurice une terre fertile pour les affaires. Force est de constater que la croissance à Maurice est basée sur es investissements et les exportations. Et ce sont nos seules richesses. » À ce dernier chapitre, le Grand Argentier se félicitera de la poussée enregistrée au niveau du Foreign Direct Investment (FDI) avec la barre des Rs 40 milliards envisagée.

D’ici au Budget Day, les spéculations et les conjectures autour des mesures budgétaires, avec pour toile de fond les prochaines élections, ne feront que s’accentuer, même si deux facteurs peuvent difficilement être relégués au second plan, soit une enveloppe dépassant largement les Rs 60 milliards pour assurer le financement des nouveaux barèmes de la pension de Rs 13 700 pour ceux âgés de 60 ans jusqu’à Rs 28 710 pour les centenaires de plus en plus nombreux et la Pubic Sector Debt de Rs 524,7 milliards au 31 mars dernier, soit une hausse de Rs 12,5 milliards pour les trois premiers mois de cette année.

Dette : les prévisions largement dépassées

   Au 31 mars, le montant de la Pubic Sector Debt était de Rs 524,7 milliards, alors que le budget avait indiqué Rs 516,5 milliards jusqu’à fin juin prochain

La fin du présent exercice financier est dans sept semaines. Ni trop tard ni trip tôt pour dresser un premier bilan en attendant l’opération d’envergure Tap Latab à l’Assemblée nationale pour le Budget Speech. Un item qui fait partie de l’héritage devant être légué aux générations à venir n’est autre que l’endettement national. La rhétorique officielle fait que le niveau de la dette est comparé à l’évolution du Produit intérieur brut (PIB). Ce qui fait que le yo-yo des pourcentages projette une lumière sensiblement optimiste de cet indicateur économique majeur.

Par contre, la réalité nominale des chiffres génère un effet contraire, voire très inquiétant. Au 31 mars, le montant de la dette publique est de Rs 524,7 milliards, représentant 78,3% du PIB. Certes, le Public Sector Debt as % of GDP de septembre de l’année dernière était supérieur à celui de mars dernier. Donc, la politique déclarée de maîtrise de la gestion de la dette rapporte des dividendes.

Mais est-ce vraiment le cas ? Les données officielles du ministère des Finances peuvent donner lieu à d’autres interprétations susceptibles de froisser les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office. Et pourquoi pas aux Finances ? D’abord, la dette publique de Rs 524,7 milliards à la fin de mars dernier confirme un dérapage majeur.

Dans le budget 2023-24, le ministre des Finances avait prévu une Public Sector Debt (Gross) de Rs 516,5 milliards, représentant 71,5% du PIB au 30 juin prochain. Ainsi, à la fin du troisième trimestre du présent exercice financier, la Public Debt Overshooting est de Rs 8 milliards comparativement aux Budget Estimates. Ainsi, l’on notera qu’au cours de ces neuf premiers mois de l’année financière, la dette aura augmenté de l’ordre de Rs 40 milliards, soit presque Rs 21 milliards de plus que les forecasts dans le budget.

La dette publique au 30 mars dernier se décline comme suit, avec entre parenthèses les montants arrêtés dans le budget 2023-24 :

l Public Sector Debt (Gross) : Rs 524,7 milliards (Rs 516, 9 milliards), dont

l la Budgetary Central Government Domestic Debt : Rs 377,8 milliards (Rs 352,7 milliards) avec le fait qu’à mars derniers les Treasury Bills et autres instruments à court terme étant de Rs 46 milliards contre des prévisions budgétaires de Rs 30,6 milliards au 30 juin prochain et des Treasury Notes de Rs 70,7 milliards contre Rs 61,5 milliards pour la période s’étendant jusqu’au 30 juin prochain ;

l une dette étrangère de Rs 85,6 milliards au 31 mars contre des prévisions de Rs 95,7 milliards au 30 juin prochain. Toutefois, la prochaine signature d’un accord de l’ordre de 200 millions de dollars américains (plus de Rs 9 milliards) avec la Banque mondiale pour les travaux d’extension de l’aéroport régional Plaine-Corail à Rodrigues devra mettre le compte à point ou

l encore une Public Enterprises Debt de Rs 61,2 milliards à la fin de mars contre des estimations de Rs 67,9 milliards pour l’ensemble de l’exercice financier.

Dans le rouge

Ainsi, au 31 mars, même le ratio de la dette par rapport à un PIB, en nette progression de 78,3%, falls short du target de 71,5% au 30 juin prochain, chiffre retenu dans le budget.

D’autre part, les dettes de Rs 612 milliards contractées par les corps parapublics sont presque équitablement réparties entre des emprunts contractés sur le plan local et sur le marché international, soit Rs 30,8 milliards et Rs 30,4 milliards respectivement. Aussi paradoxal que cela puise paraître, le Central Electricity Board (CEB), qui affichait il y a quelques années de cela un balance sheet des plus robustes, se retrouve en situation de détresse financière avec des dettes de Rs 10 milliards, dont Rs 6,8 milliards auprès des institutions financières locales.

