GOUVERNANCE : Citant en exemple Heritage City, Bérenger parle de “dangereuse cacophonie ministérielle”

Citant en exemple le projet Heritage City, Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM, parle de “dangereuse cacophonie ministérielle.” Il dénonce, dans la foulée, la liberté que prennent, selon lui, des ministres pour agir à leur guise. Évoquant la nouvelle à l’effet que Maurice allait participer à de grandes manoeuvres militaires conduites par l’Arabie Saoudite dans la région du Golfe, le chef de l’opposition soupçonne que dans ce cas, le ministre Showkutally Soodhun a dû prendre des engagements au nom du pays lors de son récent voyage. Le “ti-kas” de la Speaker, Mme Maya Hanoomanjee, qui aurait été, dans un premier temps, “written off” après des traitements à l’Apollo Branwell Hospital fait aussi l’objet de commentaires du leader du MMM. De même que les déclarations “insultantes” du président du Comité National Olympique Mauricien (CNOM) et président sortant du Comité International des Jeux (CIJ), Philippe Hao Thyn Voon, envers les Comores et Madagascar autour des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI).
Paul Bérenger parle de “cacophonie” au sein du gouvernement où, trouve-t-il, des ministres prennent  la liberté d’agir chacun à sa guise tout en ne se privant pas de contredire leurs collègues. Il s’étonne que ce soit à ce moment même que le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, a choisi de quitter le pays pour un voyage privé à l’étranger sans même avertir la population de l’urgence d’un tel déplacement. Le chef de l’Opposition cite le projet Heritage City comme un exemple concret de la présente “cacophonie ministérielle” qu’il dénonce.
Il évoque, notamment, la déclaration du ministre Roshi Bhadain, vendredi, précisant qu’aucun contrat liant le gouvernement mauricien à l’Arabie Saoudite n’a été signé par rapport à ce projet. Ce qui, dit-il, vient contredire l’affirmation du ministre Shokutally Soodhun faite le 9 février à l’effet que les Saoudiens allaient financer Heritage City à hauteur de Rs 18 milliards. Paul Bérenger soupçonne que ce soit le même Shokutally Soodhun qui a pu prendre l’engagement auprès de l’Arabie Saoudite que Maurice allait participer aux grandes manoeuvres interarmées dans le Golfe impliquant des centaines de milliers de soldats.
Le leader de l’opposition explique que ces grandes manoeuvres militaires à l’initiative des Saoudiens ne peuvent que viser l’Iran. Il rappelle que lors de sa visite en Arabie Saoudite, le ministre Soodhun avait pris la liberté de prendre partie pour les Saoudiens dans leur conflit avec l’Iran. Le fait qu’il a été confirmé que Maurice ne participera finalement pas à ces manoeuvres militaires de grande ampleur constitue, pour lui, un autre exemple de cacophonie où un ministre s’arroge le droit d’agir à sa guise. Ce qui, déclare Paul Bérenger, est non seulement “honteux” mais encore plus “dangereux.”
“Que la Speaker rétablisse les règles!”
Le leader du MMM rappelle, par ailleurs, les réserves déjà exprimées par son parti par rapport à ce qu’il qualifie de “parti-pris, de rulings ridicules et de crise d’hystérie au Perchoir” de la Speaker, Mme Maya Hanoomanjee. Il ajoute à cela ce qu’il estime être les “abus de voyages” de la présidente de l’Assemblée nationale qu’il défie, au passage, de rendre publique la liste de tous ses déplacements à l’étranger depuis sa nomination comme Speaker. Paul Bérenger va même jusqu’à accuser Mme Hanoomanjee d’avoir, en ce faisant, lésé les droits des parlementaires des deux côtés.
