GANOO : « Les Mauriciens doivent descendre dans la rue »

La récente augmentation du prix du carburant a été longuement décriée par le président du Mouvement Patriotique (MP), Alan Ganoo. Le prix de l’essence, qui est passé à Rs 44.90 et celui du diesel à Rs 35.35, est injustifié et un appel est lancé aux Mauriciens à se mobiliser pour manifester leur mécontentement.
Alan Ganoo s’est longuement appesanti sur la hausse du prix du carburant lors de la conférence de presse hebdomadaire du parti samedi après-midi à Quatre-Bornes. « Les Mauriciens doivent descendre dans la rue », dit-il. Critique envers le gouvernement, il le qualifie de « tricheur » après les calculs effectués pour appliquer une hausse sur les produits pétroliers. Chiffres à l’appui, Alan Ganoo souligne la baisse du prix de l’essence et du diesel sur le marché mondial depuis février de cette année. Selon lui, malgré l’abrogation du Build Mauritius Fund dans le récent budget, le gouvernement continue de percevoir Rs 4 sur chaque litre d’essence à travers une hausse des droits d’accise. Pour l’essence, le coût est passé de Rs 10.80 à Rs 14.80, alors que pour le diesel, il est passé de Rs 3.3 à Rs 7.3. Il avance que le prix de l’essence et du diesel est de Rs 14.77 et Rs 14.21 respectivement lorsqu’ils ont été importés à Maurice depuis le mois de février. 
« Cette augmentation est injustifiée », dit le président du MP, qui réfute le calcul effectué par le gouvernement, alors que le prix des carburants enregistre une chute continuelle depuis février. « Il est intolérable que le gouvernement amasse Rs 2 milliards dans ses fonds à travers cette augmentation », dit-il. Alan Ganoo lance un appel aux membres de l’opposition, aux opérateurs économiques, aux chauffeurs de taxi, aux pêcheurs et à tous ceux dont les activités sont affectées. Il suggère une consultation entre toutes ces parties pour dénoncer le gouvernement face à cette hausse de prix. Le président du MP compte aussi présenter une autre motion of disallowance pour refuser cette augmentation. Sa première motion qui a été présentée à l’Assemblée nationale sur le même sujet avait été rejetée.
Par ailleurs, s’il se dit pour le projet de Metro Express, Alan Ganoo exprime ses réserves sur le procédé du gouvernement. Il regrette que le gouvernement ne joue pas la carte de transparence sur le rapport sur l’étude de faisabilité, et aucune comparaison n’a été effectuée entre le projet actuel et celui de l’ancien régime. Si le tracé actuel est à 90% le même que l’ancien, Alan Ganoo demande la raison de la différence au sujet du coût, car l’ancien projet était évalué Rs 24,8 milliards contre Rs 18,8 milliards pour celui-ci. Exprimant ses craintes et appréhensions, il reste sceptique, estimant un dépassement du coût du projet. Alan Ganoo craint que la qualité ne soit pas présente dans les travaux qui seront effectués et sur le respect du délai. « Ce projet n’est pas transparent et peut aussi cacher des coûts additionnels qu’on ne connaît pas », dit-il.
Selon lui, plusieurs points n’ont pas été mis en avant par le gouvernement, tels l’appréciation du dollar, les coûts additionnels, les acquisitions forcées. Alan Ganoo avance que plusieurs questions restent sans réponse sur ce projet car on ne connaît le nom de l’opérateur, le plan de sensibilisation pour les usagers: ni un site Web ni une campagne de communication n’ont été faites pour expliquer le projet à la population. De plus, il ne cache pas son scepticisme quant aux Rs 220 millions qui seront obtenues dans la première année de la mise en opération du tram.
Alan Ganoo critique aussi l’empressement du gouvernement à lancer le projet et estime que la compagnie Singapore Corporation Enterprise n’a pas eu le temps nécessaire pour étudier le projet. Au sujet des travailleurs du transport qui expriment leurs craintes quant à leur avenir, Alan Ganoo se dit totalement solidaire d’eux. Il estime que le masterplan du projet aurait dû se faire en consultation avec les syndicats pour apaiser la tension sociale.
S’agissant du niveau de la criminalité qui a augmenté dans le pays, Alan Ganoo demande à sir Anerood Jugnauth, ministre Mentor, de mettre en place une commission ayant pour président un ancien juge, un ancien secrétaire du Cabinet et des ONG pour y trouver des solutions.
La récente démolition des maisons des squatteurs de la circonscription numéro 14 n’a pas laissé insensible le président du MP. « Il faut adopter une attitude humaine avant la démolition de la maison d’un squatteur », dit-il et il ajoute que plusieurs de ces squatteurs sont contraints de dormir sans un toit. S’il n’est pas d’accord avec le squatting, il demande au gouvernement de faire un tri entre ceux qui veulent vraiment une maison et ceux qui squattent sans raison.
Lors de cette conférence de presse, Jean-Claude Barbier, député du parti, a trouvé injuste que les chauffeurs de taxi d’hôtels soient mis à l’écart dans le concept all-inclusive lancé par les établissements hôteliers. Selon lui, le gouvernement dépense de fortes sommes d’argent pour faire la promotion de Maurice et n’a pas pris en considération la contribution de ces chauffeurs de taxi.  « Ils dépendent énormément des hôtels pour leur survie », dit-il. Jean-Claude Barbier soutient que ces derniers ont investi pour l’achat d’un véhicule.
Par ailleurs, au niveau du recrutement à la Cargo Handling Corporation, il demande que les enfants des travailleurs de la compagnie habitant les faubourgs de la capitale obtiennent un emploi comme c’était le cas il y a 50 ans. Selon lui, la frustration s’est installée chez les enfants de ces travailleurs qui arrivent difficilement à obtenir un emploi dans le port.

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