Guerre Israël/Hamas – Port-Louis : la carte maîtresse

  • L’armateur mondial Maersk identifie Maurice pour des Stop-Overs de sa flotte desservant l’Asie du Sud-Est après le passage du Cap de Bonne-Espérance
  • Un High-Level Committee, institué sous la présidence du Secretary to Cabinet, pour évaluer les perspectives et contraintes d’un accroissement du volume d’activités portuaires

La dernière attaque ayant pour cible, hier, un navire commercial par des drones dans la partie nord de l’océan Indien, devra accélérer en cette fin d’année le mouvement visant à éloigner les routes maritimes des zones à risques, dont le Canal de Suez, avec la guerre Israël/Hamas courant bientôt sur son troisième mois. Dans cette perspective, les infrastructures portuaires pour les besoins accrus de bunkering à Port-Louis risquent d’être mises à rude épreuve. D’ailleurs, l’un des Major Players dans le domaine maritime, le groupe mondial Maersk, a annoncé des plus catégoriquement que Port-Louis est l’option préférée pour des stop-overs des unités de sa flotte dans cette partie de l’océan Indien. Week-End a également appris de sources autorisées qu’un High Level Committee, présidé par le Secretary to Cabinet, Premode Neerunjun, a déjà tenu deux premières séances de travail avec des stakeholders portuaires pour une évaluation et coordination de cette éventuelle croissance des opérations dans le port.

Alors qu’en fin de semaine les lignes de conférences maritimes internationales se penchaient sur l’urgence d’éviter le passage du Canal de Suez vu les risques grandissants d’attaques contre des transports maritimes, le dernier incident en date d’hier est plus que révélateur. À la mi-journée d’hier, l’Agence-France Presse (AFP) confirme qu’un drone a frappé un navire commercial dans l’océan Indien, en particulier au large des côtes indiennes, et provoqué des dommages, mais sans faire de victimes parmi les membres d’équipage.

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« L’attaque, qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, a provoqué un incendie à bord qui a ensuite été éteint, selon l’agence de sécurité maritime britannique UKMTO. La société britannique Ambrey a, pour sa part, indiqué que le pétrolier battant pavillon libérien était affilié à Israël. Le navire a fait escale en Arabie Saoudite et se rendait en Inde, a ajouté Ambrey. Cette frappe est la dernière d’une série d’attaques de drones et de missiles menées par les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, sur une voie de navigation vitale dans la mer Rouge, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza », poursuit cette dépêche de l’AFP.

En parallèle, les principales lignes maritimes internationales n’ont d’autre choix que contourner le Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud pour traverser l’océan Indien avant de rallier des ports du sous-continent indien ou de l’Asie du Sud-Est. Les conséquences se traduisent par un prolongement entre dix et quatorze jours du trajet de même que des coûts additionnels susceptibles d’impacter le montant du fret maritime pratiqué.

« Shipping companies sailing around the Cape of Good Hope to avoid Houthi attacks on the Red Sea face tough choices over where to refuel and restock, as African ports struggle with red tape, congestion and poor facilities », avance pour sa part l’agence de presse Reuters, qui ajoute que ce sont des centaines de cargo devant faire face à cette équation.

Walvis Bay or Port Louis being the top options
Devant le fait que des ports sud-africains, dont Durban, sont classés par la Banque mondiale dans la catégorie des Worst Performing Globally et que ceux de Mombassa au Kenya et de Dar es-Salaam en Tanzanie sont considérés comme « too ill-equipped to handle the expected traffic over the next couple of weeks », Port-Louis se retrouve avec une carte-maîtresse à abattre pour les besoins de soutage et d’autres approvisionnements stratégiques dans la conjoncture.

D’ailleurs, le groupe Maersk concède ce fait. « In case there is a need for bunkering en route, it would be decided on a case by case basis with Walvis Bay (Namibia) or Port Louis (Mauritius) being the top options », confirme un porte-parole de ce groupe maritime, rapporté par l’agence de presse internationale britannique. Les autres agences maritimes internationales, dont la CMA de France, CGM, Hapag-Lloyd et MSC, font face à ce dilemme en délaissant le passage du Canal de Suez, où transite en temps normal un sixième du trafic maritime mondial. Par conséquent, des lignes maritimes ont déjà signifié leur intention d’appliquer un Transit Disruption Surcharge (TDS) et un Emergency Contingency Surcharge (ECS), avec pour conséquence un relèvement à la hausse du fret maritime.

Du côté de l’Hôtel du Gouvernement, l’évolution de la situation sur le plan de dessertes maritimes est suivie de près, vu le potentiel de consolider la position de Port-Louis en tant que hub maritime dans cette partie de l’océan Indien. Ainsi, un High Level Committee, présidé par le Secretary to Cabinet et comprenant des stakeholders du port, dont des représentants de la Mauritius Ports Authority (MPA) et de la Cargo Handling Corporation (CHC), a déjà eu deux séances de travail, dont le dernier vendredi, pour un constat des lieux et déterminer the way forward.

Une nouvelle réunion est prévue après les fêtes de Noël. « Nous sommes pleinement conscients des opportunités de développement et de croissance portuaires avec les conséquences de la guerre sur les opérations de la Mer Rouge ou encore la problématique portuaire à Durban. Nous nous penchons sur les moyens à mettre à oeuvre pour consolider la position portuaire de Port-Louis. C’est vrai que Port-Louis fait face à des contraintes en termes d’équipements, dont des cranes en panne ou encore de l’expertise portuaire. Mais ce sera une occasion pour surmonter ces obstacles et surtout préparer Port-Louis à affronter les ambitions déclarées de Madagascar avec un programme d’investissements portuaires d’envergure », fait comprendre à Week-End une source autorisée dans le secteur portuaire, préférant attendre que le plan aurait atteint un stade avancé avant d’en faire état publiquement.

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