Gender Links : symposium, femmes en politique : La marche vers la parité est encore longue…

Entre réflexions et partage d’opinon, le symposium Democratic Consolidation : Women’s Agency, Voices and Perspectives, organisé par Gender Links, donnait le ton au débat sur la place de la femme dans les positions clés en politique, à l’approche des législatives.

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Comme à la veille de chaque élection générale, la question de la représentation des femmes sur la liste des candidats au Parlement, à la tête des ministères, dans l’espace politique… est à nouveau au centre des débats. La campagne électorale arrive à grands pas. Et il reste peu de temps pour que les voix qui militent pour plus de femmes sur l’échiquier politique se fassent entendre et comprendre. L’organisation non-gouvernementale Gender Links est aussi en campagne depuis trois semaines. “Plis ki enn kota”, le slogan de Gender Links est appuyé d’une pétition pour encourager les partis qui brigueront bientôt les suffrages à aligner plus de femmes. Les questions entourant l’accès des Mauriciennes dans une sphère politique qui se conjugue prioritairement au masculin ont été abordées lors du symposium Democratic Consolidation : Women’s Agency, Voices and Perspectives qu’a organisé Gender Links à Port-Louis, hier.

“Une situation  embarrassante”

S’insérant dans la campagne de l’organisation, ce symposium a été une occasion pour des intervenants, tous des figures publiques et références dans leur domaine respectif, de mettre la problématique récurrente de la parité et du quota en perspective dans le contexte actuel. Tous, y compris l’audience composée de femmes et d’hommes de la société civile, voudraient que les chiffres en terme de présence dans l’hémicycle, grimpent. La République ne compte que 14 femmes parlementaires contre 55 hommes. 5 femmes ministres contre 25 hommes. “Une situation embarrassante” vis-à-vis des pays du continent africain, s’est exclamée l’ancienne ministre Sheila Bapoo de l’assistance. Embarrassante, certes, mais pour qui, puisque les actions politiques volontaristes pour changer la donne ne sont pas au rendez-vous !

Anushka Virahsawmy, directrice de Gender Links Mauritius, expliquait en préambule au symposium : « En 2024, plusieurs aspects de la représentation féminine en politique peuvent encore choquer et nécessitent une réflexion et des actions pour promouvoir une plus grande égalité de genre dans ce domaine. Les femmes sont souvent sous-représentées dans les postes de leadership politique tels que les présidences, les premiers ministres et les ministres clés. Cela reflète des déséquilibres persistants dans l’accès des femmes aux plus hautes sphères du pouvoir politique. Les femmes en politique sont souvent confrontées à des violences politiques basées sur le genre, telles que le harcèlement, les menaces et les attaques sexistes. Cela peut dissuader les femmes de s’y engager pleinement. Les structures et les pratiques politiques peuvent souvent manquer de soutien institutionnel pour favoriser la participation égale des femmes. Des politiques et des mesures concrètes sont nécessaires pour garantir un environnement politique inclusif et égalitaire, dont la campagne Pa zis enn Kota.”

La marche vers la parité en politique, qui a commencé après l’Indépendance, est extrêmement lente. La clé qui ouvrira la porte du leadership aux femmes reste entre les mains des décideurs politiques. Rama Sithanen, ancien ministre de l’Économie, a, durant son exposé, proposé que le système du Best Loser privilégie les candidates tout en gardant les paramètres qui définissent le concept, notamment le critère ethnique.

Satyajit Boolell :  “La politique  est un cercle fermé,  fossilisé…”

C’est une solution temporaire qui vise à garantir une meilleure représentation féminine au Parlement, a-t-il dit. Et quid de l’amendement de la Constitution pour faciliter l’intégration des femmes au poste de leadership en politique ? La procédure est longue, a rappelé l’ancien Directeur des Poursuites Publiques, Satyajit Boolell, tout en regrettant qu’ “au-delà de la question du genre, on est profondément obsédé par la dichotomie de l’éthnicité en politique. The more we evolve, the more it is getting worst.” Il a souligné que la politique à Maurice “est un cercle fermé, fossilisé, dans une société encore profondément patriarcale” qui se pose en obstacle aux opportunités. Lovania Pertab, présidente de Transparency Mauritius, a évoqué un autre obstacle qui rend difficile l’entrée des femmes en politique : le financement. Elle note, entre autres, que les femmes ne disposent pas des mêmes réseaux et facilités financières que les hommes pour une adhésion. Toutefois, souligne-t-elle, sans la corruption et l’argent sale qui s’infiltrent dans le milieu politique, il serait envisageable que des femmes puissent financer leur participation en politique, et les choses pourraient en être autrement pour elles.

Partout,  mais invisibles !

Campagne toxique, langage inapproprié… Comment faire de la politique dans un environnement malsain ? C’est une question à laquelle Sheila Bunwaree, universitaire et politique, dit être confrontée lorsqu’elle rencontre des femmes qui ont le potentiel politique mais qui ne veulent pas se jeter dans l’arène pour ne pas être humiliées par des insultes. En revanche, poursuit-elle, cette question ne pose pas de problème majeur aux hommes. De son côté, Joanne Ranoojee, co-fondatrice de La Politique Expliquée Aux Jeunes, a plaidé pour une introduction à la politique dès le secondaire. Il est faux de dire que les jeunes, dont les femmes, ne s’intéressent pas à la politique. “Mais ils ne se reconnaissent pas dans les politiques actuels. Ils ne se se sentent pas représentés. Ils entrevoient la politiques autrement”, dit-elle.

Le symposium de Gender Links a soulevé la réflexion sur la notion de solidarité féminine en politique. Pas toujours présente, selon certains participants. L’idée qu’une meilleure représentation des femmes à l’Assemblée nationale améliorerait la condition des femmes n’est pas certaine, non plus. “Nous sommes partout mais nous sommes invisibles. Women must train themselves to be visible. Si nous ne parvenons pas à être visibles, cela voudra dire que nous ne pourrons nous battre et plaider pour la parité et nous positionner”, a observé Lovania Pertab, dans ce sens.

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