Le Guide - Législatives 2024

LA PARTIELLE DU NO 18 : La situation s’éclaircit

Même si la date de ce scrutin n’est pas encore connue et que la participation du principal parti du gouvernement, le MSM demeure, elle, une grande inconnue, la situation  s’éclaircit toutefois quant au positionnement des partis de l’opposition. Ainsi, le Mouvement Patriotique qui avait profité des célébrations marquant les 35 ans de députation d’Alan Ganoo pour constituer un casting regroupant des acteurs des principaux partis de l’opposition, à l’exception du MMM, a dû constater qu’il a raté son coup, le PTr et le PMSD ayant décidé de maintenir leurs poulain respectif, Arvin Boolell et Daneshwar Maraye. Pendant ce temps, après Roshi Bhadain qui a déjà lancé sa campagne, c’est au tour du MMM de se jeter dans la bataille avec une campagne d’affiches sur le thème « sauver le pays » et une réunion d’organisation sur le terrain tenue hier.
Il faut dire que l’affiche était inédite. A Chemin Grenier, où Alan Ganoo célébrait dimanche dernier ses 35 ans de députation et de représentation du No 14, il y avait son compère Jayen Cuttaree, Arvin Boolell, le candidat du PTr à la partielle du no 18, son collègue Ezra Jhuboo et député et colistier du président du MP au No 14, Kavi Ramano, ancien MMM, ex-MP et qui a développé une proximité avec son collègue député du no 18, ex-MSM et actuel leader du Reform Party, Roshi Bhadain au point de se retrouver devant la commission Domah qui enquête sur la vente de Britam Kenya pour avoir été le notaire qui a facilité la transaction et même Robert Pallamy, président du PMSD.
Absence du MMM
Il ne manquait, en fait, que le MMM à Chemin Grenier. Ce parti avait, la veille, à son comité central, décidé à la quasi-unanimité à ne pas se faire représenter avec une seule voix se prononçant pour une présence. Les récriminations n’ont pas manqué pour soutenir que c’est difficile de s’associer avec la bande à Ganoo. A cette réunion et, même en dehors, certains sont revenus sur le soutien actif d’Alan Ganoo et de Kavi Ramano, alors tous deux au MP, à Lalians Lepep lors des municipales de juin 2015, avec leur fête des mères organisée à QB pour appeler à voter pour les candidats du gouvernement, alors que le MMM s’y présentait seul et que, quelques mois après la débâcle de l’aventure risquée avec le PTr, il recueillait quand même 31% des suffrages à ce scrutin régional.
D’autres font aussi remonter la participation d’Alan Ganoo et de Joe Lesjongard avec Shawkatally Soodhun à la visite à Africa Town à la même époque et le rôle du président du MP lors des débats sur la loi d’exception sur le Insurance Bill et sa proposition pour qu’il y ait  un vote de trois quarts en troisième lecture du texte afin de prévenir toute contestation de ses provisions en Cour.
 Toujours est-il que lors de cette manifestation populaire, le MP avait pensé réaliser l’essentiel en réunissant sur sa plate-forme, les diverses composantes de l’opposition. Il y eut ainsi une sorte de flottement durant la première partie de la semaine écoulée avec Arvin Boolell, cultivant la confusion, en refusant de nier cette candidature commune et en invitant ceux qui s’y intéressent à s’adresser au leader du parti. Il devait se rendre à l’évidence qu’il aura à batailler tout seul, comme un grand, à Belle Rose/Quatre Bornes, le PMSD, dont il espérait le soutien, ayant décidé de maintenir la candidature de Dhaneshwar Maraye.
 La stratégie de Xavier Duval étant de procéder à la diversité ethnique d’un parti associé à une composante essentiellement urbaine avec le recrutement des profils comme Dhaneshwar Maraye et aussi Kushal Lobine, malgré son étroite association avec Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaur et le rôle qu’il a joué alors qu’il présidait la SICOM dans l’acquisition en VEFA de l’immeuble de Rakesh Gooljaury à Ebène, connu comme la SICOM Tower et qui abrite de nombreux ministères.
Le bestiaire politique
Pour la candidature unique, il faut dire que Roshi Bhadain qui est celui derrière la provocation de cette partielle, croyait dur comme fer qu’il bénéficierait au moins du soutien de son colistier Xavier Duval. Leurs relations étaient tellement étroites que le leader du PMSD avait tenu à être présent au lancement du Reform Party à Beau Bassin, en janvier de cette année, et, qu’il même été décidé, pour étoffer son équipe faible et inexpérimentée, que Roshi Bhadain serait sur le i du PMSD et qu’il aurait droit à 15 minutes des 30 minutes imparties au leader de l’opposition pour sa Private Notice Question.
