LA RENTRÉE POLITIQUE 2014 : Sous le signe d’un dénouement de la crise provoquée par Michael Sik Yuen

La rentrée politique est toujours dominée par les relations PTr/PMSD après le « move » – qualifié, dans certains rangs du gouvernement, de « provocateur » – entrepris par les bleus pour expulser Michaël Sik Yuen, à la veille des festivités de fin d’année 2013, de la formation jadis dirigée par Sir Gaëtan Duval.
Le premier point sur le « i » mis, Xavier Duval travaillerait patiemment, dit-on, à son scénario de rupture maintenant que les contacts établis avec le Remake sont passés à une vitesse supérieure, avec une rencontre entre Paul Bérenger et Lysis Assy chez Jayen Cuttaree, et se déroulent à des échelons élevés, avec un entretien direct qui aurait eu lieu entre Sir Anerood Jugnauth et XLD. Navin Ramgoolam mène, de son côté, des tractations tous azimuts en vue de se donner les moyens de se passer du PMSD. 2014 s’annonce donc mouvementée.
Ce qui est certain, c’est que XLD n’a jamais accepté l’acte d’insubordination de Michaël Sik Yuen de renvoyer Robert Desvaux, qu’il a refusé de quitter son ministère comme le lui intimait le PMSD et, pire, que le ministre récalcitrant a bénéficié du soutien du Premier ministre.
Qui ne se souvient de cette déclaration lourde de sens prononcée lors d’un meeting en avril 2013 à Plaine Magnien durant laquelle le leader du PMSD avait dénoncé ceux, dans l’entourage du  PM qui « montré figir zis pou télévision après allé », alors que lui-même et Aurore Perraud avaient agi promptement pour soulager la douleur des sinistrés des inondations du 30 mars?
La petite guéguerre sournoise devait ainsi se prolonger, tantôt à fleuret moucheté, tantôt ouvertement, comme lorsque le PMSD a organisé seul une conférence de presse pour dénoncer l’injustice faite à Eddy Balancy avec la nomination « lor so la tête » de Paul Lam Shang Leen.
Le secrétaire général du PMSD, le Dr Mahmad Khodabaccus, qui avait participé à l’alliance MSM/MMM/PMSD de 2000 à 2005, avait lui pris complètement à contrepied ses collègues du PTr Rashid Beebeejaun, Shakeel Mohamed et Abdullah Hossen sur le dossier des marchands ambulants en disant – lui qui a été le dernier Lord-maire de l’alliance sociale en 2012 – qu’il fallait donner du temps à la municipalité de Port-Louis pour régler cet épineux problème qui a perduré.
La crispation est devenue plus évidente récemment avec les attaques frontales entre le protégé du PÓ, Manou Bheenick contre le ministre et vice versa par déclarations ou communiqués interposés. Le signe le plus évident de ce froid aura été l’absence du PM lors du résumé des débats sur le budget 2014 par le ministre des Finances.
Une première dans les annales parlementaires et qui s’expliquerait apparemment par les réponses trop directes et « damning » de Xavier Duval à une PNQ de Paul Bérenger sur la situation d’illégalité d’un conglomérat dont sont proches le PM, plusieurs ministres et le  gouverneur de la Banque de Maurice qui, après avoir été absent lors de la présentation du budget, a brillé par sa présence à une activité d’une des filiales de ce conglomérat.
Et le dernier jour de 2013 a été très éloquent quant à l’état des relations entre le PTr et le PMSD ou du moins entre Navin Ramgoolam et Xavier Duval. La prestation de serment du nouveau Chef Juge Keshoe Parsad Matadeen, organisée un peu à la va-vite un 31 décembre à 17h, a certes vu la participation de tous les ministres, Xavier Duval compris, mais ce dernier n’avait pas l’air d’être particulièrement enchanté de se retrouver seul avec les ministres travaillistes et le ministre expulsé Sik Yuen qui, en plus, semblait entretenir une grande familiarité avec le chef Juge sortant. Aussi, une fois le nouveau chef juge assermenté, le ministre des Finances a vite fait de quitter les lieux.