Le leader de l’opposition cite la récente conférence COP 21 de Paris sur les changements climatiques qui comprenait un volet parlementaire et à laquelle n’a participé aucun parlementaire mauricien. Paul Bérenger accuse la Speaker d’agir “presque comme une impératrice” outre de faire, selon lui, de la “cheap politics.” Il enchaîne avec la nouvelle parue, cette semaine, à l’effet que, comme pour le ministre Soodhun, une facture de la présidente de l’Assemblée nationale pour des traitements à l’Apollo Bramwell Hospital aurait aussi été, dans un premier temps, “written off.”
Une affaire “encore pire” que celle de Shokutally Soodhun, selon Paul Bérenger, dans la mesure où, dit-il, il s’agit d’”enn ti-kas” pour Mme Hanoomanjee. Le leader du MMM demande instamment un changement d’attitude de la part de la Speaker et appelle cette dernière à “rétablir les règles parlementaires” en faisant preuve de respect tant envers le leader que du Whip de l’Opposition. “Nous demandons à ce que, comme c’est la tradition, l’Opposition soit constamment consultée”, dit-il.
Au sujet des prochains Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) prévus en 2019 à Maurice, le leader de l’Opposition rappelle avoir déjà, à l’époque, blâmé le président du Comité National Olympique Mauricien (CNOM) et président sortant du Comité International des Jeux (CIJ), Philippe Hao Thyn Voon, de même que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yogida Sawmynaden, pour leurs déclarations “insultantes” envers les Comores à la suite du walk-out des Comoriens des JIOI à La Réunion, l’an dernier. Se référant à une interview de presse du président du CNOM parue jeudi chez un confrère, Paul Bérenger accuse, une fois encore, Philippe Hao Thyn Voon de n’être qu’un “grossier personnage” qui ne comprend rien aux subtilités diplomatiques.
Pour le chef de l’opposition, en doutant de la pérennité des Jeux après 2019, le président Hao Thyn Voon exprime son “mépris” et son “arrogance” non seulement à l’encontre des Comores mais aussi envers Madagascar. Paul Bérenger rappelle que l’esprit même des JIOI est de favoriser le rapprochement des sportifs et des peuples des îles de la région. Aussi, que les JIOI dont la première édition eut lieu en 1979 à La Réunion devaient, quelques années plus tard, déboucher sur la création de la Commission de l’océan Indien (COI) dans un souci de coopération au-delà des sports entre les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien.
“Les JIOI visent d’abord au
rapprochement des îles”
Paul Bérenger souligne que c’est le Comorien Hamada Madi Boléro, celui-là même qui dirigeait la délégation des Comores aux JIOI à La Réunoin l’an dernier, qui remplacera bientôt notre compatriote, Jean-Claude de L’Estrac, au poste de secrétaire-général de la COI. Pour lui, il est un fait que le walk-out des Comores aux Jeux de 2015 découle d’une violation de la Charte des JIOI par la France qui voulait d’un meilleur accomodement de la participation de Mayotte, son tout dernier département d’outre-mer à ces Jeux.
Tout en indiquant avoir fait comprendre, à l’époque, à la France ce qu’il pensait de la responsabilité de ce pays dans le retrait des Comores à La Réunion, le leader de l’Opposition laisse, néanmoins, comprendre qu’il n’est pas contre le principe d’un amendement à cette Charte “à condition que les Comoriens soient consultés et mis dans le coup.”
Paul Bérenger rappelle avoir déjà appelé pour que l’on tende la main aux Comores en vue de sa participation aux JIOI à Maurice en 2019. Il se dit optimiste quant à une participation comorienne à ces prochains Jeux “si l’on s’y met diplomatiquement” et si l’on assure aux Comores l’organisation des Jeux qui auront lieu subséquemment. Le leader de l’opposition s’insurge contre ce qu’il considère être l’obstination du président du CNOM et du ministre mauricien des Sports de ne se soucier que du nombre de médailles que Maurice est susceptible de remporter à ces Jeux. “Peut-être qu’ils seront comblés quand Maurice sera le seul pays à y participer et que les Mauriciens auront remporté toutes les médailles en jeu!”, ironise-t-il.

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