La Speaker, Maya Hanoomanjee a finalement rendu un fier service à Xavier Duval en refusant une place à Roshi Bhadain sur le front bench du PMSD puisque l’évolution de la situation, marquée par la commission d’enquête sur Britam, les révélations sur le coût de ses voyages et celui de son bras droit Akhilesh Deerpalsing, les salaires princiers de ce dernier, les propos tenus par Siddick Islam, le trafiquant de drogue, a poussé le leader du PMSD à prendre ses distances de son bouillant colistier.
Pas étonnant que Roshi Bhadain ait laissé éclater sa colère cette semaine même lors d’une rencontre avec la presse et que dans sa description du bestiaire politique, il a même pris pour cible le PMSD dont il ne semble pas digérer le changement de position à son égard. «Éna boukou lisien errant dan lari, si enn Chihuahua traversé, train pou tap ek sa. Si enn kok traversé li ousi pou mort… ». Lorsqu’on sait que le chihuahua est le petit nom gâté dont le leader du Reform Party a affublé le no 2 du gouvernement, Ivan Collendavelloo, et que le coq est le symbole du PMSD,  il ne faut pas monter sur les toits pour comprendre qui sont dans le viseur de l’ancien ministre des Services Financiers.
Son oncle, Vasant Bunwaree, leader du groupuscule, le Mouvement Travailliste Militant qui tourne, lui aussi, autour de sa personne, il ne serait pas très satisfait de la stratégie adoptée par son « partenaire », le PMSD, dans le cadre de cette partielle. Ce n’est pas qu’il souhaitait que tous fassent bloc derrière son neveu, l’épisode du MITD, où c’est Roshi Bhadain qui était l’avocat de Pravind Jugnauth pour dénoncer ses nominés politiques au sein de cet organisme mais, à défaut d’être lui-même candidat, son profil correspondant à celui recherché pour tenter de rafler le siège, il aurait préféré comme il l’a dit lui-même, une femme, une jeune et une professionnelle. Même si ce portrait n’est pas éloigné de celui de Nita Juddoo, il semblerait que l’ancien ministre de l’Education de Navin Ramgoolam aurait préféré une candidature différente que Dhaneshwar Maraye à cette élection partielle.
L’agitation gagne la ville des fleurs
Sur le terrain, les choses commencent à s’activer. Roshi Bhadain peut compter sur son réseau mais pas sur son ancien colistier, Koomaren Chetty, qui a pris ses distances du MSM et que l’on devrait retrouver plutôt dans l’équipe de campagne du PMSD à cette partielle, laquelle n’a pas tout à fait lancé l’offensive attendant d’abord que les choses se précisent, question de ne pas gaspiller les ressources tant humaines que matérielles. Comme Xavier Duval a développé de solides assises au No 18, le PMSD n’entend nullement jouer un rôle de figurant à cette joute  même si c’est bien la première fois qu’il affrontera l’électorat en solo depuis 1976.
Quant à Arvin Boolell qui peut compter sur ses relais familiaux dans la circonscription, il a déjà noué un contact avec le terrain. Il découvre de vastes régions qui lui étaient inconnues jusqu’ici qui vont de Palma à Trianon et de La Source à Ebène. Un premier couac a toutefois freiné son élan. Celui de l’annonce par Navin Ramgoolam que c’est l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, qui serait le Campaign Manager des rouges au No 18, une annonce vite démentie par le principal concerné qui a tenu à souligner que son rôle s’arrêtera à celui de participant au comité de campagne.
Le MMM a, lui, démarré ses préparatifs hier avec un baptême de feu hésitant mais prometteur pour la candidate désignée Nita Juddoo tandis que celui de Resistanz ek Alternativ, Kugan Parapen, qui avait été candidat dans la même circonscription garde le contact avec ses soutiens. Le parti, il faut le dire, est confronté à un gros problème, celui de son avocat dans le cas qu’il a entré contre l’état sur la déclaration communale et qui n’en finit plus d’être renvoyé. Rex Stephen, qui doit prochainement s’expliquer devant la commission Lam Shang Leen, a, en effet, d’autres préoccupations plus urgentes que la partielle du No 18. Dont la date, il faut peut être le rappeler, n’a pas encore été fixée, même si cela ne freine en aucun cas l’agitation qui a gagné la ville des fleurs.

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