Cette nette détérioration de l’état financier du CEB est en contraste avec la performance positive réalisée par la State Trading Corporation (STC) au cours des derniers neuf mois. L’endettement de la STC a été réduit, passant de Rs 8,1 milliards à la fin de septembre de l’année dernière à Rs 3,2 milliards au 31 mars dernier. Évidemment, ce redressement a été rendu possible sur le dos des consommateurs, qui ne cessent de réclamer une révision du prix du litre d’essence à la pompe.

MauBank, séquelle du démantèlement de l’empire BAI en avril 2015, est toujours dans le rouge avec un endettement total de Rs 7,8 milliards, dont Rs 4,7 milliards de l’étranger, dette garantie par le gouvernement également pour les Rs 3,1 milliards sur le plan local.

L’ardoise des autres corps paraétatiques s’établit comme suit :

l SBM (Mtius) Infrastructure Development Co. Ltd. : Rs 17,8 milliards pour le financement de projets sous la ligne de crédits accordée par le gouvernement indien, dont Metro Express et les 8 000 unités de logement social

l la Banque de Développement : Rs 4,2 milliards sans la garantie du gouvernement

l Mauritius Telecom : Rs 3,5 milliards de dette étrangère

l Airport Terminal Operations : Rs 3,2 milliards sans la garantie du GM sur le plan local

l Airports of Mauritius : Rs 1,2 milliard de dette étrangère

l State Investment Corporation : Rs 1,7 milliard

l Industrial Finance Corporation : Rs 1,3 milliard.

Les autres sont sous la barre de Rs 1 milliard, dont le Sugar Investment Trust (Rs 850 millions), la Mauritius Housing Company (Rs 452 millions), Landscope Mauritius Ltd (Rs 443 millions) ou encore Grand-Baie Casino (Rs 342 millions).

La foule de Vacoassoigneusement scrutée

L’état-major du MSM au Sun Trust scrute soigneusement depuis la tenue du meeting du 1er mai la foule qui était présente au rassemblement de Vacoas. L’on est d’avis que la mobilisation dans les régions rurales s’était avérée payante. Cet exercice viserait aussi à identifier les faiblesses à corriger durant les prochaines semaines sur le terrain dans cette ligne droite finale vers les prochaines élections générales.

L’analyse de ces rapports des forces permettra ainsi au MSM de tenter de revoir son political mileage entre les circonscriptions No 4 à No 14, ayant raflé 30 des 33 sièges à prendre au scrutin du 7 novembre 2019. D’ailleurs, Lakwizinn du PMO aurait déjà dans le viseur les « non-ticketables » du gouvernement et un exercice de head hunting pour de nouveaux candidats, le MSM devant procéder à l’installation d’une nouvelle vitrine politique pour les prochaines législatives.

Le Modus de campagne
de Vikash Peerun fait sourciller

Le Chairman du National Insurance Company (NIC) Group, Vikash Peerun, ancien candidat battu du MSM au No 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) lors des législatives de 2019, fait sourciller plusieurs députés et aspirants candidats du parti pour son modus de campagne préélectorale. Le principal concerné s’est visiblement lancé dans une opération d’image building se mettant en avant dans la présentation du bilan financier du NIC Group. Il utiliserait déjà sa posture de patron de la compagnie d’assurance pour être de plus en plus présent sur le terrain, surtout avec des élus du MSM, vêtu en orange en quelques occasions. Il est aussi très en vue dans la circonscription No 18 avec la sponsorisation récente de l’équipe quatre-bornaise West Ham United aussi sur le plan socioculturel avec la Voice of Hindu.

Lillka Cuttaree et Jyoti Jeetun annoncées pour le Nomination Day

Jusqu’ici, les états-majors des principaux blocs, l’Alliance Morisien et l’alliance PTr -MMM-ND, se gardent d’abattre leurs cartes au titre des nouvelles candidatures pour les prochaines élections générales. Du côté du Sun Trust, l’on se prépare à accueillir Lillka Cuttaree, la fille de feu Jayen Cuttaree, pour une investiture à Stanley/Rose-Hill (No 19).

Lillka Cuttaree pourrait se retrouver sur la liste de Linite Militan avec la possibilité d’accéder au frontbench d’un Shadow Cabinet présenté par Pravind Jugnauth. Les mauvaises langues prétendent que la fille de Jayen Cuttaree pourrait même prétendre au poste de Deputy Prime Minister en cas de troisième mandat de Pravind Jugnauth. Elle aura déjà commencé à tâter le terrain à Stanley/Rose-Hill.

Du côté de l’alliance PTr-MMM-ND, ce n’est plus un secret que Jyoti Jeetun pourrait être tentée de faire le saut en politique en prenant ses distances du monde des affaires. Cette professionnelle jusqu’au bout des ongles est donnée comme étant la colistière de Joanna Bérenger dans la circonscription de Vacoas/Floréal (N°16) et un maroquin ministériel de premier plan en cas de victoire.

Par ailleurs, des tractations ont atteint un stade avancé en vue de convaincre un Top Gun de l’Office of the Director of Public Prosecutions pour être candidat dans l’alliance menée par Pravind Jugnauth pour les prochaines élections. La démission du judiciaire n’interviendra que quelques heures avant le Nomination Day.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -