L’AFFAIRE CHOOMKA : Les députés de la majorité se refusent à tout commentaire

Pas de commentaires sur l’affaire Choomka. Pas question d’une quelconque démission de Ravi Rutnah des instances du ML. Pas de réaction quant à la décision du Premier ministre d’éviter la presse libre et de s’adresser uniquement à la télévision nationale dans le cadre de ses 100 jours en tant que chef d’État. Les députés de la majorité ne veulent pas se mouiller. Ils ont préféré diriger leurs invectives du côté de l’opposition qu’ils accusent de malhonnêteté et de mauvaise foi. C’était vendredi, lors d’une conférence de presse animée par Étienne Sinatambou aux côtés des ministres Fazila Daureeawoo, Mahen Jhugroo et Eddy Boissézon et du Chief whip, Ravi Rutnah, au siège du ministère de la Sécurité sociale.
« Cette affaire fait actuellement l’objet d’une enquête, il y aura, mardi, une question parlementaire à ce propos. Il ne serait pas correct que je donne mon point de vue. » C’est la réponse donnée par le porte-parole de la majorité aux journalistes qui voulaient connaître l’opinion du gouvernement sur les récentes révélations selon lesquelles Youshreen Choomka serait mêlée à un trafic d’influence auprès d’hommes d’affaires étrangers. Affaire dans laquelle le nom du Premier ministre a aussi été cité. Malgré l’insistance de certains journalistes, Etienne Sinatambou a soutenu que, « nous avons un devoir de réserve. Laissons l’enquête suivre son cours ». Quant à la photo qui circule montrant Pravind Jugnauth et un des hommes d’affaires concernés, le ministre de la Sécurité sociale réplique : « N’importe qui peut prendre des photos avec nous. Mais cela ne veut rien dire. » Il ira même jusqu’à établir un parallèle avec une photo de Navin Ramgoolam aux côtés d’un présumé trafiquant de drogue pour dire que, « ce n’est pas pour autant que nous avons traité nos adversaires de truands ». Non, il ne fera pas le jeu des journalistes en commentant cette affaire au risque de faire « un trial by the press ». « L’enquête révèlera le vrai du faux », a dit laconiquement le ministre.
Ravi Ruthna soutient, lui, que son mail a été piraté et qu’en dépit d’informations véhiculées dans la presse, il ne serait pas en froid avec son parti. « Le mail envoyé à un de ses collègues est de nature privée », déclare-t-il, et estime que c’est son droit d’exprimer son ressenti en interne auprès d’un membre de son parti. « Si j’étais mal à l’aise, je ne serais pas ici, en conférence de presse, auprès de mes collègues parlementaires et de mon frère Eddy Boissézon », affirme Ravi Ruthna.
Pour la majorité, qui soutient ne pas être « donneuse de leçon », la presse devrait «éviter de dénaturer la vérité ». A cet égard, ils en tiennent pour preuve les comptes-rendus des meetings du 1er-Mai. Etienne Sinatambou a consacré une large partie de cette conférence de presse aux critiques formulées par l’opposition sur la foule présente au meeting. Lui trouve « qu’en vingt ans, c’est la première fois que je vois une aussi grosse foule réunie à Vacoas ». Il qualifie de « ridicules » les propos du leader du MMM qui a estimé qu’il y avait plus d’autobus que de partisans à Vacoas. « Les gens étaient massés jusqu’au terminus », dit-il, photo aérienne à l’appui. Le porte-parole du gouvernement affirme de même que « tout le monde sait que la place Edward VII, à Rose-Hill, ne peut contenir que 4 000 à 5 000 personnes, alors qu’à Vacoas l’espace peut en contenir jusqu’à 15 000 ». Ainsi pour lui, « certains tentent de déformer la vérité ».
Etienne Sintambou s’est aussi attardé sur les propos tenus par Paul Bérenger sur le Deal papa-piti. Il explique que conformément à la Constitution, c’est tout à fait dans son droit que Pravind Jugnauth a succédé à son père en tant que chef du gouvernement, au fait aussi que ce dernier est le leader du parti qui commande la majorité dans l’hémicycle. Il profite de l’occasion pour s’en prendre à Paul Bérenger arguant que « chez le MMM, existe le Deal papa-tifi, avec la fille de Paul Bérenger placée au No 16, et le Deal papa-zann, avec le beau-fils de Paul Bérenger installé au Bureau politique des Mauves ».
Quant à la réclamation faite par le leader du MMM pour des élections générales, selon Etienne Sinatambou, « Paul Bérenger pena okenn légitimité réclame élections » et qu’il s’agit de la prérogative du Premier ministre : « Nou conner zot envi vin PM. Mais c’est ni zot droit, ni zot prérogative, ni zot privilège réclame élections. »
« En effet, tout sépare le MMM du MSM », à lancé Etienne Sinatambou suite aux propos tenus récemment par Paul Bérenger. « Aujourd’hui, Paul Bérenger et le MMM, ce sont des losers en perte de vitesse », a ajouté le ministre. Virulent envers Paul Bérenger qui, « depuis la rentrée parlementaire n’a pas une seule PNQ à son actif », il est d’avis qu’aujourd’hui « le fiasco c’est le MMM ».
Il est également revenu sur «le comportement scandaleux» de l’opposition au Parlement, en passant en revue les événements des différentes sessions qui se sont tenues à l’Assemblée nationale depuis le 28 mars. Et de déplorer les propos «diffamatoires » énoncés par le député Roshi Bhadain dans le cadre de la PNQ sur Omega Ark. Selon lui, Roshi Bhadain aurait eu un geste « sans précédent» dans l’histoire parlementaire, qui constitue « un manque de respect total ». Il estime aussi qu’il existerait une «selective deafness» de la part de l’opposition, mais aussi de la presse, s’agissant de ce qui s’est passé ce jour-là au Parlement, du fait que « tout le monde a entendu que Pravind Jugnauth a dit ‘licking my hands’, mais nul n’a entendu la réponse de Roshi Bhadain ». Mais les députés gouvernementaux, eux, ont entendu et il félicite la Speaker d’avoir expulsé le député du Reform Party. Il a également déploré les différentes Motions of disallowance présentées par l’opposition, dont la dernière par Aurore Perraud, et estime, qu’au lieu de poser des questions, les députés de l’opposition font preuve d’abus de procédures parlementaires en évoquant ces motions.
Sur le chapitre de la lutte contre la drogue, Etienne Sinatambou a annoncé l’aval du Conseil des ministres pour l’élaboration d’un National Drug Control Master Plan (NDCMP). « Le gouvernement Jugnauth ne fera aucune concession aux trafiquants », affirme-t-il.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -