GILLES HUBERSON, AMBASSADEUR DE FRANCE : Nous sommes à un stage supérieur des relations France-Maurice

Les relations d’amitié datant de 300 ans entre la France et Maurice sont aujourd’hui à un stade supérieur. La traduction concrète de ces relations privilégiées entre les deux pays sera symbolisée par la tenue en octobre de la Commission mixte France-Maurice. C’est le message véhiculé vendredi soir à l’Aventure du Sucre par l’ambassadeur de France, Gilles Huberson, qui y avait convié, à l’occasion de la fête nationale française, le Premier ministre, la présidente de la République et des membres du gouvernement, ainsi que les ressortissants français vivant à Maurice et plusieurs personnalités du pays. Dans son discours, Gilles Huberson a affirmé que le partenariat entre les deux pays sera renforcé. D’ailleurs, outre l’aide de la France, à travers La Réunion, sur le plan de la sécurité routière, un accord de défense est en passe d’être signé.
La France et Maurice, c’est 300 ans d’amitié, 15 000 Français résidents, dont un peu moins de la moitié sont binationaux, une trentaine de grandes enseignes, mais aussi des PME très présentes dans le secteur de l’innovation et des TIC qui emploient directement 15 000 Mauriciens, des chefs d’entreprise, une chambre de commerce franco-mauricienne. C’est aussi 420 000 touristes, soit le tiers des voyageurs se rendant à Maurice, un volume d’investissement qui représente aussi le tiers des investissements étrangers à Maurice, et l’arrivée ces derniers mois des opérateurs français dans les énergies renouvelables… C’est également 17 000 Mauriciens, dont plus de 300 nouveaux chaque année, qui étudient en France. C’est ce qu’a rappelé l’ambassadeur de France. Heureux des bonnes relations entretenues entre les deux pays, il s’est félicité du renforcement de la coopération de Maurice avec la France, symbolisée, dit-il, plus particulièrement à travers le rapprochement avec La Réunion en raison de la proximité.
« La coopération entre la France et Maurice existe et est vivante. Et elle se développe davantage, notamment avec La Réunion », a fait ressortir Gilles Huberson aux journalistes présents. Selon lui, tout le monde doit être conscient que Maurice et La Réunion sont deux îles soeurs.  « Pour se développer, pour aller gagner des points de croissance à l’extérieur, nos deux îles, dans bien des cas, doivent y aller ensemble », estime-t-il. Pour soutenir ses propos, il cite en exemple les secteurs touristiques et des énergies renouvelables. « Au niveau du tourisme, c’est Maurice qui a de l’avance. Au niveau des énergies renouvelables, c’est La Réunion qui a de l’avance. Or, dans les deux cas, ces deux îles devraient être le moteur de la Commission de l’océan Indien (COI), de leur zone régionale, parce qu’elles ont beaucoup à apporter. En tout cas, encore davantage à apporter si elles sont ensemble que si elles y vont séparément. »
Il a fait ressortir qu’une des caractéristiques de la zone est qu’elle comprend des îles. «Vous avez des lagons et des barrières de corail fragiles, des côtes fragiles et même un intérieur fragile, parce que soumis aux aléas climatiques et des changements climatiques. On le voit. Il est temps d’être conscientisé, de faire attention. La conscientisation doit être non seulement collective mais aussi individuelle. » C’est pourquoi il serait aussi judicieux que la COI obtienne l’agrément du fonds vert, dit-il, estimant que, de ce fait, la COI pourrait se transformer en fournisseur de projets fonds verts pour l’ensemble des États de l’océan Indien. « Ce serait un progrès extraordinaire », estime-t-il, en ajoutant que la demande est déjà lancée dans ce sens.
Dans le sillage, Gilles Huberson évoque l’aide de La Réunion en matière de sécurité routière pour les motards mauriciens. «Les accidents de la circulation sont une difficulté ici. Vous avez un ministre qui fait ses meilleurs efforts. Du coup, on a décidé d’aider en formant les motards de la police de la circulation routière par les motards réunionnais. »
Cogestion de Tromelin
Il confie par ailleurs qu’un accord de défense sera bientôt signé entre le gouvernement français et celui de Maurice. « Cet accord a été élaboré pour soutenir Maurice dans la lutte contre la drogue et le terrorisme, entre autres. Elle concerne aussi la formation des unités engagées dans cette lutte qui seront formées à l’île de La Réunion et vice-versa.  Le trafic de drogue, le terrorisme, la criminalité organisée sont des soucis de tous les États de la zone. Chacun a ses difficultés propres mais c’est une menace régionale », dit l’ambassadeur. Il a souligné qu’en ce qui concerne la drogue « que l’on trouve dans un pays, en général, elle a fait un petit circuit, elle ne vient pas forcément de ce pays-là. Nous avons donc besoin d’une réponse régionale. » Gilles Huderson, qui fait les éloges du ministère des Affaires étrangères mauriciennes sur son engagement sur ce dossier, indique que l’accord a déjà été élaboré et attend d’être signé. Cela devrait se faire très bientôt, le temps pour les deux gouvernements de retenir une date.
Il confie également que la France et Maurice sont aussi engagées dans un projet d’accord d’extradition. Selon lui, il faut faire vivre la relation bilatérale par des actes institutionnels et juridiques. Sur le dossier de la cogestion de Tromelin, l’ambassadeur français souligne qu’il ne reste qu’une étape à franchir. «Le gouvernement français a donné son accord, le Sénat l’a endossé, mais il manque l’étape de l’Assemblée nationale », rappelle-t-il. Or, avec une Assemblée nouvellement constituée et des députés qui viennent d’être élus, Tromelin ne figurerait pas, à ce stade, comme la priorité des priorités à l’agenda d’aujourd’hui, estime Gilles Huberson, qui a d’ailleurs été un des rédacteurs de cet accord. « Il reste cette étape et j’espère qu’on la franchira rapidement. C’est un bon accord », dit-il.
Lors de son allocution, l’ambassadeur de France a réitéré ses félicitations à Donald Payen, fait Chevalier de l’ordre national du Mérite à titre français, Jacqueline Sauzier, faite Chevalier agricole, et Natacha Appanah ainsi que Tristan Breville, faits Chevaliers de l’ordre des Arts et des lettres. Il a félicité les élèves des lycées français à Maurice, rappelant qu’il y a 5 000 élèves scolarisés dans les écoles françaises qui ont obtenu d’excellents résultats au Bac cette année encore. Parmi, sept élèves, cinq filles et deux garçons, ont obtenu la mention très bien, avec les félicitations du jury.
Pour l’occasion, la présidente de Maurice — aux côtés de l’ambassadeur de France, du Premier ministre Pravind Jugnauth, du DPM Ivan Collendavelloo et du ministre des Affaires étrangères Vishnu Lutchmeenaraidoo — a porté un toast en l’honneur du président français, Emmanuel Macron, et pour le bien-être et la prospérité de la République française. Un toast a été porté par l’ambassadeur de France à la République mauricienne et à la santé de tous ses concitoyens. Place ensuite à la fête du 14 Juillet, qui a permis aux invités de découvrir et  apprécier la gastronomie française, élaborée par les chefs Escoffier présents, et de célébrer dans la bonne humeur et au son d’une belle musique la Fête nationale française.

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