« Pa pu aksepté oken humiliation »
Les supputations vont bon train sur les prochains moves de XLD. On lui prête l’intention de mettre un autre point sur un « i » dès la semaine prochaine. Dans son entourage, on parle de point de saturation et que l’expulsion du « gro bonhomme malélevé » était devenue inévitable. Le mot d’ordre, en ce début d’année, est que le PMSD doit démontrer à ceux qui avancent que le parti ne vaut rien que tel n’est absolument pas la cas et que « pa pu aksepté oken humiliation. »
Certains dirigeants bleus interrogés sur les relations avec le Remake 2000 ont confirmé une ligne de communication avec des responsables du MSM et du MMM tout en précisant qu’il n’y a pas eu de discussions jusqu’ici. S’agissant des rumeurs entourant Aurore Perraud, ils parlent de « spéculations » et reconnaissent que la députée, qui avait fait une sortie en règle contre la transfuge Mireille Martin à l’Assemblée Nationale, subit des pressions mais qu’elle est sous contrôle et que le parti lui fait confiance.
Quant à la réclamation d’un ministère pour le PMSD maintenant que Michael Sik Yuen a été botté de la formation des bleus, ces mêmes dirigeants expliquent que ce n’est pas la priorité du moment « parski nou pa lé attache nou la main mais garde nou banne options ouvertes. »
Navin Ramgoolam, qui a fait deux apparitions depuis ses voeux de fin d’année au Parlement, le 18 décembre – la première lors de la prestation de serment de Keshoe Parsad Matadeen, le 31 décembre, et la seconde pour son allocution habituelle du 1er janvier –, ne reste pas les bras croisés et peaufine une stratégie devant se donner des moyens de se passer du soutien du PMSD.
Le soutien de Grégoire
Il compterait beaucoup, selon certains travaillistes, sur le soutien de Jocelyn Grégoire et les conseils que lui prodigue l’homme religieux qui, à chaque escale au pays, change de stratégie, s’affiche avec Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, joue les entremetteurs pour favoriser la réunification de la famille Bleue, invite les électeurs à voter avec « zot léker », va prendre le thé avec Sir Anerood Jugnauth à la State House, pour ensuite annoncer la création d’un parti politique et finir par se montrer avec Michaël Sik Yuen, le mal aimé du PMSD, à une distribution de jouets à Curepipe.
Navin Ramgoolam a, avec la nomination d’Eddy Balancy, enlevé une première épine dans ses relations au sujet de laquelle certains dirigeants Bleus n’avaient pas hésité à dire que le cas échéant, ils claqueraient carrément la porte du gouvernement. Il reste pour ainsi dire tout le reste. Comment construire une majorité numérique en cas de départ du PMSD et comment éventuellement le mettre à la porte, une fois celle-ci acquise?
Si le soutien d’Éric Guimbeau – dont les vibrations à Curepipe avec le conglomérat dans l’illégalité, dont on parle plus haut – est acquis et que les compagnies du député du MMSD ont pu retrouver un peu de couleurs, avec l’apport de certaines banques qu’on pourrait qualifier de para-étatiques, et que Cehl Meeah n’a pas fait mystère de son désir d’entrer au gouvernement, ce qu’il annonce d’ailleurs avec une récurrence déconcertante même lorsqu’il lui arrive d’accuser Hervé Aimée dans l’affaire Gro Derek ou les Mohamed dans l’affaire du trafic présumé d’armes, le compte n’y est pas pour autant.
Il lui manquera toujours une voix pour suppléer au départ éventuel de Xavier Duval, de Thierry Henry et d’Aurore Perraud. C’est donc sur cette dernière que les attentions se portent depuis quelque temps, des pressions en tous genres étant exercées sur la jeune femme pour qu’elle rallie le gouvernement. On voit, toutefois, mal cette femme de caractère prendre un maroquin à côté de Mireille Martin.
Quoi qu’il en soit, la situation devrait se décanter avec les prochaines déclarations de Xavier Duval qui sont attendues avec impatience par ses partisans et la population dans la mesure où il a lui même fait monter les enchères lors de la fête de fin d’année du PMSD en annonçant qu’il allait mettre les points sur les « i ». L’année 2014 qui est en principe une année pré-électorae risque fort de faire précipiter les échéances.

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